L’épargne et les finances personnelles sont des sujets phares de la vie quotidienne et cela depuis des siècles. Sans surprise, un lot d’expressions et de conseils de grand-mère y sont consacrés. Ces tournures de langage, issues de l’histoire et du bon sens populaire, illustrent parfaitement - et parfois de façon amusante - les différentes manières de gérer son argent, d’économiser ou d’investir avec prudence.
Mais en connaissez-vous le sens ? Et d’où viennent ces expressions, parfois tirées par les cheveux (oui, cette tournure de langage était voulu) ? Passons-les en revue.
Garder une poire pour la soif
Au Moyen Âge, les paysans conservaient des poires à longue conservation pour l’hiver, lorsque la nourriture se faisait rare. Cette habitude s’est transformée en une métaphore qui souligne l’importance de constituer une épargne de précaution, sous la forme d’un fonds d’urgence ou d’un placement sûr.
Cette expression signifie qu’il est sage d’économiser une partie de ses ressources en prévision d’un besoin futur ou d’un imprévu. Elle met en avant l’idée de précaution et de prévoyance financière. Cette somme de secours doit être placée sans risque et elle doit toujours être accessible. Le Livret A est un excellent support pour cette poire qu’on garde pour la soif, mais le fonds euro en assurance vie peut également être une solution de placement sans risque très pertinente.
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier
L’expression vient du bon sens paysan : si l’on transporte tous ses œufs dans un même panier et que celui-ci tombe, on les casse tous. Alors que si on transporte les œufs dans plusieurs paniers, la perte d’un panier d'œufs n’est pas catastrophique. La première trace écrite de cette métaphore se trouve chez Cervantès, dans Don Quichotte (1605).
En finance, cette expression met en garde contre des placements trop concentrés. Investir toute son épargne dans une seule action, ou un seul bien immobilier est (très) risqué et peut conduire à des pertes en capital considérables. Cette expression incite à diversifier ses placements pour limiter les pertes potentielles. Cela se traduit dans la pratique par la diversification des investissements entre différentes classes d’actifs comme les actions, les obligations, l’immobilier, l’or et autres produits financiers. Mais aussi de diversifier au sein de chaque classe d’actif d’un point de vue géographique et sectoriel.
Casser sa tirelire
Autrefois, les tirelires étaient souvent en terre cuite. Pour récupérer l’argent qu’elles contenaient, il fallait les briser. Ce geste symbolique marquait une dépense importante, souvent exceptionnelle.
Aujourd’hui, cette expression signifie utiliser ses économies pour financer un projet ou un achat conséquent. En finance personnelle, cela correspond à puiser dans son épargne pour un investissement réfléchi, mais elle met aussi en garde contre une dépense irréversible qui pourrait affecter sa stabilité financière.
L’image est aussi utile pour rappeler qu’il est pertinent de mettre son argent dans différentes enveloppes. Rien qu’en versant de l’argent de son compte courant vers un livret ou sur un contrat assurance vie, psychologiquement, on l’a mise de côté (même si l’argent reste bien toujours disponible). C’est un moyen très efficace pour budgétiser ses dépenses et pour mettre une somme fixe de côté tous les mois, en adoptant, par exemple, la règle des 50 / 30 / 20. Ce qui, aujourd’hui, peut être très facilement automatisé, vous enlevant la charge mentale de le faire, à travers des Versement Libres Programmés.
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Se serrer la ceinture
L’origine de cette expression remonte au XIXᵉ siècle. Elle faisait référence au fait qu’en période de disette, ceux qui n’avaient pas assez de nourriture perdaient du poids et devaient resserrer leur ceinture pour s’adapter à leur nouvelle corpulence.
Cette métaphore s’applique aujourd’hui aux périodes de restriction budgétaire. Lorsqu’une personne ou un ménage rencontre des difficultés financières, il est nécessaire de réduire les dépenses, d’éliminer le superflu et de se concentrer sur l’essentiel. Cela peut arriver en cas de perte d’un emploi, mais aussi lorsque les enfants d’un foyer débutent leurs études supérieures, souvent coûteuses, obligeant les parents à se serrer la ceinture.
Une autre expression, qui va dans le même sens, consiste à “réduire la voilure”. Cette expression trouve son origine dans le domaine de la marine. Historiquement, elle désigne l'action de diminuer la surface des voiles d'un navire pour s'adapter aux conditions météorologiques, notamment en cas de vent fort, afin de mieux contrôler le bateau et éviter les dommages. Elle est utilisée en finance comme une métaphore pour indiquer une réduction des coûts, des effectifs ou des investissements afin de s'adapter à des conditions économiques difficiles ou incertaines.
Jeter l'argent par les fenêtres
Sous Louis XIV, lorsqu’un condamné était libéré sous caution, l’argent devait être jeté depuis la fenêtre du tribunal pour que le greffier le ramasse, avant que le prisonnier puisse quitter la prison. Cet acte symbolisait un paiement obligatoire mais sans contrôle direct sur l’utilisation des fonds.
Aujourd’hui, l’expression évoque le gaspillage financier et une mauvaise gestion de l’argent. Elle met en garde contre des dépenses inconsidérées qui, par construction, réduisent l’épargne de celui qui jette l’argent par les fenêtres. Geste qu’il pourrait bien regretter plus tard, quand un besoin financier se fait sentir, ou que ses revenus baissent.
Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras
Ce proverbe, popularisé par Jean de La Fontaine dans sa fable Le Petit Poisson et le Pêcheur, reprend une maxime encore plus ancienne : il vaut mieux sécuriser un gain modeste mais certain, plutôt que de tout miser sur une promesse incertaine.
