Rappelons la définition de ce qu’est un rentier. Il s’agit d’une personne qui peut vivre de ce qui lui rapporte son épargne. Donc il faut commencer par bien comprendre combien une somme mise de côté peut rapporter, afin de pouvoir déterminer si cela vous suffit pour en vivre. Partons du principe que vous obteniez d’un seul coup une certaine somme à placer. Quelle rente mensuelle nette vous rapporterait cette somme ?
Pour les besoins de notre démonstration, imaginons que vous placiez l’entièreté de la somme en SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier). Ce sont des sociétés qui achètent et gèrent de l’immobilier, et dans lesquelles vous pouvez acheter des parts. Dans la pratique, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier, mais cela rend le calcul plus simple pour notre simulation.
Vous récoltez alors des loyers (en général trimestriels) à hauteur du montant que vous avez investi. Comme si vous aviez acheté un petit bout du parc que gère la SCPI, sauf que dans ce cas précis, vous n’avez rien à gérer, car se sont les experts de la SCPI qui s’en occupent. De plus, les risques (impayés, vacances locatives, dégradations) sont lissés sur tout le parc immobilier.
Les SCPI ne sont toutefois pas exemptes de risques. Beaucoup ont perdu en valeur en 2024, notamment à cause de la crise que connaît l’immobilier de bureau.
Avec un rendement moyen de 4,53% en 2024, 500 000 € placés en parts de SCPI vous donneront 1 887 € de revenus mensuels bruts, avant impôts. En tenant compte de l’impact de l’impôt pour une personne seule, on tombe à 1 809 € nets par mois, soit peu ou prou le salaire médian français. De quoi vivre sans travailler, pour une personne peu dépensière.
Notre simulation permet évidemment de faire le même calcul pour des montants investis plus ou moins importants. Ainsi, avec 1 million d’euros placés en parts de SCPI, vous obtenez 3 593 € par mois (nets d’impôts), soit de quoi vivre confortablement.
Enfin, avec 400 000 euros, vous gagnerez “seulement” 1 510 € nets par mois. En-dessous de ce seuil, vous êtes toujours rentier mais pas sûr que cela suffise pour couvrir toutes vos dépenses. Tout dépend de votre style de vie.
Le tout est d’identifier le montant qui vous génère des revenus nets suffisants pour vous permettre de subvenir à vos besoins au quotidien. Attention, il s’agit de bien prendre toutes vos dépenses en compte, y compris celles qui ne surviennent qu’une fois tous les 7 ou 8 ans, comme le renouvellement de votre voiture ou l’acquisition d’un nouveau lave-linge.
Maintenant que l’on a calculé la somme qu’on estime nécessaire pour devenir rentier, se pose la question : comment y parvenir ? Est-ce vraiment réalisable ? En combien de temps ?
Nous allons explorer les 5 pistes pour devenir rentier. Spoiler : les trois premières sont les plus sérieuses, et aucune voie n’est facile ou sans risques.
L’entrepreneuriat constitue une voie traditionnelle pour s’enrichir à partir de rien. Vous pouvez créer une entreprise avec relativement peu de moyens au départ. En outre, la France propose plusieurs mécanismes qui permettent aux entrepreneurs de bénéficier de subventions ou encore de prêts à taux d’intérêts attractifs, notamment à travers des programmes d’accompagnement de la BPI.
En revanche, devenir entrepreneur exige une certaine créativité (pour trouver le produit ou le service distinctif que vous souhaitez proposer au marché), une bonne résistance au stress, beaucoup de travail ainsi que des compétences en management. Rien d’insurmontable si vous avez une bonne idée de business et de l’énergie à revendre !
Attention, la résistance au stress, le goût du travail et la persévérance sont nécessaires mais ne suffisent pas. De nombreuses entreprises ne survivent pas, face à la concurrence. Nous ne connaissons pas d’entrepreneurs qui ont réussi qui estiment que leurs parcours ont été faciles. Et même parmi les entreprises qui se développent et qui atteignent la rentabilité, la proportion de celles qui rendront leurs fondateurs ultra-riches est très faible.
Mais cette voie vers l’indépendance financière est possible et attire de nombreuses personnes motivées et ambitieuses.
L’immobilier est une autre voie traditionnelle pour s’enrichir à partir de rien. “A partir de rien”, car vous pouvez tout à fait emprunter de l’argent à la banque pour faire un investissement locatif. Il vous suffit d’avoir mis un peu de côté (disons 5 000 € minimum, afin de prendre à votre charge au moins les frais de notaire) et pour peu que vous soyez en CDI et que vous ne soyez pas déjà endetté, vous pouvez emprunter le reste.
