Lors qu’on fait partie des seniors (un mot qui sert à désigner les gens d’un certain âge, et que nous utilisons dans cet article pour indiquer des personnes âgées de plus de 55 ans), le sujet des investissements financiers doit être traité de telle façon à tenir compte des spécificités de celui ou celle qui investit.
Au-delà des critères usuels, qui continuent naturellement de s’appliquer - objectif visé, durée du placement, appétence au risque et compréhension de la finance - il s’agit de tenir compte de l’âge de l’épargnant senior (qui impacte forcément son horizon de placement) et de la somme d’argent à faire fructifier, qui, en règle générale, est plus significative en fin de carrière.
Pour le senior, le choix d'un ou plusieurs investissements financiers est donc une décision cruciale, qui nécessite une analyse approfondie et une compréhension des différentes alternatives disponibles. Dans cet article, nous allons explorer ces différentes options pour vous aider à faire un choix judicieux et réfléchi.
Avant de parler d’investissements spécifiques, dans telle ou telle classe d’actifs, penchons nous sur les différentes enveloppes fiscales qui s’offrent au senior, et dans lesquelles il ou elle peut mettre ses placements.
Commençons par le Plan d'Épargne en Actions (PEA), une enveloppe fiscale qui a pour objectif d’encourager l'investissement en actions européennes. Pour les seniors (comme pour les autres investisseurs d’ailleurs), le PEA présente l'avantage d'une fiscalité allégée après cinq ans de détention, exemptant les plus-values éventuelles de l'impôt sur le revenu.
Cependant, il est important de bien comprendre que le PEA implique nécessairement une prise de risque de la part de l’investisseur, puisqu’il n’est pertinent que pour des placements en actions. Or cette classe d’actifs est statistiquement volatile, ce qui veut dire que le cours des actions peut évoluer rapidement, à la hausse, comme à la baisse, dans des proportions parfois importantes.
Le PEA est donc un support d’investissement fiscalement attractif, mais qui n’est approprié que pour les seniors dont la tolérance au risque est relativement élevée. Autrement dit, le PEA est idéal pour ceux qui ont une bonne connaissance des marchés boursiers et souhaitent avoir une certaine autonomie dans la gestion de leurs placements.
Le contrat assurance-vie nous semble plutôt pertinent pour l’investisseur senior. Car cette enveloppe fiscale offre une grande flexibilité à son souscripteur, ainsi que de nombreux avantages en termes de transmission de patrimoine et de succession. Ce sujet est naturellement de plus en plus pertinent avec l’âge.
L’assurance-vie se décompose en plusieurs types de supports, comme le fonds en euros, qui est à capital garanti, et les fonds en unités de compte, permettant de diversifier ses placements et de viser des rendements plus élevés. Les seniors peuvent ainsi adapter leur contrat assurance-vie en fonction de leur goût pour le risque, de leur maîtrise des finances personnelles et de leurs objectifs financiers à long terme.
En outre, au décès du souscripteur, l'assurance-vie offre des avantages fiscaux aux héritiers, dont notamment des abattements conséquents. L’assurance-vie permet aussi au senior qui y a souscrit de désigner un ou plusieurs bénéficiaires. Cette enveloppe fiscale est donc un outil efficace dans la transmission du patrimoine, offrant une grande flexibilité à son propriétaire pour l’allocation future de son héritage, et un traitement fiscal favorable aux héritiers désignés.
Pour ceux qui détiennent déjà un ou plusieurs contrats d'assurance-vie, les alimenter avec régularité peut être une stratégie efficace. Cet effort d’épargne régulier peut d’ailleurs s’automatiser par le biais des versements libres programmés. De cette façon, vous moyennez vous achats dans le temps, et vous évitez toute tentation de “timer” le marché. Vos points d’entrée seront forcément parfois à des moments où les cours de bourse seront élevés. Mais ces achats seront compensés par des points d’entrée plus favorables.
L'investissement immobilier peut se faire de plusieurs façons. Un investisseur peut acquérir des biens immobiliers en direct, ce qui nécessite beaucoup de moyens financiers et beaucoup de temps pour trouver, puis gérer les biens immobiliers acquis.
