Analyse rétrospective des 10 placements pour 2023

Dec 7, 2023

Nous adorons cet exercice annuel d’auto-critique. 

En décembre dernier, nous vous avions suggéré 10 placements pour l’année 2023. Comme pour les années précédentes, le moment est venu pour nous d’analyser la pertinence de nos propositions, froidement, sans fausse modestie (pour les bonnes pioches), mais sans se trouver de fausses excuses non plus (pour les moins bonnes …. voir désastreuses).

Forts des leçons apprises cette année, nos dix propositions pour 2024 suivront dans les jours à venir !

Le livret rémunéré de Cashbee (Note : 18/20)

Risque : nul

Ça commence bien. 

Le super livret bancaire de notre partenaire My Money Bank, parfaitement liquide et sans risque, a pleinement joué son rôle et a fait bénéficier ses détenteurs de la hausse des taux. Il y a un an, ce livret rapportait 3% pendant 4 mois (dans la limite de 150 000 euros), puis 1,2%. Aujourd’hui, un déposant qui ouvre un compte bénéficie de 4% pendant 4 mois, suivi de 3%. Nos clients existants ont vu leur taux d’intérêt augmenter de 1,2% à 3%. Cela peut paraître modeste, mais la rémunération a été ainsi multipliée par 2,5 en un an. 

Certes, celle-ci reste inférieure à l’inflation, mais le livret Cashbee reste pour nous un support idéal pour votre épargne de précaution, toujours accessible. Quitte à choisir un livret, autant sélectionner celui qui offre le meilleur taux de la place.

Les produits structurés (Note : 15/20)

Risque : faible pour les produits structurés à capital garanti

Autre bonne pioche. Pas de stress !

Comme nous l’avions anticipé, la hausse des taux d’intérêt et la volatilité ponctuelle sur les marchés financiers nous a permis de concevoir des produits structurés visant des rendements attractifs, tout en offrant une protection partielle ou totale sur le capital investi. 

Ainsi, notre tout premier produit structuré distribué en collaboration avec Irbis Finance, Exigence 16, a atteint son objectif. Son indice sous-jacent a dépassé le niveau constaté à la première date de constatation, ce qui a déclenché son remboursement automatique, et le versement du coupon de 10% au bout d’un an.

Pour cet exercice, nous avions sélectionné Onyx 1, un produit structuré à capital garanti visant un rendement annuel de 6%. Certes, sa valorisation actuelle est inférieure au pair car le sous-jacent de ce produit structuré, l’indice iStoxx France ESG 40 décrément 50, a baissé par rapport à son niveau constaté à l’émission. Mais cette baisse est relativement modeste, et la première date de constatation est le 7 mars 2025 prochain. Nous avons donc le temps de suivre l’évolution de cet indice. Par ailleurs, même si l’indice ne dépasse pas le seuil qui déclencherait le remboursement par anticipation à la première opportunité (en 2025), il nous restera 8 dates d’observation annuelles à l’occasion desquelles le produit pourrait être rappelé. 

Donc nous restons sereins et le cours actuel ne nous trouble pas outre mesure (car nous savons aussi que nous bénéficierons, dans le pire des scénarios) de la garantie en capital à l’échéance. 

La dette subordonnée perpétuelle d’EDF (Note : 19/20)

Risque : faible 

Excellente suggestion ! 

Quand nous avons ajouté cette idée d’investissement à notre liste, nous avions bien précisé que nous étions attiré par le coupon de 7,5% annuel que verse EDF sur cette dette subordonnée perpétuelle. 

Et nous avions également souligné que le cours de cette obligation pouvait fluctuer en fonction de l’évolution des taux d’intérêt (pour rappel, lorsque les taux montent, les cours des obligations sont censés baisser). 

Or, malgré la hausse des taux, la demande pour ce titre obligataire en a fait monter le cours. Donc un investisseur qui aurait suivi notre conseil a non seulement reçu son coupon de 7,50% sur le montant placé, mais son investissement vaut pas loin de 7% de plus qu’il y a un an.