Par exemple, 30 000 € pour acheter un studio dans une ville de taille moyenne. Si vous rafraîchissez le bien vous-même et que vous le louez en meublé ou en Airbnb, alors il est possible de faire en sorte que les loyers dépassent les mensualités du crédit.
C’est ce qu’on appelle le levier du crédit immobilier : vous utilisez les loyers versés par le locataire pour rembourser l’argent à la banque. Au passage, vous vous enrichissez un peu chaque mois sans avoir déployé votre capital, ou très peu.
Si votre premier investissement s'avère rentable, il vous procurera des revenus qui peuvent servir à refaire l'opération une seconde, puis une troisième fois ... etc.
Cela demande pas mal de préparation, de lecture (de nombreux livres expliquent l’investissement immobilier), de recherches de biens immobiliers, et de sélection de locataires de qualité (afin d’éviter les défauts de paiements de loyers). Mais avec beaucoup de détermination, cela peut valoir le coup. Tout le monde peut - en théorie - devenir rentier avec l’immobilier. Il suffit d’agir et d'y consacrer le temps nécessaire !
En France, nous avons beaucoup de chance de pouvoir investir dans l’immobilier à crédit avec des taux fixes. Car en effet, dans beaucoup de pays, les taux varient au fil des remboursements et les mensualités peuvent vite gonfler, rendant l’opération plus instable.
Comme tout investissement, l’immobilier comporte bien sûr son lot de risques : appartements vides (qui ne génèrent donc pas de loyers, alors que la banque continue de vous facturer des intérêts sur votre emprunt), squattés, dégradés, loyers impayés, taxes qui augmentent, coût des rénovations… D’où l’importance de bien vous renseigner avant de passer devant le notaire et signer votre premier achat de bien locatif (par exemple, en lisant des livres sur le sujet et en échangeant avec des personnes expérimentées dans le domaine).
En outre, la gestion d’un ou plusieurs biens immobiliers locatifs demande du temps. Que ce soit les échanges avec les locataires, le règlement des frais et dépenses courantes (impôts, assurances, …) ou les rapports avec les copropriétaires des immeubles où vous possédez un appartement, les tâches dont doit se charger un propriétaire immobilier sont nombreuses.
La gestion d'un ou plusieurs biens immobiliers locatifs est chronophage !
La bourse (ou de façon plus générale, l’investissement en actions) est un type de placement réputé hasardeux mais qui peut pourtant s’avérer à la fois rentable et modérément risqué. Tout dépend de la manière d’investir : si vous placez la majorité de votre argent sur 3 actions, vous pariez gros sur la réussite de ces trois entreprises. Vous vous exposez mécaniquement à un risque élevé de pertes en capital, si l’une ou plusieurs de ces entreprises rencontre des difficultés..
Mais il est possible d’investir en actions, même avec des sommes relativement modestes, en diversifiant très largement votre placement sur un grand nombre de valeurs boursières. Depuis quelques années, les ETF (pour Exchange Traded Funds) gagnent en popularité. Il s’agit de fonds qui répliquent des indices boursiers, comme par le S&P 500 ou le CAC 40. Ce qui expose l’investisseur à respectivement 500 entreprises américaines ou 40 entreprises françaises d’un seul coup. Il existe par ailleurs de très nombreux fonds (OPCVM) gérés par des spécialistes, qui placent l'argent qui leur est confié dans de larges portefeuilles d'actions, vous procurant une grande diversité, même si vous investissez une somme relativement modeste dans ces fonds.
De cette façon, votre risque sera grandement lissé car vous vous exposez à une grande diversité d’entreprises et de secteurs.
La rentabilité du CAC 40 avec dividendes réinvestis entre 1988 et fin 2023 s’élève à 7,4% en moyenne selon l’AMF (ce qui ne présage pas de performances futures, rappelons-le). Donc malgré des performances à la hausse comme à la baisse parfois significatives, sur les durées très longues, l’investissement en actions génère (historiquement) des rendements attractifs.
Mais pourquoi se limiter à la France ? Comme évoqué précédemment, il existe aussi des indices qui reflètent le marché américain, comme le SP 500 (500 plus grandes entreprises américaines) et même des indices monde. Le plus connu, le MSCI World, a progressé en moyenne de 9,1% par an sur les 20 dernières années.
Bien sûr, il y a des années perdantes (-10%, -15% voire plus) et des années gagnantes, et les performances passées ne garantissent en aucun cas des performances futures. Mais le même principe s’applique : sur des durées longues, les rendements sur les portefeuilles d’actions ont été très appréciables.
