Dans l’univers des placements financiers possibles, les produits structurés occupent une place distincte. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un placement financier conçu (ou “structuré”) par une banque, qui combine plusieurs instruments financiers, comme les actions, les obligations, les devises, les indices, et les dérivés sur ces classes d’actifs.
Nous reviendrons plus longuement et en détail sur chaque composante d'un produit structuré, mais il est pertinent d'en donner une définition simple tout suite. Il s'agit d'une alternative de placement qui, juridiquement, est une obligation (c'est-à-dire une sorte de reconnaissance de dette), émise par une banque mais dont la rémunération dépend d'une formule plus ou moins complexe. Cela permet de construire (ou de structurer !) un titre financier qui délivre aux investisseurs un rendement cible, sous certaines conditions, tout en offrant une protection partielle ou totale contre les pertes.
Ainsi, les produits structurés peuvent venir compléter efficacement des portefeuilles de placement diversifiés. Mais il s'agit de bien en comprendre les différentes composantes, car l'univers des produits structurés est vaste, allant de produits structurés à capital garanti, plutôt destinés aux investisseurs prudents, à des produits très complexes et pouvant viser des rendements élevés ... mais qui exposent l'investisseur à des risques en capital.
Les éléments clés qu'il s'agit d'analyser avant tout placement en produit structuré sont, a minima :
Les produits structurés peuvent prendre de nombreuses formes, car la combinaison de plusieurs instruments financiers que les banquiers peuvent imaginer est quasiment infinie. Mais dans l’ensemble, l’objectif d’un produit structuré est de délivrer un rendement cible connu d’avance, sous certaines conditions spécifiques.
Les produits structurés sont ainsi censés limiter les risques de perte et servir une rémunération prédéfinie, malgré les soubresauts et la volatilité possibles des marchés financiers. Ils peuvent, mais ne sont pas toujours, être assortis d’une garantie (partielle ou totale) du capital initial investi.
Par ailleurs, nous soulignons que si l’objectif de nombreux produits structurés est bien de délivrer une performance positive même si les marchés financiers baissent, ce rendement (et souvent le capital) ne sont protégés que dans une certaine limite, connue à l’avance.
Par exemple, un produit structuré peut promettre un rendement de 7% par an, tant que l’indice Eurostoxx 50 ne baisse pas de plus que 40% par rapport à son niveau initial. En revanche, en cas de correction plus marquée, l’investisseur ne perçoit plus la rémunération et peut même subir une perte en capital, typiquement égale à la baisse du marché.
Précision importante, certains produits structurés sont assortis d'une garantie en capital. Ces produits sont spécifiquement conçus pour des investisseurs ne souhaitant pas prendre trop de risques et protéger leur mise de départ. Car dans le pire des scénarios (où les conditions nécessaires pour déclencher la rémunération de l'investisseur ne sont jamais remplies durant la vie du produit structuré), l'investisseur est intégralement remboursé et récupère le capital initial qu'il a investi au départ, évitant ainsi toute perte, mais sans réaliser de gains.
Du point de vue juridique, ces solutions d’investissement prennent généralement la forme d’un Fonds commun de placement (FCP) ou d’une obligation, émise par une banque. Ces obligations sont ensuite découpées en parts, ce qui permet aux investisseurs d’investir dans des produits structurés pour des sommes relativement modestes (à partir de 1000 euros chez Cashbee par exemple).
Ces parts d’un produit structuré peuvent alors être détenues au sein de supports d'investissement différents, comme un compte-titres, un PEA, un contrat assurance-vie ou encore un Plan d'épargne retraite (PER).
Autrement dit, un placement dans un produit structuré correspond juridiquement à l’investissement dans une obligation, qu’il s’agit de loger dans une enveloppe fiscale, comme par exemple un contrat assurance vie en unités de compte.
Comme évoqué ci-dessus, un produit structuré prend typiquement la forme d’une obligation émise par une banque. Comme toute obligation, il s’agit donc d’un titre représentant une dette de la banque émettrice. Cette obligation est émise avec une certaine échéance prédéfinie (la maturité), typiquement exprimée en nombre d’années. À l’échéance, l’émetteur de l’obligation doit rembourser sa dette. Entre la date d’émission et la maturité, la banque s’engage à rémunérer sa dette, en versant des intérêts.
Jusque là, rien de bien excitant. Nous n’avons fait que résumer les caractéristiques d’une obligation traditionnelle.
Là ou un produit structuré se distingue des obligations classiques est dans la détermination de la rémunération que l’émetteur (la banque) doit verser à l’investisseur.
