L'impossible diversification des investissements

Mar 18, 2025

La diversification est un des concepts fondamentaux en finance, recommandée par de nombreux experts à tous ceux qui souhaitent investir, sans nécessairement être experts (soit 99% de la population adulte). Pourtant, malgré les apparences, cet objectif est de plus en plus difficile à atteindre. On vous explique !

Le meilleur conseil en épargne : diversifier vos investissements ?

Une théorie largement acceptée

Si l’on demandait aux professeurs en finance ou à des investisseurs stars (comme le milliardaire Warren Buffett, dirigeant de Berkshire Hathaway) quel serait le meilleur conseil en finance à suivre pour un investisseur individuel, la diversification des placements ferait sans doute partie du top trois (aux côtés de “investir en actions sur le long terme” et “faites attention aux frais”).

L’idée de départ très alléchante est qu’un portefeuille de placements diversifiés peut délivrer les mêmes rendements qu’un portefeuille concentré, mais en prenant moins de risques.

Le concept est tellement puissant et important que l’économiste Harry Markowitz, de l’université de New York, a reçu un prix Nobel en 1990 pour sa démonstration mathématique qu’il met en évidence dans un article publié en 1952 et, dans plus de détails, dans son livre “Portfolio Selection : Efficient Diversification” (“Sélection de portefeuille : diversification efficace”), publié en 1959.

Un concept tangible et de bon sens

Sans avoir lu ces documents techniques, ni être un surdoué en mathématiques, on peut expliquer l’attrait de  la diversification grâce au bon sens. “Ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier” est une expression de grand-mère avec laquelle nous sommes tous familiers, qui, de façon imagée, suggère bien l’idée de ne pas concentrer son épargne dans un seul actif.

Et cette expression est exactement la même en anglais et en néerlandais, alors qu’en russe, en espagnol et en danois on préfère “ne pas tout miser sur une seule carte”. Ce qui tendrait à démontrer que le bon sens paysan encourageant à la diversification des placements est universel.

En apparence, il est de plus en plus facile de diversifier

L’innovation financière à la rescousse

Il est généralement accepté que la première bourse officielle fut celle d’Amsterdam, créée en 1602 établie par la Vereenigde Oost-Indische Compagnie (la Compagnie néerlandaise des Indes orientales) pour attirer les capitaux afin de financer l’exploitation économique et commerciale de l’Asie du Sud-Est.

Depuis, de nombreuses bourses ont fleuri dans la plupart des grandes villes du monde afin de faciliter les échanges de titres et notamment des actions. Cela a donc permis progressivement aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles, en achetant des actions de plusieurs sociétés cotées, de différents pays.

Mais on voit bien que tout cela restait très manuel et chronophage. En outre, pour acheter des actions individuelles de plusieurs entreprises, il fallait typiquement disposer d’un capital important.

Quelques siècles plus tard, le monde des finances personnelles a énormément évolué. Il est devenu beaucoup plus facile de se constituer des portefeuilles de placement très diversifiés. Notamment grâce à l’émergence de fonds, qui contiennent des dizaines, voire des centaines de titres différents. Et dont les parts peuvent être acquises pour des sommes modestes.

Vous voulez une exposition diversifiée au marché actions américain ? Achetez donc un fonds indiciel (ETF) qui réplique le S&P 500, l’indice phare de la bourse de New York, incluant les 500 plus importantes capitalisations boursières américaines. L’Europe vous attire plus ? Un fonds qui réplique l’Eurostoxx 600 pourrait alors vous convenir. 

Au-delà de proposer une diversification structurelle, les fonds présentent également l’avantage d’être accessibles à partir de montants relativement modestes.

L’accès à la diversification simplifié par les plateformes digitales

Encore faut-il pouvoir trouver ces placements. Dans ce domaine aussi les évolutions récentes ont été très favorables aux épargnants individuels.

Notamment sous l’impulsion de fintechs innovantes, il n’est plus nécessaire de se déplacer à votre agence bancaire ou de prendre rendez-vous avec votre conseiller en gestion de patrimoine pour placer vos ordres de bourse, ou obtenir des conseils sur les placements. De nombreuses plateformes digitales proposent des placements sur de nombreuses classes d’actifs, à frais compétitifs, accessibles pour des montants faibles. 

Ainsi, Cashbee propose des investissements allant du fonds Euro (à capital garanti) à des produits structurés en passant par des fonds actions, des fonds obligataires, des matières premières, de l’or, des SCPI et des fonds infrastructures, tous accessibles depuis son application.   

Sur la base de ce qui précède, nous pourrions conclure que tout va pour le mieux pour ceux qui souhaitent diversifier. Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples …

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Identifier la “vraie” diversification est complexe 

Compenser la baisse de l’un, par la hausse de l’autre

La magie de la diversification réside dans le fait que les prix de différents actifs n’évoluent pas tous dans le même sens, en permanence. Les valeurs de marché d’une mine d’or en Australie et d’une société californienne en cyber-sécurité vont fluctuer pour des raisons très différentes, même si au départ elles proposent des rendements similaires. En détenant des actions dans chacune de ces deux entreprises, il est possible qu’une forte baisse dans l’une d’entre elles soit compensée par une hausse de l’autre.