Donc en plaçant au moins une partie de vos revenus tous les mois sur des fonds actions ou des ETF qui répliquent des indices boursiers , il est fort à parier que votre épargne génère des petits et fasse boule de neige sur la durée. Et que ces investissements en bourse puissent contribuer à votre objectif de devenir rentier avant d’arriver à la retraite.
Voici une simulation en mettant 200 euros de côté par mois pendant 35 ans à 9,1% (donc sur un fonds répliquant le MSCI World) :
Cette analyse souligne la puissance des intérêts composés : les intérêts produisent à leur tour des intérêts. Ainsi, au bout de 35 ans, vous vous retrouvez avec un capital de 577 768 €, soit de quoi être rentier.
On entend souvent parler de personnes devenues millionnaires grâce à un “gros coup” en bourse ou avec les cryptomonnaies. C’est effectivement théoriquement possible, mais cela demande le plus souvent d’avoir investi beaucoup d’argent au départ. Mais surtout, cela demande d’avoir pris énormément de risques.
Prenons l’exemple des crypto-devises. Vous pensez pouvoir trouver la prochaine petite crypto qui va exploser ? Celle qui va transformer vos 1000 euros en 1 million d’euros ? C’est malheureusement loin d’être aussi facile …
En 2023, l’une des cryptos qui a le mieux performé était le CorgiAI (sur le thème des chiens et de l’IA, donc). Si vous l’aviez achetée au plus bas et revendue au plus haut, vous auriez fait + 5 000 %. Une sacrée performance !
Oui mais voilà :
Même si vous aviez eu toute cette chance, donc, vous n’auriez gagné “que” 50 000 euros. Pas de quoi changer votre vie, et certainement pas de quoi devenir rentier.
Alors oui, on a le droit de rêver, mais sachez simplement qu’à moins d’un immense coup de chance, il est illusoire de ne compter que sur les cryptos pour devenir riche. Mieux vaut adopter une approche rationnelle, faire un effort d’épargne régulier, et investir sur des actifs diversifiés. D’ailleurs il est tout à fait possible d’investir sur des actions et aussi en biens immobiliers (toujours dans un souci de diversification)..
Soyons réalistes : devenir riche rapidement grâce à un coup de chance en bourse ou en cryptos, sauf cas exceptionnels, c’est un fantasme. Un fantasme qui se nourrit des rêves de richesse facile de nombreux internautes, mais qui ne tient pas compte des risques très élevés associés à ce type de stratégie. Qui ressemble fort à jouer au loto !
Justement, le loto, parlons-en : est-il sérieusement possible et envisageable de devenir rentier en gagnant au loto ? Vous connaissez déjà la réponse.
Les chances de gagner au loto sont tout simplement in-fi-ni-té-si-males.
Bon à savoir : le loto a un TRJ (Taux de Retour au Joueur) de seulement 53%, c’est-à-dire que 53% des mises sont reversées aux joueurs (contre 65 à 75% pour les tickets à gratter et 75 à 90% pour le casino).
Jouer au loto, c’est la quasi-garantie de perdre de l’argent. Espérer devenir riche grâce au loto, c’est une chimère totale.
Une petite simulation suffit à constater à quel point le loto n’est pas rentable :
Il est tout à fait possible de devenir rentier, mais cela demande une certaine éducation financière fondamentale (donc de lire des livres comme par exemple Père Riche, Père Pauvre de Robert Kiyosaki), du travail, et beaucoup de patience et de persévérance.
La première étape consiste à faire vos calculs, sur la somme d’argent dont vous aimeriez disposer tous les mois, afin de calculer au capital dont vous devez disposer pour générer ce revenu mensuel net.
L’entreprenariat, et l’investissement à long terme en actifs risqués, comme les actions ou encore les biens immobiliers, constituent deux voies efficaces qui - potentiellement - peuvent vous permettre de devenir rentier.
Maintenant, nous le rappelons, il nous semble que de gagner beaucoup d’argent exige pas mal d’efforts. Le penseur chinois Confucius le dit mieux que nous : « Ne souhaitez pas de résultats rapides et ne recherchez pas de petits avantages. Si vous cherchez des résultats rapides, vous n’atteindrez pas l’objectif ultime. Si vous êtes induit en erreur par de petits avantages, vous n’accomplirez jamais de grandes choses.
La clé n’est pas de compter sur la chance, mais d’être régulier dans votre effort d’épargne et de laisser le temps au temps. Car comme le dit un proverbe chinois, « La constance vers le but permet de réaliser l’impossible ».