La question peut surprendre. Car les banques constituent un endroit très sûr et facilement accessible pour mettre son argent. Oui, mais… On peut avoir plusieurs raisons parfaitement valables de vouloir mettre son épargne ailleurs. Alors, quelles alternatives considérer ?
Une des raisons les plus fréquemment citées par ceux qui souhaitent sortir (une partie) de leur argent de leur compte bancaire est la crainte de ne pas récupérer ses économies si un jour la banque rencontre des difficultés. Dans le langage technique, cela s’appelle le risque de défaut, c’est-à-dire le risque que la banque ne puisse plus faire face à ses obligations et se retrouve sans les liquidités nécessaires pour honorer les demandes de retraits de ses clients.
Cela semble très théorique et très peu probable de prime abord, mais dans l’histoire de la finance, les crises bancaires ne sont pas aussi rares que cela. Pas besoin de remonter jusqu’à la grande crise de 1929. En effet, la crise financière de 2008 a vu de nombreuses enseignes bancaires disparaître, dont la fameuse banque d’affaires Lehman Brothers. Plus récemment encore, plusieurs banques régionales américaines, dont la Silicon Valley Bank, ont été sauvées in extremis et rachetées à la casse. Enfin, la prestigieuse banque privée Crédit Suisse a été contrainte de se marier avec sa rivale voisine UBS en quelques jours, au printemps de 2023. Bref, les banques peuvent se retrouver en difficulté financière, et lorsque cela arrive la chute est souvent brutale.
Parce que les banques jouent un rôle crucial pour faire fonctionner l’économie, une liquidation bancaire a des ramifications qui vont bien au-delà de ses actionnaires et clients directs. Un ou plusieurs défauts bancaires peuvent faire dérailler l’économie et faire plonger un pays tout entier dans une crise profonde. C’est pourquoi le secteur est très strictement supervisé, notamment depuis la crise financière de 2008. Les régulateurs (dont la Banque de France au niveau national) cherchent notamment à protéger les dépôts des épargnants.
Ainsi, en France, l’argent que vous déposez sur des comptes bancaires bénéficie de la protection du Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution. Dans un scénario de liquidation d’une banque, ce fonds garantit que tous les dépôts des clients de la banque en défaut soient remboursés dans la limite de 100 000 euros, en quelques jours.
Cela laisse néanmoins les déposants à risque pour tout montant supérieur à cette limite …
L’autre raison principale pour laquelle de nombreuses personnes souhaitent déplacer leurs dépôts en dehors du système bancaire est leur très faible rendement.
En France, les dépôts sur les comptes courants ne sont tout simplement pas rémunérés. C’est-à-dire que les banques françaises ne versent aucun intérêt sur l’argent déposé sur un compte courant. Ces dépôts ne font donc que dormir, et subissent l’effet néfaste de l’inflation, qui ronge le pouvoir d’achat.
Et sur les livrets bancaires traditionnels non réglementés (ce qui exclut notamment le Livret A et le LDDS), ce n’est guère mieux. Les grandes enseignes bancaires ont longtemps versé à peine un peu plus que 0% et, alors que l’inflation a fortement augmenté depuis plusieurs mois, les intérêts que ces banques proposent sur leurs livrets rémunérés restent très largement inférieurs à 1%. Pire, les intérêts, plutôt faibles, versés sur les livrets d'épargne bancaire est soumis à l'impôt sur les revenus. En tenant compte de la fiscalité, le rendement net est donc à peine positif.
Qu’ils soient faiblement ou pas rémunérés du tout, les comptes bancaires font ainsi perdre du pouvoir d’achat aux déposants, tant que le taux de l’inflation est de plusieurs pourcents.
Si votre objectif est de vous protéger contre le risque de défaut de votre banque, plusieurs solutions s’offrent à vous.
C’est évidemment une option que de mettre des billets dans une enveloppe bien cachée à la maison. Le fameux bas-de-laine. Il existe au moins quatre raisons pour ne pas le faire :
Le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution s’applique dans la limite de 100 000 euros par client et par banque. Ce qui signifie que vous pouvez ouvrir des comptes (ou plutôt des livrets rémunérés, afin de gagner des intérêts) dans plusieurs banques et déposer 100 000 euros sur chacun de ces comptes, afin de bénéficier de FGDR sur la totalité de votre épargne.