Car contrairement à une obligation traditionnelle qui verse un taux d’intérêt fixé au départ, et donc connu d’avance, pour un produit structuré celui-ci est déterminé selon une formule mathématique, plus ou moins complexe. La performance d'un produit structuré n'est donc pas connue d'avance. Autrement dit, les gains potentiels que peut réaliser l’investisseur qui achète le produit structuré sont fonction de la formule spécifique qui en définit les conditions.
Même si on voit bien qu’il peut y avoir une infinité de variantes de produits structurés, les formules de calcul de la rémunération sont typiquement basées sur un ou plusieurs indices boursiers, ou encore sur les cours d’actions spécifiquement identifiés. On parle du “sous-jacent” du produit structuré.
De nombreux produits structurés reposent sur un sous-jacent indiciel, comme par exemple un indice boursier tels que le S&P500, le NASDAQ, l’Euro Stoxx ou encore le MSCI World. D’autres se réfèrent à des sous-jacents plus complexes, qui combinent plusieurs indices, ou qui font référence à des indices ad-hoc, qui ciblent un ou plusieurs secteurs, comme par exemple l’industrie du luxe, le secteur bancaire ou encore les valeurs de la grande consommation. Enfin, le sous-jacent peut-être un panier de valeurs boursières spécifiquement identifiées, ou même une action spécifique.
Donnons quelques exemples, à titre illustratif. Il existe des produits structurés qui :
Typiquement, l’investisseur va réaliser un gain si la valeur du sous-jacent augmente dans le temps (ou, alternativement, si celui-ci ne baisse pas trop). Autrement dit, son rendement va dépendre de la performance du sous-jacent, par rapport à son niveau initialement constaté.
Inversement, lorsque la performance du sous-jacent est insuffisante ou négative, l’investisseur ne touche rien. Pire, pour les produits structurés sans protection de capital ou à protection de capital partielle, si à l’échéance le sous-jacent référencé est en dessous du niveau plancher observé initialement, l’investisseur ne se fait rembourser que partiellement et ne récupère que la performance du sous-jacent.
Par exemple, si le cours du sous-jacent a baissé de 70% par rapport à son niveau initial à la date de constatation finale, alors l’investisseur ne sera remboursé qu'à hauteur de 30% de sa mise initiale (et subit donc une perte).
Revenons à nouveau sur le segment spécifique des produits structurés à capital garanti. Pour ce type de produits structurés, la rémunération des investisseurs dépend également d'une certaine formule, donnée au départ, typiquement fonction de la performance d’un sous-jacent. Mais à la différence des autres produits structurés, l'investisseur sait que quelque soit l'évolution des marchés, et quelque soit la performance du sous-jacent, son investissement initial est protégé et il récupère toujours sa mise initiale. Le pire qu'il puisse lui arriver est de ne recevoir que son investissement à la fin, sans aucune rémunération. Son gain sera nul, mais il récupère sa mise.
En contrepartie de cette protection de son capital, le rendement visé pour les produits structurés à capital garantie est logiquement inférieur que celui d’un produit structuré qui n’inclut pas cette protection et où l'investisseur met son capital (partiellement ou totalement) à risque.
Comme évoqué précédemment, le produit structuré est une obligation qui possède une date d’échéance finale. Celle-ci est typiquement de 2 à 10 ans.
Par ailleurs, il est fréquent que les termes et conditions du produit structuré incluent une clause de remboursement par anticipation automatique. Le format le plus commun est que si le cours du “sous-jacent” est en hausse à la date de constatation par rapport à son niveau initial, alors l’émetteur verse bien la rémunération, calculée selon la formule, mais rembourse aussi les investisseurs.
Ce remboursement automatique par anticipation met fin à l’obligation, avant son échéance finale, puisque la dette à été remboursée à cette occasion.
Donc l’investisseur s’engage à placer son épargne sur une durée maximale connue d’avance, mais peut se faire rembourser à des échéances intermédiaires (typiquement tous les ans ou tous les semestres), elles aussi connues d’avance. Le tout étant contractuellement défini au départ.
Comme pour tout investissement, il est important de bien comprendre les risques associés aux produits structurés. Il est vivement conseillé d’éplucher le Document d’Information Clé pour les Investisseurs (DICI) produit pour chaque produit structuré et qui résume les informations essentielles sur le placement proposé, son rendement cible et ses caractéristiques.