Mais il est également possible d’investir dans de la pierre papier, c’est-à-dire d’acheter des parts dans des SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier), des SCI (Sociétés Civiles Immobilières) ou encore des OPCI (Organismes de Placement Collectif en Immobilier). Cette alternative présente l’avantage d’être possible pour des montants relativement modestes, qui donnent une exposition à un portefeuille diversifié de biens immobiliers, géré par des experts. En revanche, cette diversification et cette gestion viennent avec un coût : les frais de gestion qui rémunèrent les gestionnaires ponctionnent d’autant le rendement net des investissements en pierre papier.
Pour les seniors, l’investissement immobilier peut s’avérer intéressant car il génère typiquement des revenus locatifs réguliers et constitue un patrimoine à transmettre qui - sur des durées longues - a statistiquement tendance à s’apprécier.
Cependant, il ne possède pas que des avantages. En effet, pour le senior qui investit en direct, il requiert une gestion active (et donc chronophage) et une bonne connaissance du marché immobilier. Par ailleurs, à moins de disposer de moyens financiers très conséquents, l’achat d’un ou deux biens immobiliers vous expose à un risque de concentration. Une inondation ou des travaux importants comme un ravalement par exemple, peuvent significativement impacter votre rendement net.
L’achat de parts de SCPI offre une alternative plus passive, permettant d'investir dans l'immobilier sans s'occuper de la gestion quotidienne des biens eux-mêmes. Mais cette méthode n’est pas sans inconvénients non plus. En effet, les frais d’entrée se comptent souvent en plusieurs pourcents, ce qui veut dire qu’il faut un certain temps ne serait-ce que pour retrouver votre capital initial, avant de commencer à générer un rendement positif. Par ailleurs, les valeurs des parts de SCPI et d’OPCI fluctuent, notamment en fonction des niveaux de taux d’intérêt. Ces fluctuations peuvent conduire à des pertes en capital.
Le viager représente une solution originale pour les seniors propriétaires d’un bien immobilier. En vendant leur résidence en viager, ces propriétaires seniors reçoivent une rente viagère de l’acquéreur, tout en conservant le droit d'usage et d'habitation du bien jusqu'à leur décès. Le viager fournit ainsi une source de revenus supplémentaires, tout en allégeant les responsabilités de propriétaire.
Néanmoins, le viager est un marché particulier avec ses propres règles et risques. Il faut bien comprendre que le senior qui vend son bien immobilier en viager perd la propriété de sa résidence, qu’il ou elle ne pourra donc plus transmettre à ses enfants.
Un bref mot sur l'investissement forestier. L’achat de parcelles de forêts peut être une option fiscalement attractive pour les seniors, tout en leur permettant de diversifier leur portefeuille. En effet, la transmission d’investissements forestiers jouit d’un traitement fiscal favorable en France, en termes de droits de succession.
Ce placement peut également s'aligner avec les valeurs environnementales de l’investisseur, en contribuant à la gestion durable de la nature. Cependant, il s’agit d’un marché de niche qui requiert une bonne connaissance de cette classe d’actifs particulière.
Bien que les placements défiscalisés puissent paraître attractifs de prime abord, ils ne sont pas toujours adaptés aux seniors. Ces produits financiers, souvent complexes, promettent des réductions d'impôt mais il faut savoir que les gains financiers résultant de l’exploitation d’un avantage fiscal sont, pour partie, récupérés par l’intermédiaire en charge du montage et de la commercialisation du placement. Par ailleurs, ces placements défiscalisés sont souvent plutôt risqués, peu liquides (c’est-à-dire qu’il est difficile voire impossible de les vendre en cours de vie) et proposent des rendements cibles élevés mais incertains.
Les seniors (comme tout autre type d’investisseur d’ailleurs) doivent évaluer attentivement ces offres, notamment quand elles paraissent trop attractives pour être vraies.
De façon générale, les investissements en actions sont considérés comme étant risqués. Car, comme nous l’avons évoqué plus haut, les cours de bourse peuvent fluctuer, parfois brutalement, à la hausse comme à la baisse. En fonction de nouvelles qui affectent spécifiquement la santé financière de l’entreprise cotée en bourse, ou encore en fonction des variations du sentiment de marché. Historiquement, les marchés actions ont eu tendance à corriger (c’est-à-dire de baisser de 10%) ou même d’être baissier (correspondant à une chute de plus de 20%) avec une certaine régularité. Mais sur des périodes très longues, typiquement de plusieurs décennies, les marchés actions sont haussiers. Ainsi, aux US, l’indice action de référence, le S&P 500 a délivré un rendement positif de 8% par an en moyenne par exemple, lorsqu’on mesure cette performance sur 30 ans ou plus.
