L’idée de lancer Cashbee nous est venue après de longues années passées dans la finance. Période pendant laquelle de nombreux proches non-initiés nous ont posé des questions comme : “Tu penses qu’il faut acheter des actions Apple ?”, “Tu aurais une idée de placement sûr, mais qui rapporte ?” ou encore “Tu as un avis sur le Bitcoin ?”...
Une conclusion nous a semblé évidente : même si on ne se l’avoue pas toujours, tout le monde aimerait en savoir plus, tout le monde aimerait épargner mieux. Nous avons juste du mal à trouver comment.
En poussant la discussion plus loin, il nous est apparu que le sentiment général à l’égard de la finance était, au mieux, une certaine forme d’ignorance passive (“je ne m’en occupe pas”), ou au pire, une forme beaucoup plus vive de rejet (“je n’ai pas confiance, je n’y comprends rien”). Dans les deux cas, un manque de temps et de connaissances élémentaires étaient les principaux obstacles à une vie financière plus sereine.
C’est d’autant plus surprenant qu’en réalité, les Français sont les champions de l’épargne. Nous mettons trois fois plus d’argent de côté que les Anglais par exemple. Le problème est que nous le mettons de côté au mauvais endroit, c'est-à-dire sur des comptes (courants le plus souvent) qui ne rapportent rien.
D’où Cashbee : l’app d’épargne simple et intelligente qui fait le lien entre votre compte courant et des produits qui rapportent vraiment.
La recherche économique à l’aide
Mais revenons à notre problème de base : le manque de connaissances financières. Est-ce réellement un problème déjà ? Et si oui, peut-on le quantifier ?
Deux chercheuses : Annamaria Lusardi et Olivia Mitchell, ont publié une étude qui fait référence en la matière, intitulée “The Economic Importance of Financial Literacy : Theory and Evidence” (“L’Importance Économique de la Connaissance en Finance : Théorie et Preuves”), en 2014.
Le test de l’épargnant
Commencez par faire le test vous-même
Il ne prend que deux minutes, les bonnes réponses se trouvent à la fin de cet article.
#1 Supposez que vous avez 100€ sur un compte d’épargne et que le taux d’intérêt est de 2% par an. Après 5 ans, combien pensez-vous que vous aurez sur ce compte, si vous ne touchez pas à la somme déposée ?
- Plus de 102 €
- Exactement 102€
- Moins de 102€
- Ne sait pas
#2 Imaginez que le taux d’intérêt sur votre compte d’épargne est de 1% par an et que l’inflation est de 2% par an. Après une année, que pourriez-vous acheter avec l’argent sur ce compte ?
- Plus qu’aujourd’hui
- Exactement la même chose
- Moins qu’aujourd’hui
- Ne sait pas
#3 L’affirmation suivante est-elle vraie ou fausse : “Acheter des actions d’une seule entreprise génère généralement un rendement plus sûr qu’un fonds commun de placement d’actions” ?
- Vrai
- Faux
- Ne sait pas
Le contenu du test
Peut-être sans le savoir, vous venez de vous faire tester sur trois concepts fondamentaux en termes d’épargne, que sont :
- Le calcul des intérêts, et la puissance des intérêts composés. C’est-à-dire le fait que les intérêts gagnés une année donnée, génèrent eux-mêmes des intérêts à partir de l’année qui suit ;
- L’inflation et ses effets négatifs sur le pouvoir d’achat; et
- La diversification du risque.
Le résultat alarmant : la compréhension élémentaire de la finance est faible
Lusardi et Mitchell ont fait passer ce test à de nombreuses personnes et dans de nombreux pays. Les résultats obtenus sont édifiants :
- En moyenne, sur l’ensemble des pays où ce test a été appliqué, seuls 30% des participants ont répondu correctement aux 3 questions du test. La France est en ligne avec cette moyenne, avec un taux de réussite de 30,9%.
