Les hedge funds sont un certain type de fonds d'investissement, dont les gestionnaires adoptent des stratégies complexes pour maximiser le rendement, quelque soit l'orientation du marché. Ils ciblent les investisseurs avertis et fortunés.
Un hedge fund est un certain type de fonds d’investissement. Également appelé fonds d'investissement alternatif ou encore fonds spéculatif, il s’agit d’un fonds dont les gestionnaires visent un double objectif : maximiser les gains tout en protégeant les investisseurs contre les variations de la bourse (et notamment contre l’éventuelle baisse des cours de bourse). Il fait ainsi partie des fonds d’investissement gérés de façon active (par opposition aux ETFs, qui sont des solutions de placements passifs, dont l’objectif unique est de répliquer l’évolution d’un indice boursier donné, à la hausse, comme à la baisse).
Comme pour d’autres fonds d’investissements plus traditionnels, les hedge funds opèrent sur la base d’une entente entre des gestionnaires du fonds, dits general partners, d’une part, et des investisseurs, les limited partners, qui injectent leurs fonds, d’autre part, les General Partners (et leurs équipes de traders et analystes spécialistes en finance) du hedge fund gèrent les fonds des Limites Partners, en visant des rendements élevés quelles que soient les conditions de marché. En retour pour leurs services et leur expertise, ils facturent des commissions aux Limited Partners.
Les hedge funds s’adressent à des investisseurs expérimentés, typiquement de trois types :
Les hedge funds ciblent ces investisseurs, tous expérimentés, pour deux raisons principalement.
Premièrement, les hedge funds adoptent des stratégies d’investissement complexes, opaques et parfois agressives qui peuvent donner lieu à des fortes variations potentielles à la hausse comme à la baisse de la valeur de leurs portefeuilles. Toute allocation de fonds par un investisseur vers un hedge fund représente donc un placement à haut risque de perte en capital. Par conséquent, les autorités de marché (comme par exemple, l’Autorité des Marchés Financiers, ou l’AMF en France), sont très vigilantes au sujet de la façon dont les hedge funds sont commercialisés et auprès de quels types d’investisseurs.
En se focalisant sur les investisseurs les plus expérimentés (et professionnels), les hedge funds jouissent typiquement d'une réglementation plus flexible et d'une surveillance de l'Autorité des Marchés Financiers plus faible. Alors que cette supervision serait draconienne si les hedge funds faisaient publiquement appel à l’épargne.
Deuxièmement, les hedge funds souhaitent minimiser leurs charges opérationnelles et administratives, génératrices de coûts. Ils préfèrent logiquement échanger avec un nombre limité de Limited Partners, qui, individuellement investissent des sommes importantes chez eux. Et les hedge funds les plus performants ont souvent le choix des investisseurs dont ils acceptent de gérer les liquidités.
Dans le principe, les gestionnaires des hedge funds adoptent des stratégies de placement par lesquels ils visent à simultanément (1) protéger leur capital face aux fluctuations possibles à la baisse des marchés financiers (2) tout en générant des rendements significatifs. Ces stratégies se fondent habituellement sur l’adoption simultanée de positions à l'achat et à la vente sur différents titres d’une même classe d’actifs. Une fois ce principe posé, de très nombreuses stratégies ont été déployées, donnant lieu à plusieurs types de hedge funds.
Ainsi il existe des hedge funds, dits “quantitatifs”. Leur stratégie “quantitative” de trading repose sur des modèles mathématiques et des algorithmes très poussés visant à détecter des incohérences ou des tendances de marché, dont le fonds pourrait profiter. Ces algorithmes vont, dans certains cas, jusqu’à prendre des décisions d'investissement. Sans surprise, les gestionnaires des fonds quantitatifs sont typiquement des docteurs en mathématiques et en programmation informatique.
Ils se servent des données historiques, de base de données massives et appliquent des théories mathématiques poussées pour découvrir les moindres tendances ou anomalies du marché, afin de se positionner et profiter des opportunités d’arbitrage identifiées ainsi identifiées.
D’autres hedge funds tombent dans la catégorie “long/short equity”, qui consiste à acheter des actions que le gestionnaire de fonds pense être sous-évaluées (positions longues) et à vendre à découvert des actions qu'il pense être surévaluées (positions courtes). À titre d’illustration, un hedge fund long / short pourrait estimer que dans la domaine de la construction automobile les actions de Tesla, Volkswagen et de Ferrari sur-performeront celles de Stellantis, Toyota et Ford. Cet hedge fund achèterait alors les actions des premiers constructeurs, tout en vendant les actions des seconds.
