Impacts probables de la baisse des taux sur les classes d'actifs

Sep 17, 2024

Nous venons de rentrer dans un cycle de baisse de taux. Il reste à déterminer jusqu’où et pendant combien de temps, mais en attendant, de nombreux clients nous demandent quels effets ce phénomène devrait avoir sur leurs placements. Notre réponse, en quelques paragraphes.

Le cycle de baisse de taux est entamé

Petit retour en arrière pour illustrer notre postulat, qui est que nous sommes bien entrés dans une phase baissière des taux d’intérêt.

En 2021, l’inflation, quasiment inexistante depuis plusieurs années, s’est très fortement accrue, poussée par la hausse de la consommation post-pandémie (le “revenge spending”, ou dépenses permettant de prendre sa revanche et de rattraper le temps passé en confinement) et par l’augmentation du prix de l’énergie consécutif à la guerre en Ukraine. En réponse, les grandes banques centrales, dont notamment la Fed aux USA, la BCE pour la zone Euro et la Bank of England pour le Royaume-Uni ont fortement remonté leurs taux directeurs.

Mais depuis plusieurs trimestres, elles ont changé de ton et cessé de remonter toujours plus les taux directeurs. En effet, leur stratégie a payé, et la courbe de l’inflation s’est inversée. A tel point que l’objectif officiel des banques centrales, une inflation d’environ 2% par an, est de nouveau en vue.

Cela a permis à la BCE de déclencher le cycle de baisse des taux en juillet, lorsqu’elle a abaissé son taux directeur de 4,25 % à 3,75 %. Elle a renouvelé l’exercice début septembre, pour réduire les taux à 3,50%. 

C’est maintenant le tour de la Fed, qui a procédera sans doute à une première baisse en septembre 2024, ramenant le taux des fonds fédéraux de 5,5 % à 5,25% potentiellement même 5,00%.

Source : LSEG, Financial Times

En bref, après une phase prolongée de hausse des taux pour contrer l’inflation post-pandémie, la détente des prix et les craintes d’un ralentissement économique poussent désormais les autorités monétaires à baisser les taux pour soutenir l’activité économique.

Les taux d’intérêts sur livrets bancaires orientés à la baisse

Qu’est-ce que cela signifie pour votre portefeuille de placements ? Passons les grandes catégories en revue. À commencer par le placement le plus simple : le livret bancaire.

Les baisses de taux directeurs se répercutera directement sur la rémunération des produits d’épargne bancaire classiques (les livrets d’épargne) et réglementés (comme le Livret A). 

Lorsque les taux directeurs baissent, les banques ajustent à la baisse les taux d’intérêt qu’elles versent sur ces livrets, car elles peuvent emprunter à des conditions moins onéreuses.

Révision du Livret A en 2025 à craindre

Le taux du Livret A est typiquement révisé deux fois par an selon une formule de calcul qui tient compte des taux directeurs et de l’inflation. Par exception, il avait été fixé à 3% jusqu’en février 2025. Mais une révision à la baisse dès cette date est très probable. 

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Impact positif sur les fonds obligataires

Le lien entre la baisse des taux d’intérêt et la valorisation des obligations est direct : quand les taux baissent, les obligations déjà en circulation, qui offrent des taux plus élevés, voient leur prix augmenter. Cela profite aux investisseurs qui détiennent des obligations à taux fixes ou des fonds obligataires.

Illustrons ce phénomène par un exemple simple. Si une obligation a été émise avec un coupon de 3 % et que les taux du marché baissent à 2 %, l'obligation devient plus attractive, car elle verse un rendement supérieur. Sa valeur marchande augmente donc sur le marché secondaire.

Toute chose étant égale par ailleurs, un fonds obligataire qui a investi dans des obligations durant les derniers trimestres va mécaniquement voir la valeur de ses lignes obligataires augmenter.

Le cas particulier des fonds euros

De très nombreux épargnants français sont investis dans des contrats assurance vie en fonds euros. Ces contrats ont la particularité d’être “à capital garanti”, ce qui veut dire que la société d’assurance prend l’engagement de vous rembourser votre capital initialement versé sur le contrat (moins les frais de gestion). 

Pour pouvoir donner cette garantie, les gestionnaires de l’assureur investissent typiquement les fonds versés par les souscripteurs dans des placements très sûrs et prudents, … typiquement dans des obligations. 

