Vous avez peut-être entendu parler des Magnificent Seven, ou sept magnifiques. Non, il ne s’agit pas du western avec Denzel Washington, mais bien de sept entreprises technologiques américaines, qui ensemble, influent de façon disproportionnée sur la bourse mondiale. Est-ce un problème ?
Qui sont les Sept Magnifiques ?
Vous les connaissez sans doute. Il s’agit d’Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet (le parent de Google), Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp), Tesla et Nvidia, le fabricant de puces électroniques.
Des firmes qui, chacune dans son domaine, sont des leaders incontestés et sont présentes sur tous les continents.
Qu’est-ce que les Sept Magnifiques ont de magnifique ?
Du point de vue des marchés financiers, le succès de ces sociétés s’est traduit par une appréciation significative de leurs cours de bourse au fil des années. Et comme leurs capitalisations boursières (c’est-à-dire la valeur marchande d’une entreprise cotée) ont énormément grossi, toute augmentation de leurs cours de bourse représente, en valeur absolue, une création de valeur importante.
Cette année, les sept entreprises ensemble représentent tout simplement la majeure partie de la performance boursière. Pas uniquement aux US, où ces sociétés sont cotées, mais au niveau mondial.
Pour illustrer cette influence extraordinaire des Sept Magnifiques sur l’appréciation de la totalité des marchés actions, étudions l’indice MSCI Monde, qui regroupe 1600 entreprises, cotées sur 23 bourses à travers le monde. Cet indice reflète en quelque sorte l’évolution de la bourse “mondiale”. Depuis le début de l’année, sa performance est positive. Mais en excluant les Sept Magnifiques, elle serait négative.
Cela donne une idée du poids que les sept entreprises ont pris dans les indices. Là aussi, illustrons nos propos. Il y a dix ans, elles représentaient, ensemble, 7% de l’indice MSCI USA (qui représente la totalité du marché actions américain). En juillet, les mêmes sociétés représentaient plus du quart de cet indice.
Aurait-il fallu n’investir que dans les Sept Magnifiques ?
Attention aux statistiques. Parmi les 1593 sociétés cotées faisant également partie de l’indice MSCI Monde, il y a en a sûrement dont le cours de bourse a également augmenté, et probablement plusieurs entreprises dont le cours de bourse s’est envolé encore plus que ceux des Sept Magnifiques. Mais leur performance a été “annulée” par la baisse des cours de bourse d’autres entreprises incluses dans l’indice.
Donc acheter les actions d’une ou plusieurs des Sept Magnifiques n’était pas la seule façon de générer du rendement positif en bourse depuis le début de l’année. Ce qui est certain, c’est que ne pas inclure les sept magnifiques dans votre portefeuille vous aura fait passer à côté de leur appréciation collective.
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Découvrir l'appEst-ce que la bourse n’est pas trop dépendante des Sept Magnifiques ?
Instinctivement, difficile de penser que ce soit sain qu’une poignée de valeurs boursières représentent plus du quart du marché des actions cotées aux US. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, dans la pratique, cette situation n’est pas si exceptionnelle que cela.
Le professeur Bessembinder a étudié le marché boursier de 1926 à 2022. Ses recherches démontrent qu’un petit nombre de valeurs ont toujours tiré la bourse. Il souligne tout d'abord que la bourse a été créatrice d’une richesse colossale, car la valorisation boursière dans le monde a augmenté de 55 trilliards de dollars sur la période. Mais la création de cette valeur a été très inégale et notamment du fait de l’appréciation significative d’un petit nombre d’actions parmi l’ensemble des actions cotées.
Le professeur fait d’ailleurs un constat surprenant. Selon lui, la plupart des actions détruisent de la valeur, parce que dans 60% des cas, le cours des actions ont donné des rendements inférieurs au taux d’intérêt versé par le US Treasury (la dette d’État américaine) à court terme. C’est l’alternative de placement que de nombreux chercheurs désignent comme l’investissement sans risque.
En revanche, les 50 entreprises dont les cours de bourse se sont les plus appréciés représentent 43% de la création totale de valeur sur le marché américain. Mieux, les 10 entreprises les plus performantes ont délivré, à elles seules, 20% du total.
Les 10 valeurs américaines créatrices de valeur
Quatre des Sept Magnifiques sont dans ce top 10, qui couvre une longue période pendant laquelle certaines de ces sociétés n’existaient même pas. Les sociétés pétrolières Exxon et Chevron, le géant de la grande distribution Walmart et les fabricants de biens de consommation Johnson & Johnson et Procter & Gamble complètent la liste .
Que faut-il retenir si on est investisseur amateur ou éclairé ?
La première observation est bien que le marché action (aux USA comme ailleurs) est créateur de valeur sur le long terme. C’est-à-dire que le placement en actions, sur des périodes longues et en moyenne, génère des rendements attractifs pour les épargnants. Cependant, il faut aussi comprendre que cette performance des marchés boursiers est relativement concentrée.