Cours de l’obligation perpétuelle EDF 7,50% en EUR

Seul bémol, les titres obligataires d’EDF s’échangent pour une valeur nominale de 200 000 euros par obligation, et ne sont donc pas facilement accessibles pour le petit porteur.

Les valeurs bancaires Européennes (Note : 20/20)

Risque : modeste

Encore un pari gagnant !

Nous croyons en cette thématique depuis plusieurs années, car les actions bancaires s’échangent à des niveaux théoriquement attractifs. En bourse, une des façons les plus usuelles d’évaluer l’attractivité d’une valeur bancaire est d’en calculer le ratio “price-to-book”, c'est-à-dire de diviser la capitalisation boursière de la banque par la valeur de son actif net. Or, pour un grand nombre de banques, ce ratio est inférieur à un. Ce qui signifie, que la banque vaut moins que la somme de la valeur de ses biens. 

En outre, il nous semblait que la hausse des taux, très largement anticipée, serait favorable à ce secteur. Notre raisonnement simpliste était que des taux d’intérêts plus élevés permettent aux banques de prêter à des tarifs plus chers. Et tant qu’elles continuent à ne verser aucun intérêt sur leurs comptes courants et des intérêts très faibles sur leurs livrets d’épargne, leurs marges augmenteraient automatiquement. 

La référence que nous avions retenue pour cette idée était l’indice Stoxx Banks EUR, qui cotait à un prix de 91,50 euros il y a un an. Aujourd’hui, cet indice vaut 118,40 euros, correspondant à un gain de 29,5%. 

Boom ! (Ne vous en faites pas, nous restons humbles, car ça va se gâter pour nous !)

All weather fund, ou portefeuille “tout-terrain” (Note : 2/20)

Risque : modeste

Aïe, ça se complique !

L’idée était pourtant belle (enfin, elle nous semblait judicieuse à l’époque). Dans des conditions de marché incertaines, les fonds spécialisés “all weather” peuvent faire sens, car leur objectif affiché est de générer des rendements positifs, quelles que soient les conditions de marché. En théorie, dans les bonnes années vous gagnez un peu moins, mais quand ça tangue, votre investissement délivre quand même une performance positive.

La théorie est attractive sur papier, mais parmi les fonds de ce type sur le marché, nous avons retenu le mauvais cheval. En effet, nous avions sélectionné le All Weather Fund de Ruffer qui affiche un rendement moyen annuel de +8,1% sur une période de 28 ans. Sauf que 2023 aura été un mauvais cru pour leurs gestionnaires. Sur 12 mois glissants, le fonds Ruffer affiche une performance négative de 9%.

Notre seule défense est que pour ce type de fonds il est recommandé d’analyser les performances sur une durée pluri-annuelle, mais cela ne fait pas partie de la règle du jeu. 

Sur une année, cette recommandation est tout simplement mauvaise. On se donne 2 points sur vingt, car il y a pire !

Les Aristocrates du Dividende : Coca Cola et Enbridge (Note : 9/20)

Risque : modeste

En deux mots, pas terrible.

Nous avons joué cette thématique en 2022, en sélectionnant L’Oréal et la société pharmaceutique Roche. Les résultats n’avaient pas été concluants, et nous avons donc changé notre sélection en 2023, pour miser sur deux autres aristocrates du dividende, ces sociétés qui versent des dividendes égaux ou supérieurs à l’année précédente pendant au moins 20 années consécutives : Coca Cola et Enbridge, une société canadienne d’infrastructures énergétiques.

Première observation. On aurait mieux fait de garder L’Oréal, dont le cours de bourse s’est envolé de 22% en 12 mois. La morale : avoir la force de ses convictions !

Seconde constatation : les deux valeurs retenues ont vu leurs cours de bourse décliner, de 7,50% pour Coca Cola, et de 11,3% pour Enbridge. 