En répliquant cette mécanique sur un grand nombre d’actifs décorrélés vous obtiendrez le résultat théorique visé : un portefeuille de placements dont le rendement est la moyenne de ses éléments constitutifs, mais dont la volatilité est réduite. Et on comprend alors que plus les actifs sont décorrélés, plus la puissance de la diversification se fera sentir.

La corrélation de plus en plus forte 

Et c’est là où le bât blesse. Alors qu’il est devenu très facile d’investir dans une très large gamme d’actifs et de fonds (eux-mêmes investis dans des centaines de lignes d’actions ou d’obligations différentes), la corrélation entre ces actifs s’est fortement accrue.

Petit rappel sur la corrélation

La corrélation entre deux actifs se mesure de -1 à +1. Une paire de prix qui évoluent systématiquement inversement l’un de l’autre, et dans des proportions égales (le rêve ultime de celui qui cherche à diversifier ses placements) obtient un score de -1. Des prix qui au contraire évoluent de façon parfaitement alignée obtiennent un score de +1. Ceux-là n’offrent aucun avantage de diversification.

Dans les années 1970, avant que le monde de la finance ne se mondialise, la corrélation moyenne entre deux indices boursiers de pays développés était de 0,37. En 2021, ce chiffre atteint 0,75 !

Cette même statistique pour des indices boursiers de différents marchés émergents est passée de 0,05 à 0,49.

Le phénomène se comprend instinctivement quand on prend en compte la mondialisation des échanges, l’internationalisation des grandes entreprises et la réduction des barrières commerciales des dernières décennies. À titre d’illustration, l’entreprise française LVMH, ou le fabricant de voitures de luxe allemand BMW dépendent notamment des consommateurs chinois et américains. Coca Cola, Starbucks et McDonald’s, d’origine américaine, vendent leurs produits sur tous les continents.

En conséquence, des marchés qui évoluaient presque de façon indépendante, se suivent désormais à la trace.

Les limites de la diversification

Trop de diversification tue la diversification ?

Comme le savent les historiens des marchés financiers, quand une idée ou un concept devient trop populaire, elle risque d’en éliminer l’avantage qu’il procure. Quand seuls quelques investisseurs s’intéressaient à la diversification géographique, c’était une stratégie puissante et efficace. Mais maintenant qu’elle est devenue très populaire et facilement réplicable par les masses, ses bénéfices se sont réduits. En effet, si le capital de tous les investisseurs se diversifie et se place sur toutes les bourses du monde, il ne faut pas s’étonner de voir ces différentes bourses évoluer de façon de plus en plus similaire.

La diversification moins efficace au pire moment

Non seulement la corrélation entre différents marchés et classes d’actif a augmenté, mais en plus elle a tendance à s’amplifier dans des marchés baissiers. Dit autrement, c’est quand on a le plus besoin que la diversification joue son rôle et compense des baisses sur certains placements par des hausses sur d’autres investissements, que la probabilité de cette compensation baisse.

En effet, plusieurs études ont montré que lors des corrections boursières, les tendances baissières de l’une influencent celle de l’autre. C’est notamment le cas lorsque la bourse américaine, la plus grande du monde (par capitalisation), commence à tanguer. 

La diversification par classe d’actifs moins efficace aussi 

Au-delà de la diversification géographique, intéressons-nous à la diversification par classe d’actifs. Un portefeuille qui contient des obligations, des matières premières, de l’immobilier ou encore de l’or aux côtés des actions devrait en théorie résister quand “la bourse” corrige.

Cela s’est vérifié dans les faits. Entre 2000 et 2021 les actions et les obligations américaines se complétaient très bien, avec une corrélation moyenne de -0,29. Malheureusement, c’est moins vrai depuis 2022, l’année où les deux classes d’actifs ont fortement baissé, simultanément. Depuis, la corrélation entre les deux est restée positive et plutôt élevée à +0,7 en moyenne, selon The Economist.

Et pour ceux qui se posent la question, les crypto actifs ne constituent pas la solution de diversification idéale non plus. Depuis plusieurs années maintenant, la valeur du bitcoin est très corrélée à l’évolution du marché action (et notamment à la bourse américaine).

Conclusion : diversifier reste pertinent, mais il faut comprendre la corrélation

Il nous semble que vouloir diversifier son portefeuille de placements reste un objectif louable. La diversification géographique et par classe d’actifs continue de livrer des avantages aux investisseurs en termes de dé-sensibilisation à la volatilité d’une action spécifique ou un marché donné. 

Mais il faut être conscient des limites de la diversification et surtout des effets que peuvent avoir la corrélation entre différentes classes d’actifs, afin d’éviter de trop compter sur la diversification et de bien maîtriser le risque pris au sein de votre portefeuille.

Vous hésitez sur le sujet ou vous voulez être assisté par des experts ? C’est normal et sachez que les nôtres sont à votre disposition, à votre convenance.

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