Le stock-picking est difficile
Lors des dernières décennies, la plus grande création de valeur a été fournie par quelques entreprises technologiques qui dominent aujourd’hui leurs marchés. Mais il est très compliqué d’identifier aujourd’hui les champions de demain. Pour chaque Microsoft, il existe sans doute des dizaines de sociétés de software dont nous n’entendons plus parler parce qu’elles ont disparu.
Par ailleurs, de nombreux champions d’hier n’ont pas réussi à tenir leurs positions de leader. Les valorisations boursières de Nokia, dans la téléphonie mobile, ou Polaroïd dans le domaine de la photographie, ont connu des sommets, avant de retomber brutalement lorsque des concurrents ont proposé de meilleurs produits.
Sélectionner les “meilleures” actions, dont les cours de bourse vont le plus s’apprécier dans les années à venir est donc très complexe. Cette approche, aussi appelée le “stock picking”, est une stratégie d’investissement qui peut rapporter gros, mais qui exige énormément d’analyse financière (et donc du temps). Même si Warren Buffett, un des hommes les plus riches du monde, est devenu milliardaire grâce à ses talents de sélection de valeurs boursières sous-cotées, cette tactique n’est pas certaine de délivrer une sur-performance par rapport à la performance du marché action dans son ensemble. De nombreux gérants professionnels ne réussissent d’ailleurs pas à “battre le marché”, de façon régulière, année après année.
La diversification
Pour un épargnant individuel qui cherche à investir sur le long terme, afin de viser un rendement attractif sans prendre de risques inconsidérés, l’analyse qui précède favorise donc la diversification. C’est-à-dire ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier et constituer un portefeuille dans lequel se retrouvent de nombreuses actions différentes, en termes de géographie (diversification géographique) et de secteurs d’activité (diversification sectorielle).
La diversification permet ainsi non seulement de minimiser les risques de perte, mais aussi d’éviter de passer à côté des plus grandes réussites boursières.
La surveillance du portefeuille
Les exemples de Nokia et de Polaroid, mais on pourrait aussi parler de General Electric, IBM ou encore Xerox, montrent que des entreprises championnes dans leurs domaines (et donc créatrices de valeur), peuvent perdre de leur superbe, et perdre leur statut de leader. Ce qui fait typiquement chuter leurs cours de bourse.
Il s’agit donc non seulement de sélectionner les placements en actions avec soin à la constitution d’un portefeuille diversifié, mais aussi de suivre l’évolution de la santé financière et stratégique de chacune des valeurs incluses dans le portefeuille.
Afin de gérer le portefeuille de façon dynamique, et d’ajouter et sortir des positions selon l’évolution fondamentale de chacune des entreprises. Attention, nous ne préconisons
pas de faire des changements fréquents et d’acheter et de vendre quotidiennement, ou à la moindre baisse d’un cours de bourse donné. Nous suggérons d’être attentif aux changements fondamentaux qui peuvent affecter votre thèse d’investissement initiale.
L’avantage de la gestion pilotée, des fonds et des ETFs
Tout cela peut paraître complexe. Et avouons le, demande du temps et des connaissances en finance. Heureusement il existe des alternatives permettant aux épargnants individuels de sous traiter la constitution et la gestion de leurs portefeuilles d’actions.
Il en existe notamment trois :
- La gestion pilotée vous permet de déléguer la gestion (d’une partie) de votre portefeuille d’investissement à des experts. Qui doivent tenir compte de votre profil d’investisseur et notamment de votre appétence au risque, de votre horizon de placement, mais aussi de vos convictions personnelles.
- L’investissement en fonds (actions). De très nombreux gestionnaires d’actifs et de nombreuses banques proposent des fonds. En achetant des parts de ces fonds, vous devenez propriétaire d’un portefeuille d’actions, géré par des spécialistes. Ces fonds peuvent être thématiques, comme par exemple des fonds d’actions de sociétés financières, ou de sociétés technologiques, vous permettant de vous exposer à certains secteurs spécifiques de l’économie mondiale. Ils peuvent aussi être géographiques (fonds actions US ou fonds actions japonaises). En faisant votre marché vous pouvez ainsi vous constituer un portefeuille de fonds de différents types. Ce portefeuille sera, par construction, très diversifié.
- Les ETFs, ou Exchange Traded Funds. Il s’agit de fonds d’un type particulier, qui ont pour seule vocation de répliquer la performance d’un indice donné. Vous pouvez ainsi investir dans un ETF actions monde, qui cherchera à copier la performance de l’indice MSCI World. Ou encore un ETF qui réplique la performance du CAC40, regroupant les 40 valeurs boursières les plus importantes cotées à la bourse de Paris. Là aussi, un portefeuille qui contient un ou plusieurs ETFs sera structurellement très diversifié.
L’avantage supplémentaire de l’investissement en fonds actions ou en ETFs est que ces investissements sont possibles à partir de montants relativement faibles. Un épargnant disposant de quelques économies à placer peut donc diversifier son portefeuille, sans avoir à disposer d’un capital de départ important (indispensable s’il veut acheter les actions de toutes les sociétés constitutives du S&P 500 ou du CAC40 par exemple).
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