Premièrement, l’investisseur en produits structurés achète une obligation d’un émetteur. Une sorte de reconnaissance de dette, typiquement émise par une banque. Par construction, l’investisseur assume donc le risque de crédit de la banque. Autrement dit, l’investisseur prend le risque que la banque émettrice du produit structuré fasse défaut avant l’échéance, et qu’elle ne puisse rembourser (tout ou une partie de) l’argent prêté par l’investisseur à maturité.
Dans la pratique, nous considérons que ce risque est faible, car les émetteurs des produits structurés sont typiquement des grandes enseignes bancaires nationales ou internationales, comme la Société Générale ou encore Morgan Stanley, très solides et bien capitalisées.
Néanmoins, une partie de la rémunération proposée sur les produits structurés reflète ce risque de défaut de la banque. Et si les défauts bancaires sont rares, ils peuvent exister, comme nous avons pu le constater lors de la crise financière de 2008.
En investissant dans un produit structuré, vous placez votre argent à une certaine échéance, connue d’avance, typiquement de plusieurs années. Comme nous l’avons vu précédemment, il est possible que le placement soit remboursé par anticipation, mais vous n’avez pas la main sur cette accélération possible du remboursement.
Si vous souhaitez récupérer votre argent et vendre votre produit structuré avant sa maturité légale (soit l’échéance finale, soit par remboursement anticipé), vous vous exposez donc au risque de liquidité.
Théoriquement, vous pouvez bien vendre votre investissement à n’importe quel moment. Vos fonds ne sont pas bloqués et sa valeur fait l’objet d’une valorisation quotidienne, calculée par le structureur. Donc la liquidité existe.
En revanche, en cas de vente du produit structuré avant son échéance, vous ne bénéficiez d’aucun garanti sur le prix auquel vous vendrez vos parts. Leur valeur de marché peut fluctuer à la hausse comme à la baisse, en fonction des conditions de marché, et elle est notamment influencée par le niveau des taux d’intérêt et l’évolution du sous-jacent. Donc vous risquez de subir une décote par rapport à votre investissement initial, et donc de réaliser une perte en capital.
Le risque de perte en capital est sans doute le plus important à bien évaluer, et donc un risque sur lequel il faut attirer l’attention de l’investisseur.
Les produits structurés sont généralement classés selon deux profils de risque :
On voit bien pourquoi les produits structurés indexés sur un sous-jacent très concentré (par exemple la valeur d’une seule action d’une société spécifique) offrent un rendement cible généralement plus élevé que celui ciblé sur un produit structuré dont la rémunération dépend de la performance d’un panier d’actions ou d’un indice boursier (regroupant des dizaines, voir des centaines d’actions).
Car le risque que le cours de bourse d’une seule action donnée s’effondre est bien plus grand que le risque qu’un très large ensemble d’actions diversifiées s’effondre au même moment.
Notons que l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) impose aux promoteurs de produits structurés que les souscripteurs maîtrisent les risques auxquels ils s'exposent, notamment lorsque la garantie du capital est inférieure à 90%.
À noter que le risque de marché peut être subi dès la souscription. En effet, l’achat d’un produit structuré est typiquement possible pendant une période donnée. L’intermédiaire financier qui propose le produit indique la période calendaire pendant laquelle il sera possible de souscrire au produit structuré. Cette durée est généralement de plusieurs semaines.
Durant cette période, les conditions de marché fluctuent. Or, les termes et conditions spécifiques d’un produit structuré sont fixés à la fin de la période de souscription. En souscrivant au produit durant la période de souscription, un investisseur s’expose donc au risque de marché.
Illustrons ce risque par un exemple simple. Imaginons que le produit structuré proposé soit indexé sur l’indice Euro Stoxx 50, et qu’il verse un coupon attractif à condition que l’indice de référence ne baisse pas de plus de 40%.
Un investisseur souscrit deux semaines avant la fin de la période de souscription. Au moment de sa souscription, l’Euro Stoxx s’échange à 3700 points. À ce niveau, l’investisseur serait à risque si l’indice tombe en dessous de 2220 (60% de 3700). Dans les semaines suivantes l’Euro Stoxx 50 monte fortement pour atteindre, disons, 4300. Les termes et conditions définitives du produit structuré sont alors déterminés. Et le niveau de la barrière plancher en dessous duquel l’investisseur est à risque n’est plus de 2220, mais de 2580 (60% de 4300).
Les fonds à formule détenus sur un contrat assurance vie, un PEA, ou un compte titres suivent la fiscalité spécifique de leur support. La fiscalité dépend de leur nature : revenus mobiliers (coupons d’actions ou d’obligations,) ou plus-values mobilières lors des cessions (fiscalité des plus-values mobilières).