Troisième facteur à prendre en compte : les dividendes nous sauvent, à la marge. En 2023, Coca Cola en a versé 1,84 Dollars et Enbridge a distribué 3,55 Dollars Canadiens par action. Ces dividendes viennent compenser partiellement la baisse des cours de bourse des deux valeurs et qu’il faut prendre en compte dans le calcul du retour sur investissement (le fameux ROI).

Comme le rendement généré par cette idée, dividendes inclus, reste modérément négatif sur un an, nous ne pouvons nous accorder la moyenne. Mais nous n’étions pas loin !

Le marché actions indien (Note : 16/20)

Risque : élevé

Ouf, on remonte la pente.

Nous ne sommes pas des experts des marchés émergents et nous avions souligné l’année dernière combien nous nous en méfions, surtout dans un contexte de hausse de taux. En effet, certains pays émergents sont fortement endettés et donc susceptibles de rencontrer des difficultés, soit pour se refinancer, soit pour payer le coût de leurs dettes existantes. 

Néanmoins, nous croyons en l’émergence de l’Inde, en son économie vibrante, et en ses institutions politiques (relativement) stables.  

Nous avions choisi le Dalton India Ucits Fund pour jouer la thématique, dont la part valait 1 821 euros en décembre dernier. Son cours actuel atteint 2 037 euros. Soit une hausse de presque 12%.

Une bonne performance, mais pour un risque élevé, donc la note que nous attribuons se situe entre la moyenne et le carton plein.

La tech chinoise (Note : 5/20)

Risque : très élevé

Mais qu’est-ce qui nous a pris ?

Les valeurs technologiques chinoises avaient fortement corrigé en 2022, sous l’effet :

  • d’un rebond peu convaincant de l’économie chinoise post-COVID, 
  • l’intervention, parfois musclée, des autorités chinoises sur les orientations stratégiques de ces mastodontes et 
  • les tensions géopolitiques entre la Chine et les US, qui pèsent sur les axes de développement de ces entreprises.  

Notre thèse : la chute des cours des actions pourrait s’avérer être un point d’entrée attractif, en amont d’un rebond possible. Ce rebond serait sans doute favorisé si les dirigeants chinois se montraient un peu plus souples et constructifs à l’égard du secteur technologique (en reconnaissance de l’importance que ces entreprises jouent pour l’économie chinoise plus largement). Une hypothèse dont la probabilité était difficile à estimer. Nous avons donc rappelé que cette recommandation était “sportive”. 

Pour mesurer la pertinence de notre suggestion d’investissement nous avions retenu l’ETF China Technology, proposé par le gestionnaire Invesco, dont la part valait 42,80 US Dollars, il y a un an. Son cours est tombé à 35,71 Dollars, soit une baisse de 17%.

Nous en tirons deux enseignements : premièrement, ce n’est pas parce qu’une valeur ou un secteur a fortement corrigé durant une année que la chute ne peut pas continuer.

Deuxièmement, investir sur la base d’un potentiel revirement politique n’est pas très sain, surtout quand il s’agit d’un pays lointain, dont on ne comprend pas forcément la subtilité des dynamiques politiques.

Ce qui nous sauve, c’est d’avoir investi dans un fonds, afin de jouer la thématique en prenant une exposition diversifiée sur un secteur. Et donc de ne pas investir dans une ou deux valeurs technologiques spécifiques, ce qui aurait pu conduire à des performances bien pires encore.

Donc nous sommes forcément largement en dessous de la moyenne, mais nous méritons quelques points pour une approche prudente d’une thématique complexe.

Les Fallen Angels, ou les anges déchus (Note : 13/20)

Risque : très élevé

On s’en sort avec les honneurs.

