« L’argent ne fait pas le bonheur…. Sans doute veut-on parler de l’argent des autres !» disait Sacha Guitry. Si nous sommes loin de penser que l’argent seul suffit au bonheur, il existe un rapport direct entre santé physique et santé financière. En ces temps de crise sanitaire, il était temps de s'y intéresser. Car votre rapport à l’argent peut impacter votre santé, en bien, ou en mal.
Le réflexe de l’autruche
L’être humain est programmé pour décider instinctivement de se battre ou de fuir face aux dangers imminents. Très utile à la survie de notre espèce à l'âge de pierre, ce réflexe explique aujourd’hui la tentation que nous pouvons ressentir de nous éloigner, de façon consciente ou inconsciente, de toute source d'anxiété. Or l'argent est sans aucun doute une source de stress pour une grande partie de la population, tentée de le gérer par la dérobade (la fuite), en évitant tout simplement – pour un temps – le sujet. Malheureusement cette phobie ne fera pas disparaître le problème.
Et à cause de ce blocage mental, il n’est pas facile de convaincre quelqu’un qui est inquiet sur ses finances de commencer à surveiller ses dépenses ou encore d’établir un budget. Ce phénomène s’accentue durant les crises, car nous craignons que si nous nous plongeons dans les factures, nous risquons de tomber sur de mauvaises surprises ! En refusant de nous y mettre, nous prenons le risque de détériorer notre santé financière, induisant une augmentation de notre stress.
Plus de mauvaises décisions
Or le stress réduit notre aptitude à faire les bons choix. Techniquement parlant, il augmente le flux sanguin et l'activité électrique dans les parties du cerveau qui régulent les fonctions de survie, comme l'amygdale, et les diminue dans le lobe frontal et le cortex pré-frontal. Or ce sont ces parties de notre cerveau qui contribuent aux aptitudes telles que la résolution de problèmes, la concentration, le contrôle des impulsions et la planification. Vous l'aurez compris, le ralentissement du fonctionnement de ces régions peut nous faire prendre des mauvaises décisions.
Sous l'effet du stress, nos décisions deviennent plus impulsives, car motivées par le besoin de survie. C'est ce qui peut nous pousser à faire des achats que l'on ne peut pas se permettre, car cet acte impulsif nous aide à soulager notre stress. Les conseils traditionnels de "respirer un grand coup" ou "d'attendre que la nuit porte conseil" avant de prendre une décision importante visent à nous permettre de contrôler nos impulsions et de donner le temps à la partie rationnelle de notre cerveau de peser le pour et le contre.
Le stress, à la longue, détruit notre santé
Dans sa forme primaire, l’argent est directement lié à notre instinct de survie. La crainte de ne pas pouvoir payer son loyer, nourrir sa famille, assurer ses vieux jours,… toutes ces peurs s’accumulent, notamment en temps de crise. Une étude menée par les départements cardiologiques, gériatriques et économiques de trois universités américaines a mis en évidence des augmentations significatives de la pression artérielle et des niveaux de glucose chez les adultes américains durant la crise financière de 2008 à 2010. Et cela notamment chez les jeunes actifs, anxieux pour leur avenir, et les propriétaires de biens immobiliers, qui voyaient la valeur de leurs résidences principales s’effondrer. Statistiquement, ces chercheurs ont aussi constaté une augmentation d'ulcères, de dépressions et des cas de troubles du sommeil.
Dans la durée, il est largement reconnu que le stress peut provoquer des habitudes malsaines, réduisant, à la longue, notre bien-être. Ainsi, l’anxiété que nous pouvons ressentir dans notre rapport à l’argent crée un accroissement du niveau de cortisol, qui stimule l’appétit. D'autres études montrent que ce stress influe sur nos préférences alimentaires et provoque des envies de nourritures grasses et sucrées. En anglais, cela s’appelle le « comfort food », en Français, la « mal-bouffe ». A l’extrême, cela cause l'obésité et le diabète.
Pour aller encore plus loin, l'Université de l'Etat de New York a identifié un lien direct entre stress financier et hausse de la consommation d'alcool et de tabac, en particulier chez les hommes âgés de plus de 40 ans. Cette même étude a démontré que le stress financier constituait un facteur contributeur à la consommation régulière de drogues dures. Et ces addictions coûtent chers, et peuvent donc augmenter les difficultés financières de la personne dépendante, créant ainsi un cercle vicieux.
“Stay calm and keep saving !”
Alors que pouvons-nous faire pour combattre ce stress financier, voire même l'éviter ? Soyons clairs, si vous êtes tombé en dépression nerveuse, ou que vous êtes souffrant, la réponse est simple : consultez un médecin. Mais si vous faites partie de cette grande partie de la population qui ressent un certain stress quand on vous parle finances ou quand il est temps de classer ses relevés bancaires et sa déclaration d'impôt, voici quelques suggestions pratiques.
La première recommandation est de vous constituer votre épargne de précaution . Il s'agit d'une somme d'argent que vous mettez de côté afin de pouvoir faire face à un coup dur. Son montant idéal dépend de la situation de chacun, car avec une famille à charge il est prudent d'en avoir un peu plus de côté que lorsqu'on est célibataire, mais le principe reste le même. On dit souvent qu'il doit être égal à 3 à 6 mois de salaire, mais l'important est que cet argent soit placé de façon sécurisée et qu'il soit toujours accessible. L'application Cashbee par exemple, vous permet de mettre cette somme sur un compte bancaire à votre nom, "à vue" (c'est-à-dire qu'un simple clic suffit pour le ramener sur votre compte courant) tout en gagnant un peu d'intérêts. Une fois ce matelas de sécurité constitué, vous savez que vous avez de quoi tenir en cas de besoin. La tension financière devrait, à minima, tomber d'un cran.
La seconde idée est de prendre un rythme, et de vous occuper de vos finances par petit bout, mais régulièrement. C'est un peu comme le sport, le plus dur est de s'y mettre mais une fois que vous y consacrez ne serait-ce que quelques heures par mois, votre santé (financière) s'en ressentira. Car en revoyant votre "paperasse" plus régulièrement, les dépenses inutiles apparaîtront plus rapidement et les opportunités pour mettre de côté aussi. D'ailleurs, en parlant de rythme, pensez à automatiser votre effort d'épargne en mettant une somme fixe de côté tous les mois, le jour après avoir reçu votre salaire par exemple. Et à force de vous occuper de votre administration et de votre budget, vous comprendrez mieux. Or l'origine d'une grande partie du stress vient de notre manque de compréhension du monde financier, qui crée une certaine appréhension quand nous devons l'aborder.
La troisième n'a rien avoir avec la finance. Si votre niveau de stress monte, pratiquez une activité qui le réduit. La course à pied, la méditation, le yoga, la cuisine, la natation ou encore le dessin sont autant d'activités qui sont faciles à pratiquer, relaxantes et qui permettent de se changer les idées et de se re-concentrer par la suite.
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