Quitte à diversifier ses contreparties bancaires, nous vous suggérons de considérer l’ouverture d’un ou plusieurs super livrets, c’est-à-dire un livret bancaire rémunéré ouvert auprès d’une banque spécialisée (et supervisée par la Banque France) qui verse des taux d’intérêts largement supérieurs à ceux versés par les grandes enseignes bancaires. Notre super livret peut s’ouvrir très facilement, gratuitement et en toute sécurité à partir de notre appli Cashbee. Et les super livrets versent des intérêts largement supérieurs à ceux que vous trouverez sur les livrets bancaires classiques, proposés par les grandes enseignes bancaires.
En France, il existe plusieurs livrets dits réglementés. Le plus connu d’entre eux est sans doute le Livret A, que n’importe quelle personne résidente en France peut ouvrir. D’ailleurs, il existe aujourd’hui plus de 55 millions de Livrets A. Il existe également le Livret d'Épargne Populaire (ou LEP), mais qui ne peut être ouvert que sous certaines conditions de revenu. Bien que ces livrets puissent s’ouvrir dans toutes les grandes banques, les fonds qui y sont déposés sont garantis par l’État français. Autre avantage, les intérêts versés sur le Livret A ou sur le LEP sont non-imposés. C'est-à-dire que les intérêts que vous percevez sur le Livret A ou sur le LEP échappent à l'impôt sur le revenu.
En revanche, le montant sur un Livret A est plafonné à 22 950 euros par personne. Ou plutôt, il ne verse des intérêts que sur les 22 950 premiers euros déposés. Il existe alors des alternatives lorsque votre livret A est au plafond.
Dans la suite de cet article les alternatives de placement s’adressent à ceux qui recherchent des options de placement offrant plus de rendement que les comptes bancaires. Elles permettent aussi de s’écarter du risque de défaut bancaire, tout en se constituant un patrimoine financier dans la durée.
Si votre objectif est de viser des rendements supérieurs à ce que les banques peuvent vous offrir sur leurs comptes bancaires, un grand nombre d’alternatives de placement s’offrent à vous. Nous en passons un certain nombre en revue :
C’est un placement adoré des Français, car perçu comme étant un investissement très sûr. Cette classe d’actif fut longtemps réservée aux épargnants les plus fortunés, car il fallait d’importantes sommes au départ (aussi appelé “capital”) pour pouvoir acheter des appartements, des commerces ou même des immeubles.
Mais aujourd’hui il est possible d’investir dans des biens immobiliers “en mode fractionné”, et donc pour des sommes plus modestes. Toute une industrie s’est développée dans le domaine, avec des SCPI, OPCI et, plus récemment, le crowdfunding, qui permettent à un groupement d’épargnants d’acquérir des biens immobiliers, et de profiter ensuite simultanément de revenus stables (les loyers) et de l’appréciation de la valeur du parc immobilier. Ces différents formats (SCPI, SCI, OPCI) sont, ensemble, désignés par le concept de l’investissement en pierre papier.
Attention, l’investissement immobilier - via l’achat de parts de SCPI par exemple - n’est pas sans risques. Sur des durées très longues, le prix des biens immobiliers a eu certes tendance à monter, mais il arrive régulièrement que les prix des appartements et des maisons baissent. C’est le cas notamment lorsque les taux d’intérêt montent, ce qui réduit la capacité pour les acheteurs potentiels d’emprunter.
Par ailleurs, le rendement d’un placement immobilier peut fondre comme neige au soleil quand les locataires quittent le bien, sans qu’un nouveau locataire ait été trouvé. Et il ne faut pas oublier que la plupart des SCPI et OPCI facturent des frais d’entrées (équivalent à plusieurs pour cents de la valeur de votre capital initialement investi), ce qui pèse sur votre rendement net. En effet, les premiers rendements de la SCPI ne serviront qu’à vous faire récupérer les frais d’entrées, avant de commencer à générer de la performance positive.
Enfin, surtout lorsque vous achetez un ou plusieurs biens en direct, le placement immobilier est peu liquide. Une fois que vous avez décidé de vouloir vendre un bien, il faut le temps de trouver un acquéreur. Ce qui dans un marché difficile peut prendre des mois, voire des années.