Nous savons que les marchés financiers ont tendance à trop accentuer les mouvements à la hausse comme à la baisse, en fonction du sentiment de marché. Dans un marché haussier (ou bull market), les cours s’envolent. Inversement, dans un marché baissier (ou bear market), le pessimisme ambiant peut (trop) punir les valeurs mal-aimées. 

Il existe donc une approche qui consiste à se focaliser sur les valeurs qui durant une année ont accusé les plus fortes baisses, afin de parier sur un rééquilibrage naturel du marché, qui les ferait rebondir. 

À la fin de l’année dernière, nous avions identifié quelques valeurs qui s’étaient envolées lors des confinements successifs, pour corriger tout aussi fortement en 2022, quand le monde s’est dé-confiné. 

Nous nous étions focalisés sur les actions de Docusign, tombée à 54 Dollars (en baisse de 83% en 2022) et de Wix, à 78 Dollars (en baisse de 78% en une année).

Le résultat est mixte, car l’action du premier a continué sa baisse, pour tomber à 46 Dollars (-15%). Alors que l’action du second a significativement rebondi, pour atteindre 105,50 Dollars aujourd’hui (+35%). Mais comme la hausse de Wix surpasse de beaucoup la baisse de Docusign, nous concluons que l’idée à fonctionné raisonnablement bien. 

Nous en profitons pour souligner à nouveau que la forte baisse d’une valeur boursière peut signifier une réaction trop émotionnelle du marché, en amont d’un rebond logique, une fois l’orage passé. Mais elle peut aussi tout simplement signifier que la société va moins bien, ne possède pas nécessairement d’avantages compétitifs et mérite donc pleinement une correction de sa valeur boursière … qui peut perdurer dans le temps !

L’action Crédit Suisse (1/20)

Risque : extrêmement élevé

Ah la boulette !

Heureusement que nous avions commencé notre exposé sur cette idée par : “Attention : cette suggestion ne s’adresse qu’à ceux qui n’ont pas peur de perdre leur chemise.”

Car allons droit au but, vous l’auriez perdu, votre chemise. 

Il y a douze mois, notre thèse était la suivante : la banque helvète avait été tellement mal gérée, et avait connu tellement de déboires, que son cours de bourse s’était logiquement effondré. Mais nous pensions que le énième remaniement de son équipe dirigeante allait enfin permettre à la banque de se stabiliser, de se recapitaliser et de retrouver le chemin de la rentabilité.

Ce qui aurait sans doute délivré un retour sur investissement important, à ceux qui avaient le courage d’acheter des actions à 2,73 francs suisses.

Sauf que dans la réalité, les erreurs de management ont continué et la détérioration des finances et de la réputation de la banque se sont accélérées. Forçant la banque centrale suisse à intervenir et à imposer la vente de Crédit Suisse à son voisin UBS en un week end et à la casse.

Les actionnaires ont reçu une seule action UBS contre 22,48 actions Crédit Suisse. Et ce n’est uniquement parce que les actionnaires de Crédit Suisse n’ont pas totalement tout perdu que nous nous accordons un point sur vingt.  

Notre moyenne : 12/20

En faisant la moyenne de nos notes, nous obtenons une moyenne générale de 12/20. Bien, mais pas extra-ordinaire.

Au-delà de vous avoir (peut-être) fait sourire, cette moyenne nous rappelle que l’investissement n’est pas une activité simple, et qu’il faut se méfier de convictions trop fortes ou d’idées qui semblent trop faciles ou belles pour être vraies.

C’est aussi un rappel qu’il faut toujours comparer rendement visé avec niveau de risque pris. 

Par ailleurs, nous vous rappelons que cet exercice est un peu faussé par la durée sur laquelle nous nous forçons d’évaluer nos recommandations. En effet, certaines de ces suggestions de placements ne sont pertinentes que sur des longues durées, alors que notre exercice nous oblige à constater le résultat de chaque investissement au bout de 12 mois.

Enfin, cela nous rappelle qu’on peut toujours mieux faire. Ce que nous tâcherons de faire en 2024 !

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