En finance, cela signifie qu’il est préférable d’opter pour un investissement sûr et modéré plutôt que de chercher un rendement trop élevé qui pourrait entraîner des pertes. Il illustre bien l’importance d’une gestion prudente du risque en épargne et en investissement.
Mais attention à ne pas trop en faire. En effet, dans le cas de l’épargne, il est important de sécuriser une poche d’urgence, à laquelle on doit pouvoir faire appel en cas d’imprévu. C’est l’épargne de précaution, qui ne doit pas être mise à risque. Ensuite, il s’agit d’aller chercher, pour l’épargne à long terme, les placements qui vous permettent de maximiser le rendement (sur le long terme) compatible avec le niveau de risque que vous êtes prêt à accepter. Mais en reconnaissant qu’il n’est sans doute pas optimal de conserver la totalité de votre épargne sur des supports sans risques, ces supports étant par construction les moins rentables (sur des durées longues).
Les petits ruisseaux font les grandes rivières
L’origine de cette expression repose sur une observation naturelle : les grands fleuves prennent naissance grâce à de petits cours d’eau qui s’assemblent progressivement.
En gestion financière, cette métaphore souligne l’importance de l’épargne progressive et régulière. Même des économies modestes, mises de côté régulièrement, peuvent aboutir à un capital significatif sur le long terme. Cette approche est essentielle pour la constitution d’un patrimoine ou d’une retraite sereine.
Les intérêts composés renforcent cette dynamique en permettant à l’épargne de croître de façon exponentielle. En réinvestissant les intérêts générés, le capital augmente plus rapidement avec le temps. La règle de 72 illustre cet effet : en divisant 72 par le taux de rendement annuel, on obtient une estimation du nombre d’années nécessaires pour doubler un investissement. Par exemple, avec un rendement de 6 %, un capital double en environ (72 / 6 ) = 12 ans. Cela montre qu’une épargne régulière, combinée au temps et aux intérêts composés, peut générer un patrimoine significatif.
Payer en monnaie de singe
Au XIIIᵉ siècle, les marchands qui devaient payer un droit de passage sur le Pont au Change à Paris pouvaient s’acquitter de cette taxe en offrant des spectacles de singes, une distraction prisée à l’époque.
L’expression est restée pour désigner un paiement en nature ou avec une monnaie de faible valeur. Elle fait écho aux questions de dévaluation et d’inflation, qui peuvent éroder le pouvoir d’achat d’une monnaie.
Mettre du beurre dans les épinards
Autrefois, le beurre était un produit de luxe et les épinards, un aliment bon marché et peu savoureux. Ajouter du beurre permettait d’améliorer le goût du plat et symbolisait un petit mieux financier dans un quotidien modeste.
Aujourd’hui, cette expression signifie augmenter ses revenus pour améliorer son niveau de vie, que ce soit par un revenu complémentaire, une prime ou un investissement rentable.
L’expression prend tout son sens dans le cadre du sujet brûlant des retraites. Les épargnants français se soucient de plus en plus de pouvoir profiter de leur retraite, le financement public de ces retraites étant sous pression. La population française est vieillissante, il y a de moins en moins d’actifs dont les revenus doivent payer de plus en plus de retraités. Comment faire pour avoir de quoi mettre un peu de beurre dans les épinards, au moment du départ à la retraite ?
Le Plan Épargne Retraite (PER) a été conçu pour cela. Il permet aux épargnants de mettre de côté spécifiquement pour préparer leur retraite, tout en bénéficiant d’avantages fiscaux durant leur vie active.
L'argent n'a pas d'odeur
Cette phrase est attribuée à l’empereur romain Vespasien, qui avait instauré une taxe sur l’urine utilisée pour le tannage des cuirs. Son fils, trouvant cette taxe indigne, s’était vu répondre : "Pecunia non olet" ("L’argent n’a pas d’odeur").
Aujourd’hui, cette expression signifie que peu importe la provenance de l’argent, il conserve sa valeur. Elle illustre une certaine indifférence à l’éthique financière lorsque seul le gain est pris en compte.
L’expression est à l’opposé de ce qui est autorisé aujourd’hui par la réglementation bancaire. Pour tout placement et notamment les investissements au-delà de certains seuils de montants, les intermédiaires financiers (comme Cashbee) sont obligés d’obtenir des preuves de l’origine des fonds. Cela fait partie des contrôles de lutte contre le blanchiment et du financement du terrorisme (LCBFT).
L’expression est également diamétralement opposée aux placements responsables que vous êtes de plus en plus nombreux à exiger. Il s’agit pour les investisseurs sensibles à des critères extra-financiers de prendre en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les investissements et de s’assurer que l’épargne soit dirigée vers des entreprises vertueuses et responsables.
Qui paie ses dettes s'enrichit
Ce proverbe rappelle un principe fondamental de gestion financière : éviter l’endettement permet de ne pas payer d’intérêts, typiquement élevés et d’accumuler des richesses plus efficacement.
Il met en avant l’importance d’une gestion rigoureuse du budget et du remboursement des crédits pour assurer une stabilité financière à long terme. En effet, une dette payée c'est un poids en moins et un capital préservé. Cette logique financière reste intemporelle et universelle.
Conclusion : profitez de la richesse de la langue et de la culture française pour épargner et investir mieux
La langue française nous offre de précieuses leçons de finance à travers des expressions historiques souvent utilisées dans le langage courant, sans nécessairement en connaître les origines. Qu’il s’agisse de mettre de côté pour des dépenses imprévues (l’épargne de précaution), d’investir intelligemment ou d’éviter le gaspillage, ces métaphores ancrées dans l’histoire nous rappellent des principes fondamentaux de l’épargne et de la gestion financière.
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