Autre grand favori parmi les placements des Français : souscrire à un contrat assurance vie en Euros. Accessible dès quelques centaines d’euros, cet investissement a l’avantage d’être à capital garanti, ce qui veut dire que vous ne pouvez pas perdre votre mise initiale. Par ailleurs, votre épargne reste accessible, car vous pouvez toujours effectuer des rachats partiels (le terme technique utilisé dans le monde assurantiel pour désigner un retrait). Enfin, toute somme investie sur un contrat assurance vie pendant 8 ans ou plus bénéficie de certains avantages fiscaux. C’est donc un placement relativement tranquille, qui offre une fiscalité favorable. Il se prête aussi aux versements réguliers qui vous permettent d'abonder votre épargne au fil de l'eau. En effet, la quasi-totalité des assureurs proposent d'instaurer des prélèvements automatiques (mensuels ou trimestriels) par lesquels, mois après mois, année après année, vous vos versements viennent booster votre patrimoine.
Cependant, le contrat en euro ne comporte pas que des avantages. En effet, en contrepartie de la garantie en capital, fourni par la société d’assurance vie, son rendement reste modeste. Et typiquement inférieur à l’inflation. Du reste, il n’existe plus beaucoup d’assureurs qui proposent des contrats à 100% en fonds euros.
Donc en ouvrant un contrat assurance vie en Euro, vous éliminez bien le risque de la contrepartie bancaire. Mais en substituant ce risque par le risque que votre assureur vie fasse défaut. Sans nécessairement gagner beaucoup plus que le taux d’intérêt versé par les banques sur leurs livrets rémunérés.
Pour rappel, depuis 1999 (et dans la foulée de la chute de l’assureur Europavie) vos versements sur un contrat assurance vie en euros sont protégés à hauteur de 70 000 euros en cas de faillite de votre assureur.
Dernière précision importante, nous venons de décrire les avantages et inconvénients de contrat assurance vie en euros. Celui-ci se distingue du contrat assurance vie en unités de compte. Cette seconde alternative permet d’investir dans de nombreuses classes d’actifs plus ou moins risqués, à travers des fonds, des parts de SCPI, d’OPCI ou encore des ETFs. Selon la performance de ces placements, le contrat assurance vie en unités de compte peut donc générer un rendement potentiellement élevé. Mais en contrepartie, son propriétaire prend plus ou moins de risque, et peut donc aussi subir des pertes en capital.
Attention, placement risqué ! Mais potentiellement lucratif. En achetant des actions et en investissant en bourse, vous misez sur la réussite financière de sociétés, en achetant une partie de leur capital. Par exemple : en achetant une action Apple en bourse, vous détenez une infime partie de la marque à la pomme.
Le choix de notre exemple n’est pas neutre. Car si vous aviez eu la bonne idée de vous procurer une action Apple le 12 décembre 1980, à son introduction en bourse, cela vous aurait coûté 0,10 Dollars. Aujourd’hui, l’action vaut environ 180 Dollars. Représentant une hausse fulgurante de 180 000 %.
Sans compter les dividendes auxquels vous auriez eu droit.
Mais ce type de rendement possible vient avec des risques importants. En effet, toutes les entreprises cotées en bourse ne connaissent pas la réussite d’Apple. Et l’histoire est remplie de grandes firmes qui n’existent plus aujourd’hui. Vous souvenez-vous de Kodak, Enron, Texaco ou encore Chrysler ? Leurs actionnaires ont perdu la (quasi) totalité de leurs investissements lorsque ces sociétés ont déclaré banqueroute. Plus récemment, les actionnaires de Crédit Suisse ont presque tout perdu, lorsque la banque a dû se marier à la hâte et à la casse avec sa rivale UBS.
Bref, l’investissement en actions peut rapporter gros. Mais aussi vous faire perdre beaucoup. Il est donc typiquement recommandé pour les néophytes d’investir dans des fonds gérés par des tiers (par exemple à travers des fonds ou OPCVM, pour Organisme de Placement Collectif de Valeurs Mobilières), afin de diversifier vos expositions au risque et bénéficier de l’expertise de professionnels. Vous pourriez également considérer un placement en ETF (pour Exchange Traded Fund) qui ont pour but de répliquer des indices boursiers de façon automatisée. Cela vous permet par exemple d’investir dans les 40 actions qui constituent le CAC40, ou les 500 valeurs incluses dans le S&P 500.