Ce qui fait de l’investissement en actions un outil très puissant pour celui ou celle qui a le goût du risque, et surtout, qui a le temps de laisser passer les tempêtes passagères, pour viser un retour sur investissement important sur des durées très longues.
Pour le senior, l’horizon de placement diminue naturellement avec son âge. Cela ne veut pas dire qu’il doit complètement se détourner des actions, mais cela signifie qu’il est pertinent de considérer la proportion de son portefeuille actuellement investi en actions. Pour, potentiellement, la réduire, si celle-ci est majoritaire par exemple. Car la volatilité des marchés et la nécessité d'une surveillance constante des placements en actions ne sont pas idéales pour ceux qui recherchent une stabilité des revenus financiers et la protection du capital investi. Dans cette situation, il est préférable de s'orienter vers des alternatives d'investissement moins volatils et qui génèrent des revenus stables et connues d’avance, comme les obligations par exemple.
Le Plan Épargne Logement (PEL) a longtemps été un produit d'épargne populaire, mais ses conditions ont évolué, rendant moins attractifs l’ouverture de nouveaux PEL. Par ailleurs, l'argent déposé sur un PEL y est bloqué pour une durée minimale. Cette restriction de la liquidité peut être un inconvénient majeur pour un épargnant senior. Cela ne fait pas du PEL un investissement à éviter absolument, mais il nous paraît beaucoup moins attractif que d’autres options de placement.
Bon à Savoir:
Flexibilité et Liquidité : Il nous semble que les épargnants seniors doivent privilégier les investissements qui offrent une certaine flexibilité et une bonne liquidité, afin de pouvoir disposer d’une partie de leur capital quand ils le souhaitent. À partir d’un certain âge, il est bon de pouvoir accéder à l’argent mis de côté en cas de dépenses imprévues.
Diversification : Une diversification réfléchie des placements est importante pour minimiser les risques en perte de capital. Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier. Considérez une répartition équilibrée entre différentes classes d'actifs, en réduisant progressivement l’allocation envers les classes d’actifs les plus risqués (car votre horizon de placement se réduit forcément).
Évaluation des risques : Prenez le temps d'évaluer votre goût pour le risque. À mesure que l'on avance en âge, ajuster son approche pour adopter une tactique plus prudente est généralement conseillée.
Planification de votre succession : Pensez à planifier la transmission de votre patrimoine. Certains investissements et enveloppes fiscales offrent des avantages fiscaux à vos héritiers désignés.
Lorsqu'il s'agit de choisir les meilleurs investissements pour un senior, il est essentiel de considérer à la fois les objectifs financiers personnels et les particularités de chaque alternative d'investissement.
L’horizon d’investissement est forcément devenu plus court, la prise de risque de plus en plus à surveiller, voire à minimiser. Cela impacte naturellement la composition de votre portefeuille de placement, qui, graduellement doit proportionnellement favoriser les placements moins volatils et générateur de revenus stables et prédictibles. Car un investisseur senior doit logiquement privilégier la sécurité et la stabilité, tout en cherchant à optimiser les rendements de son portefeuille.
Enfin, un senior, plus qu’un investisseur plus jeune, doit consacrer plus de temps à la préparation de sa succession et à l’affectation de son patrimoine à ses héritiers désignés. Cela influera notamment sur le choix de l’enveloppe (ou des enveloppes) fiscale(s) dans laquelle il ou elle loge ses placements. Ainsi les placements en assurance-vie procurent des avantages substantiels en matière de transmission successorale.
Les investissements en immobilier, ou encore le recours à des options plus spécifiques comme le viager, peuvent être pertinents. Cependant, il est tout aussi important de bien comprendre les risques et inconvénients associés à ces solutions.
En résumé, investir en tant que senior en 2024 est une démarche qui demande réflexion, prudence et une bonne planification. Mais en adoptant quelques principes fondamentaux, les choix de placements et d’enveloppes fiscales peuvent radicalement améliorer votre retraite et donner lieu à une plus grande sérénité financière.
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L’investissement sur des supports en unités de compte comporte un risque de perte en capital.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.