En cas de hausse du marché, le hedge funds parie sur le fait que le cours de bourse des actions qu’il possède (Tesla, Volkswagen, et Ferrari) montera plus que les valeurs qu’il a vendues (Stellantis, Toyota et Ford). Inversement, le hedge funds espère qu’en cas de baisse de marché, cette baisse affecte notamment les valeurs qu’il a vendues, et moins les actifs qu’il a en portefeuille.
Ainsi, que le marché monte ou qu’il baisse, le hedge funds génèrera un rendement positif et des profits pour ses Limited Partners.
Comme évoqué précédemment, les hedge funds sont généralement perçus comme des investissements risqués, même s'ils sont gérés de sorte à viser une réduction du risque pour les Limited Partners (les investisseurs qui investissent dans le hedge fund).
Et cela pour deux raisons principales. Premièrement, leurs stratégies de placement, aussi sophistiquées qu’elles puissent paraître, peuvent être faillibles. Et donc être perdantes. Dans l’histoire des hedge funds, plusieurs ont fait faillite, de façon spectaculaire, conduisant à la perte soudaine du capital de ses investisseurs.
Par ailleurs, les gains, mais aussi les pertes réalisées par les hedge funds, sont souvent exacerbés par leur utilisation fréquente d'effets de levier, qui peuvent augmenter significativement les rendements comme les pertes qu’ils réalisent.
En effet, au-delà des capitaux obtenus de la part des investisseurs dans le fonds (les Limited Partners), les gestionnaires des hedge funds augmentent souvent leur puissance de feu en empruntant de l’argent auprès des banques. Cela leur permet de miser plus gros, afin d’augmenter les profits si leurs convictions s’avèrent justes.
Mais cet effet de levier a également pour conséquence de magnifier les pertes en cas de mouvements de marché inverses et contraires aux positions prises par le hedge fund.
Les hedge funds se différencient des autres types de fonds d'investissement par des spécificités clés.
À l’inverse de la majorité des autres fonds traditionnels qui investissent principalement dans des actions et des obligations, les hedge funds ont la possibilité d'investir dans une grande variété d'actifs, sans restriction particulière, ce qui leur permet par exemple d'investir dans l'immobilier, le marché des changes, les matières premières, et l’ensemble des dérivés relatifs à ces différentes classes d’actifs.
Dans des cas extrêmes, certains hedge funds ont investi dans des actions de sociétés en faillite, des terres agricoles au Brésil ou encore dans des discographies de groupes de rock.
Au-delà de la diversité des instruments financiers que les hedge funds utilisent, ces fonds se distinguent également par la fréquence de leurs interventions sur les marchés financiers. Par contraste aux fonds d’investissement traditionnels, les hedge funds peuvent intervenir et donner des ordres de bourse des centaines, voire des milliers de fois par jour, afin d’exploiter la moindre opportunité d’arbitrage.
À l’origine de l’essor de l’industrie des hedge funds, la plupart des fonds appliquaient une structure de frais "2 and 20". Cela signifie que les gestionnaires facturent chaque année 2% de la valeur des actifs du fonds, et s’approprient également 20% des profits dégagés sur l'année.
Ce niveau de commissionnement très élevé (comparativement aux commissions de gestion facturés par des fonds d’investissement traditionnels) était justifié par la sur-performance que visent les hedge funds. Leur objectif est de battre, et si possible considérablement, le rendement annuel fourni par l’indice de référence.
Cette structure subsiste aujourd’hui pour les meilleurs gérants, qui génèrent effectivement des rendements qui se comptent en dizaines de pourcents, et qui battent donc la performance du S&P 500 ou de l’indice MSCI World année après année. Mais pour un nombre important de hedge funds cette structure de commission, très avantageuse pour les gérants (car le gérant perçoit tout de même 2% en frais de gestion, même s' il génère des pertes !), a été ajusté à la baisse, dans un contexte compétitif.
Le nombre de hedge funds en activité dans le monde s'élève actuellement à environ 10 000, gérant un total d'actifs qui dépasse les 1 500 milliards de dollars. Cela représente une augmentation de plus de 700 % par rapport à 1995.
Parmi les hedge funds les plus connus, on peut citer Bridgewater Associates, Man Group, Renaissance Technologies, Millennium Management et Citadel.
Pour conclure, les hedge funds sont des fonds d'investissement privés, réservés à une clientèle aisée ou institutionnelle, qui visent des performances supérieures au marché dans son ensemble, en adoptant des techniques et des stratégies d’investissement complexes. Investir dans des hedge funds comporte des risques, mais qui sont associés à un objectif de rendement ambitieux. C’est pourquoi, le secteur continue d’attirer des investisseurs expérimentés, malgré des niveaux de commissions de gestion élevés.