Après une année 2022 pour le moins… complexe, les marchés financiers repartent à la hausse en ce début d’année. Les indices boursiers, tout comme les marchés obligataires, se sont en effet (presque) tous appréciés. Mais que déduire de ce bon départ sur l’évolution probable des marchés pour le reste de l’année ? Notre analyse, comme toujours, sans jargon.
Indéniablement, une bonne performance initiale
L’année 2022 est à oublier pour bon nombre d’investisseurs, qui ont vu la valeur de leurs portefeuilles fondre sévèrement. Il était difficile de se protéger contre la baisse simultanée des valorisations boursières et des marchés obligataires. Le marché Turque détonne dans ce contexte, avec une hausse impressionnante de 104% de l’indice MSCI Turquie en 2022.
Mais il est clair que le début d’année 2023 commence bien, voire même en fanfare pour certains pays.
Source : Longchamp Asset Management
Remarquons le fort rebond du Dax allemand (+8,15%), et le fait que la hausse en Europe (Eurostoxx 50) est plus forte que celle enregistrée sur les bourses américaines (Dow Jones, S&P 500 ou encore Nasdaq).
Mais surtout, retenons que l’ensemble des indices boursiers sont en hausse simultanée depuis le début de l’année, dans toutes les grandes économies du monde.
Sur les marchés obligataires, à l’exception du Japon, les taux longs sont en baisse également. Or quand les taux baissent, le prix des obligations monte. Et l’appétit pour les nouvelles émissions obligataires est fort. Cela conduit à une performance positive sur les différents secteurs obligataires (obligations étatiques, corporate et en provenance des marchés émergents).
L’inflation maîtrisée ?
Après une forte hausse, l’inflation serait-elle en baisse ?
Nous y avons consacré un article récemment, mais parmi les explications possibles de ce bon départ, citons notamment l’évolution de l’inflation. Après s’être envolée durant les premiers trimestres de 2022, il semblerait que sa courbe se soit infléchie durant les derniers mois de l’année.
D’abord aux US, qui viennent d’annoncer un sixième mois de baisse consécutive de son inflation, tombée à 6,50% en décembre, à comparer avec un plus haut de 9,1% en juin dernier. Pour la zone Euro, même constat, même si l’inversion de la tendance est plus récente. En France, l’inflation est tombée à 6,7% en décembre (vs 7,1% en novembre), en Allemagne à 9,6% (vs. 11.3% en novembre). Même au Royaume-Uni, l’inflation semble baisser, après un plus haut de +11,1% atteint en octobre.
Impact sur le cycle de hausse des taux directeurs
Cette évolution récente permet aux optimistes d’estimer que les mesures des banques centrales pour lutter contre l’inflation (plutôt radicales jusqu’ici) commencent à porter leurs fruits. La Fed aux US, la Banque d’Angleterre au Royaume-Uni et la Banque Centrale Européenne ont toutes significativement augmenté leurs taux directeurs, avec plusieurs hausses consécutives de 0,75%.
Si l’inflation est réellement contenue, et de nouveau en baisse, ces mêmes optimistes se mettent à espérer que les banques centrales puissent assouplir leurs politiques monétaires, et commencer à réduire l’ampleur de leurs prochaines hausses. La Fed n’a d’ailleurs relevé ses taux directeurs que de 0,50% à la dernière occasion. Et avec une pression inflationniste qui semble se réduire, certains intervenants de marché espèrent que la prochaine hausse ne sera que de 0,25% outre-Atlantique.
Pour ceux qui voient le verre à moitié plein, le cycle de hausse des taux pourrait alors être moins violent et moins long dans le temps qu’attendu. Ce qui réduirait le risque de récession, et stimulerait l’activité économique.
Bref, un signal positif qui à sans doute contribué à l’orientation à la hausse des marchés depuis le 1er janvier.
Est-ce qu’un bon début est prédictif d'une année dans le vert ?
À première vue, des statistiques favorables (aux US)
Après quelques recherches, on découvre vite des statistiques qui tendraient à prouver que, historiquement, lorsque les marchés montent en début d’année, ils ont tendance à la finir dans le vert.
Ainsi le Stock Trader’s Almanac, relève que depuis 1950, lorsque la performance boursière (aux US) est positive en janvier, la performance de l’année l’est également dans 87% des cas.
De façon similaire, en 2019, l’analyste Jodie Gunzberg a constaté que sur les 30 années depuis 1938 où la bourse américaine affichait une performance positive en janvier et en février, dans 29 cas la performance annuelle fut positive également.
Il y aurait bien une corrélation positive entre un bon début d’année, et la performance du marché à la fin de l’année.
Oui, sauf que …
Attention à l'interprétation trop hâtive de ces statistiques. Tout d’abord, il faut bien noter que les années où le marché actions américain est en hausse sont bien plus nombreuses que les années où il finit en baisse.
Ainsi depuis 1980, il n’a baissé que 8 fois. Sur une période de 44 ans, cela fait 18% à peu près.
Donc il n’est probablement pas raisonnable de conclure que l’effet d’un début d’année dans le vert est statistiquement significatif.
Quels enseignements tirer de ce bon départ alors ?
Chez Cashbee, nous ne sommes pas chartistes, et nous ne croyons pas pouvoir deviner la direction des marchés sur la base de sa performance récente. En revanche, nous ne pensons pas que l’analyse du début de l’année soit sans intérêt.
Il nous donne au moins l’opportunité d’illustrer quelques concepts fondamentaux auxquels nous tenons.
- Le market-timing est impossible. C’est un de nos chevaux de bataille. Acheter au plus bas, pour vendre au plus haut est le rêve (illusoire) de nombreux investisseurs. C’est très très compliqué à faire - nous dirions même impossible - de façon systématique dans la durée pour les professionnels les plus assidus. C’est une stratégie qui nous paraît perdante pour tout investisseur amateur.
- Louper les rebonds est très coûteux. Nous préconisons de bien distinguer l’épargne de précaution (celle pour les coups durs et imprévus) de l’investissement à long terme. Pour la première catégorie d’épargne, pas question de prendre des risques ou de bloquer l’argent. Mais pour les placements à long terme, n’oubliez jamais l’horizon (très long) de cet investissement. Et ne cédez pas à la panique quand ça tangue.
Bank of America a publié une étude analysant la performance du marché actions américain par décennies (de 1930 à 2020). En prenant les années 50, l’étude conclut que le S&P 500 a délivré une performance de +250% sur la période. Mais en n’étant pas investi les 10 meilleurs jours, cette performance tombe à +167%, soit plus du tiers en moins. Dans les années 80, les mêmes performances sont +227% en étant continuellement investi, et +108% en excluant les 10 meilleurs jours. Une différence de plus de la moitié. - Investir régulièrement, régulièrement, régulièrement. Ce conseil suit logiquement les deux premiers. S’il est impossible de “timer” le marché et que cela paie de rester investi sur le long terme, les contributions régulières (mensuelles par exemple) permettent de lisser vos points d’entrées. Cela s’appelle le Dollar Cost Averaging et pour en savoir plus, c’est ici.
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