Enfin, notez que l’investissement en actions, ou en fonds d’actions est également volatil. Cela veut dire que même pour des actions, ou des fonds, dont la valeur s’est accrue dans le temps, les fluctuations sur des durées plus courtes ont très bien pu être importantes, et - pendant un temps - négatives. Il faut donc considérer un investissement en actions (ou en ETF actions) comme un placement à long terme, dont il faudra pouvoir supporter les variations à court terme.
En investissant dans des obligations, vous prêtez votre argent à l’émetteur de ces titres de créance. Vous pouvez ainsi prêter votre argent à toutes sortes d’emprunteurs, allant de l’État français à des entreprises de taille modeste et très endettées, en passant par des obligations émises par des institutions financières..
Naturellement, plus la probabilité est grande que l’emprunteur vous verse les intérêts à chaque échéance avant de vous rembourser à maturité (l’État français), et moins les intérêts seront élevés. Sur le marché obligataire, les intérêts sont appelés coupon, et ce coupon est typiquement dû sur une base annuelle, semi-annuelle ou trimestrielle.
En prenant quelques risques mesurés vous pouvez trouver de solides entreprises qui versent des coupons supérieurs aux intérêts que les banques proposent sur leurs livrets rémunérés.
Ceci dit, n’oubliez pas que le prix d’une obligation peut varier (et donc baisser) pendant sa durée de vie, notamment en fonction de l’évolution des taux d’intérêts. Si vous avez besoin de vendre votre obligation avant son terme, il se peut que cette transaction entraîne une perte en capital.
Ensuite, l’investissement en direct dans des obligations nécessite des sommes importantes, car elles s’échangent typiquement par unités de 100 000 euros chacune. Comme pour les actions, vous pouvez aussi acheter des paniers d’obligations via des fonds ou ETF obligataires, ce qui vous permet par ailleurs de diversifier votre risque de défaut de l’emprunteur obligataire.
L’univers des placements en dehors de votre banque est sans fin. Au-delà des placements relativement populaires et traditionnels listés ci-dessus (livrets bancaires, actions, obligations, ETF, SCPI), il existe énormément de types de placements plus originaux, dits alternatifs.
Parmi ceux-là on peut citer le capital risque. Pour cette classe d’actifs, il s’agit de placer son argent dans des jeunes sociétés non cotées en bourse, en espérant qu’il s’agira du prochain Amazon ou Google.
Mais aussi l’investissement en vins prestigieux, l’achat de vieilles voitures, ou encore l’acquisition de montres. Sans oublier l’achat de crypto-devises, comme le Bitcoin.
Dans l’ensemble, ces types de placements sont risqués, volatils et, à l’exception du Bitcoin, peu liquides. Mais ils peuvent rapporter bien plus que le livret d’épargne bancaire.
Notre recommandation est de n’y consacrer qu’une (petite) partie de votre épargne, visant les domaines dans lesquels vous pensez avoir une certaine expertise. Et seulement si vous êtes prêt à assumer des pertes possibles sur cet argent.
En conclusion, vouloir placer une partie de ses économies en dehors du système bancaire peut faire sens. Cela vous permet de diversifier votre risque de contrepartie et de rechercher un rendement plus élevé que celui - relativement modeste - proposé sur les livrets bancaires.
Les alternatives sont nombreuses, tant en termes d’enveloppe fiscale qu’en termes d’alternatives de placements. Pour les enveloppes alternatives, nous avons décrit le contrat assurance vie, mais nous aurions pu ajouter le PEA, le PER ou encore le compte titres, qui permettent tous de loger certaines classes d’actifs financiers. Pour les alternatives de placement, les investissements en pierre papier (SCPI, SCI ou OPCI), en fonds euro, en actions, en obligations ou en fonds (OPC ou ETF) sont les plus plébiscités. Mais l’univers des possibles est quasiment infini.
Le tout est de bien connaître son profil d’investisseur, défini par votre gestion du risque, votre horizon de placement, votre connaissance de la finance et vos convictions personnelles. Et d’accorder vos placements et le déploiement de vos économies en dehors du monde bancaire en fonction de celui-ci.
Si vous ne savez pas par où commencer, n’hésitez pas à faire appel à un conseiller expert.