- Dans la plupart des pays, à peine la moitié des participants répond correctement aux deux premières, concernant le calcul d’un taux d’intérêt et l’inflation.
- La richesse et le niveau de développement économique du pays influent peu sur les résultats de ses citoyens. Dit autrement : une population a beau mieux gagner sa vie, cela ne résout pas son manque d’éducation financière.
L’impact de l’âge
Le taux de réponses correctes augmente avec lui. Aux USA, moins de 30% des moins de 39 ans ont su répondre correctement aux 3 questions.
Les femmes moins à l’aise que les hommes… et plus honnêtes sur leurs lacunes !
Il existe également une différence notable entre les sexes, les femmes faisant plus d’erreurs que les hommes, sur l’ensemble du quiz, mais aussi sur chaque question individuelle. Notons au passage qu’elles sont bien plus nombreuses à cocher la case “Ne sait pas” que les hommes, soulignant l’excès de confiance des participants masculins.
L’importance de la maîtrise de concepts fondamentaux
Mais au delà du sentiment de fierté que vous pouvez ressentir en ayant tout bon, est-ce que réussir ce test a vraiment un impact sur votre vie ? La réponse scientifique, donnée par Lusardi et Mitchell est au moins quatre fois oui !
Votre retraite sera (financièrement) meilleure
Les personnes à l’aise en finance ont de plus grandes chances d’accumuler de la richesse. Conscientes du pouvoir étonnant des intérêts composés, notamment, ces personnes sont plus susceptibles de préparer leurs retraites. Selon les chercheuses, le fait d’avoir une seule bonne réponse supplémentaire au questionnaire augmenterait la probabilité que vous planifiez votre retraite de 3 à 4% en moyenne. Et ceux qui préparent leur retraite la commencent typiquement avec une épargne 2 à 3 fois supérieure à ceux qui ne la planifient pas.
Votre épargne sera plus rentable
Être confortable avec les concepts financiers vous donne également de plus grandes chances de bénéficier de rendements plus élevés sur vos placements. Cela semble aller de soi, mais une personne maîtrisant les concepts financiers fondamentaux investira plus facilement dans des classes d’actifs plus complexes, comme les actions ou les obligations, qui — sur des périodes longues — génèrent le plus souvent de meilleurs rendements que le livret A par exemple.
Vous aurez moins de dettes
Aux États-Unis, Lusardi a pu mettre en évidence que les personnes répondant correctement aux trois questions étaient susceptibles de refinancer leurs emprunts immobiliers quand cela devenait financièrement intéressant. Réduisant ainsi le coût de leurs dettes. Elles font aussi moins appel au crédit à la consommation et au découverts bancaires, pour financer leurs achats. A contrario, les personnes les moins à l’aise se retrouvaient statistiquement à payer plus de frais bancaires.
Vous ferez mieux face aux éventuels coups durs
Cela peut sembler évident. Mais Lusardi a détecté une corrélation positive qui permet de le quantifier. Elle a démontré que ceux qui répondent correctement aux trois questions sont beaucoup plus nombreux à pouvoir régler une facture inattendue de quelques centaines d’euros ou encore de trouver plusieurs milliers d’euros en moins de 30 jours. Dit autrement, ils sont plus nombreux a s'être préparé à l'éventualité d'une dépense inattendue et disposent plus souvent d'une épargne de précaution.
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Soyons clairs : nous pouvons débattre à l’infini des conclusions et de l’origine de ces corrélations élevées. Devient-on plus riche parce qu’on s’y connaît en finance, ou est-ce que c’est justement parce qu’on est riche, qu’on est susceptible de bénéficier d’une meilleure éducation financière ?
Quelle que soit la réponse, il nous semble que cette recherche a au moins le mérite d’attirer l’attention à un état de fait alarmant : le niveau général de connaissances financières reste bas, ce qui ne rend service à personne, encore moins dans le contexte actuel où les comptes courants ne rapportent rien.
Réponses : #1.1, #2.3, #3.2
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