Une baisse des taux d’intérêts devrait donc aussi favorablement impacter la performance des fonds euros. Mais avec une nuance importante. Dans les années de baisse des taux, où la performance des portefeuilles obligataires est bonne, les sociétés d’assurance en profitent pour mettre un bout de cette performance de côté (sous forme de provisions), afin de pouvoir redistribuer une partie de ces réserves, les années de vaches maigres.

Impact incertain sur le cours des actions

L’impact des baisses de taux sur les marchés actions est plus complexe et dépend largement du contexte économique général. La question clé que se poseront les investisseurs en actions est la suivante : est-ce que les réductions de taux interviennent juste à temps pour éviter une récession économique ? Ou est-ce que les banques centrales ont trop attendu, et laissé les taux d’intérêt élevés étrangler la faible croissance économique ?

Le premier scénario est communément appelé celui du “soft landing”, ou l’atterrissage en douceur. C’est celui qui est actuellement privilégié et qui soutiendrait les cours de bourse (relativement élevés sur une base historique) actuels.  Surtout que des taux plus bas pourraient inciter les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés dans des classes d’actifs plus risqués comme les actions.

Dans le second scénario, il est probable que les entreprises réaliseront moins de bénéfices, et déçoivent les attentes du marché. Une récession économique pourrait ainsi provoquer une correction plus ou moins forte des valorisations boursières.

Impact sur les commodités (or, pétrole, matières premières)

Historiquement, les commodités, et particulièrement l’or, bénéficient des cycles de baisse des taux. Lorsque les taux baissent, le coût d’opportunité de détenir des actifs non rémunérateurs, comme l’or, diminue. Autrement dit, quand les taux d’intérêts sont élevés, les investisseurs qui disposent de liquidités bénéficient d’une rémunération attractive (le taux d’intérêt) en attendant de placer cet argent. Pour les pousser à déployer cette somme sur un investissement donné, il faut que le rendement potentiel de ce placement soit bien plus attractif que ce taux d’intérêt, sans risques. C’est encore plus vrai pour les convaincre d’investir dans des métaux, comme l’or, qui, en soi, ne produisent aucun revenu. 

La baisse des taux rend donc mécaniquement les investissements en commodités plus attractifs.

De plus, les baisses de taux aux US affaiblit généralement le dollar américain. Or les matières premières, comme l’or et le pétrole, s’échangent traditionnellement en US Dollars. Une baisse de cette devise rend mécaniquement les matières premières moins chères pour les investisseurs étrangers, qui évaluent la valeur de leurs portefeuilles en “leurs” devises locales.

Le cas particulier de l’or

L’or est souvent perçu comme une valeur refuge en période d’incertitude économique et monétaire. Le nombre d’investisseurs qui craignent une correction possible est en hausse. Ceux qui cherchent des moyens pour protéger leurs portefeuilles contre une possible chute brutale des cours de bourse sont attirés par le métal jaune et ont sans doute, collectivement, stimulé une partie de la forte hausse du cours de l’or depuis quelques trimestres. 

L’or bénéficie également d’un certain nombre de facteurs techniques, dont notamment la demande de certaines banques centrales, que nous avons décrits en détail dans un autre article.

Tout ça pour illustrer que le cours de l’or, pourtant à un record historique, pourrait continuer de bénéficier de vents favorables.

Cas du pétrole et des autres matières premières

L’analyse est plus complexe pour les autres matières premières, qui ne sont pas nécessairement perçus comme des valeurs refuges. 

Prenons les cas du pétrole, de l’acier et du cuivre. Si la baisse des taux se fait dans un contexte favorable d’un soft landing, les entreprises continueraient à se développer et à investir, ce qui stimulerait la demande globale pour ces ressources. Une demande en hausse soutiendrait les cours du baril, de l’acier et du cuivre. 

Mais en cas de récession économique, la demande pour ces matières premières baisserait. Ce qui pourrait peser sur les cours de ces matières premières.

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Conclusion

La baisse des taux directeurs amorce une nouvelle phase pour les placements des investisseurs. Tandis que les livrets d’épargne, dont le Livret A, vont probablement voir leur rémunération diminuer, les fonds obligataires devraient en revanche profiter de cette situation. Les marchés actions et les commodités, quant à eux, réagissent de manière plus nuancée en fonction des dynamiques économiques globales. Une analyse attentive du contexte économique sera donc essentielle pour orienter ses investissements dans cette nouvelle ère de baisse des taux.

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