L’investisseur légendaire Warren Buffett, aussi connu sous le nom de Sage d’Omaha, aime partager son expérience d’investisseur. Comme il a 89 ans et qu’il investit depuis son adolescence, il en a plus que d’autres. Ses conseils sont bons à prendre, notamment quand les marchés traversent une tempête.
Warren qui ?
Pour certains de nos lecteurs, passionnés de finance et d’investissement, Warren Buffett ne requiert aucune introduction. Mais pour d’autres, cet octogénaire atypique mérite peut-être une brève introduction. Il adore boire du Cherry Coke et jouer au bridge avec Bill Gates. Et il a accumulé sa fortune en faisant de son hobby - investir -, son métier. Sa société, Berkshire Hathaway, est basée dans la petite ville d’Omaha, dans l’état du Nebraska, loin des centres financiers et places boursières. Il y effectue ses placements avec son ami et associé Charlie Munger (96 ans) et une poignée de collaborateurs. Au-delà de prendre des parts dans des sociétés comme Apple, Bank of America et Coca Cola, ils n’hésitent pas à acheter des entreprises entières, qui, ensemble, emploient plus de 350 000 personnes. Berkshire Hathaway est ainsi devenu la 14ème plus grosse entreprise du monde en termes de revenus et sa capitalisation boursière dépasse les 455 milliards de dollars. Buffett en détient plus de 16%, ce qui fait de lui le 4ème homme le plus riche de la planète.
Pour le rencontrer, rien de plus facile. Tous les ans, il met aux enchères un déjeuner en tête à tête, levant ainsi des fonds pour des oeuvres caritatives. L’année dernière, ce lot a été adjugé pour 3,3 millions de dollars. Un peu chèr pour vous ? Pas de problèmes, car il se trouve que Buffett dispense ses conseils publiquement, dans de nombreux interviews ou encore dans sa lettre annuelle à ses actionnaires, délibérément rédigée en un langage simple et dépourvu de jargon financier.
Au fil des années, le message clé de cet investisseur chevronné est resté remarquablement constant : établissez un plan sur le long terme, et restez calme, notamment quand d’autres paniquent ! Voici donc les trois règles d’or dont Buffett ne dévie jamais.
Règle 1 : personne ne peut timer le marché
Quand les marchés montent, tout va bien, mais quand ils se mettent à “corriger” (c’est-à-dire baisser) nous stressons tous, car nous nous disons que nous sommes en train de perdre de l’argent. La recommandation de Buffett est simple : plutôt que des garder nos yeux rivés sur les cours de bourse du moment, mieux vaut se souvenir de notre plan d’investissement initial, et notamment se rappeler de notre horizon de placement. Les marchés bougent, parfois violemment, sur des durées courtes, mais sur des durées longues, ils ont tendance à monter de façon relativement régulière. Et c’est sur des durées longues que nous faisons nos placements ! Donc il s’agit de ne pas céder à la panique.
D’autres grandes figures de l’investissement rejoignent d’ailleurs Buffett pour souligner l’importance de ne rien faire, lorsque les cours de bourse tanguent. “Le temps est votre ami ; l’impulsion votre ennemi” aimait dire Jack Bogle, le fondateur de Vanguard, une des sociétés de gestion les plus importantes au monde.
Si on suit ce conseil, l’activité d’investissement devient très ennuyeuse. Car contrairement aux day traders, qui achètent et vendent littéralement à longueur de journée, vous n’effectuerez que très peu de changements dans votre portefeuille, mûrement réfléchi au départ. Investir sera “aussi excitant que de regarder de la peinture sécher”, selon Buffet.
Règle 2 : c’est quand les prix baissent, que des opportunités de placement se présentent
La stratégie d’investissement de Buffett est étonnante de simplicité : il achète des entreprises exceptionnelles à des prix abordables. Il suffit donc d’être capable d’identifier ces fameuses sociétés exceptionnelles et de définir ce qui serait un prix abordable pour en acheter l’action. Il est logique que les prix deviennent beaucoup plus abordables dans un marché baissier.
Dans sa lettre aux actionnaires de 1997, Buffet explique l’attractivité d’un marché en baisse de la façon suivante :
“Si vous projetez d’épargner pendant les cinq ans à venir, devriez-vous espérer avoir un marché en hausse ou en baisse durant cette période ? Beaucoup d’investisseurs se trompent dans la réponse. Même s’ils seront des acheteurs nets d’actions pendant de nombreuses années à venir, ils se réjouissent quand les actions montent, et dépriment quand ils baissent. (...) Cette réaction n’a pas de sens. Seuls ceux qui chercheront à vendre leurs actions dans un avenir proche devraient se réjouir de voir les actions monter. Des acheteurs potentiels devraient préférer des prix qui baissent.”
Règle 3 : soyez contrariant !
Acheter bas pour vendre haut, est un objectif de placement bien connu, que peu d’investisseurs atteignent. Mais Buffett précise : “Soyez craintif quand d’autres sont avides, et avide quand d’autres sont craintifs.”
C’est ainsi que Buffet a massivement investi en octobre 2008, alors que la crise financière battait son plein et que le marché actions avait corrigé de 40% depuis son plus haut. Tout en expliquant publiquement qu’il n’avait aucune idée de ce que les prix feraient dans le court terme. Sa conviction profonde était tout simplement que l’histoire se répèterait, et que le marché allait, un jour, rebondir pour atteindre de nouveaux sommets.
Bien vu. Un investissement de 1 000€ à l’époque vaut pas loin de 4 000€ aujourd’hui. Placé dans un fonds monétaire, cette même somme ne vaudrait que 1 050€.
Adopter une attitude contraire au marché n’est pas facile. Les journaux sont remplis de messages alarmants, et sur papier votre portefeuille est dans le rouge. Avoir la tranquillité d’esprit d’acheter plus, alors que le monde semble s’écrouler, est psychologiquement complexe.
Le bonus : que les amateurs éclairés adoptent des stratégies simples
C’est pourquoi Buffett précise que d’investir comme il le fait, en sélectionnant lui-même les entreprises dans lesquelles il prend des parts, nécessite beaucoup d’expertise (comptable et financière) et beaucoup de temps. Si vous ne disposez pas des deux, il vous conseille d’adopter des stratégies beaucoup plus simples.
La première consiste à chercher à s’exposer au marché dans son ensemble, plutôt que d’essayer de le battre en sélectionnant quelques valeurs individuelles parmi toutes celles qui le constituent. Cela peut se faire facilement via des fonds indiciels, qui répliquent la performance d’un marché donné (exemple : le marché des actions américains) ou des fonds thématiques, qui vous exposent à des secteurs (les entreprises technologiques), ou sujets précis (les obligations vertes).
La seconde, qui peut se combiner avec la première, consiste à automatiser vos investissements dans le temps. Transférer une somme tous les mois vers votre contrat assurance-vie placé dans des fonds spécifiques, vous évite de vos soucier du bon ou du mauvais timing de votre investissement. Vous investissez au fil de l’eau !
Et au 21ème siècle, la technologie vous permet de le faire depuis votre canapé, via des applications dédiées à l’épargne. Si vous ne savez pas laquelle choisir, nous avons nos idées sur le sujet !
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