Dans “Retour vers le Futur 2” (pas le meilleur dans la série, on vous l’accorde), le personnage de Biff Tannen, le rival du personnage principal Marty Mac Fly, devient un homme richissime, grâce à des paris sportifs et des investissements en bourse, systématiquement gagnants. Facile pour lui, parce que — sans dévoiler toute l’histoire — il dispose de coupures de presse... du futur. Et connaît donc à l’avance les résultats de ses paris. Sans juger de la qualité du scénario du film, il a le mérite d’attirer l’attention des épargnants sur un enjeu de taille : le rendement d’un placement dépend du moment de son achat et de sa vente. Par conséquent, il est légitime de se demander si le timing de nos investissements peut être optimisé. Ou, pour utiliser un anglicisme jargonneux, s’il est possible de faire du market timing.
Le Market Timing pour maximiser les gains
Sans posséder une machine à voyager dans le temps, de nombreux investisseurs consacrent énormément de temps et d’efforts à l’identification des meilleurs moments pour acheter (ou vendre) leurs titres. Ceci dans le but de maximiser leurs gains, en achetant au plus bas, pour vendre au plus haut.
En théorie, le market timing peut significativement accroître les gains
Sur papier, cela a du sens.
Prenons le cas de l’indice boursier S&P 500, qui représente assez fidèlement l’évolution du marché actions américain en 2020. Un investisseur déjà investi au premier janvier, qui aurait tout simplement gardé sa position jusqu’au 31 décembre, malgré les corrections parfois violentes de la bourse au cours de l’année, aurait enregistré une performance très respectable de +17%.
Mais un investisseur dont la lecture du marché aurait été parfaite, et qui aurait donc décidé de tout vendre le 12 février, quand le marché était à son plus haut (3320 points), puis de racheter le 17 mars (aux alentours de 2447 points), quand le marché avait atteint son niveau plancher, aurait généré un gain de +58% !
Les effets du timing de marché se ressentent également sur des périodes courtes
Il se trouve que nous avons pris l’exemple du S&P 500 sur un an, mais nous aurions pu choisir l’exemple de l’action Tesla sur une durée de 5 jours.
Sur cette courte période, l’action a monté de 12%, mais un investisseur qui aurait acheté Tesla le 6 janvier, puis vendu au plus haut le 8 janvier, pour racheter les actions au matin du 12 janvier, aurait réalisé un gain de 21%.
“What’s not to like ?”
Malheureusement, personne ne peut timer le marché
Il est possible d’avoir de la chance, et d’acheter au plus bas ou de vendre au plus haut, peut-être plusieurs fois dans sa vie. Mais il est impossible de le faire systématiquement.
Une attention permanente requise, durant les horaires d’ouverture de marché
En réalité, c’est beaucoup plus facile de passer à côté des “meilleurs moments” que de les identifier. D’un point de vue pratique d’abord, rares sont ceux qui peuvent suivre en permanence la totalité des cours de bourse, et notamment les titres qui s’échangent sur les bourses étrangères. Il faudrait être debout très tôt pour faire l’ouverture de la séance à Tokyo, et se coucher très tard pour assister à la clôture du New York Stock Exchange.
Face à des ordinateurs, plus rapides et qui ne dorment jamais
Par ailleurs, même si vous y consacriez la totalité de votre temps, tous les jours où les marchés sont ouverts, afin de saisir les meilleurs moments d’achat et de vente, vous vous battez contre des ordinateurs ultra-puissants. Qui passeront leurs ordres de façon automatisée, à des vitesses inférieures à la micro-seconde — ce qu’on appelle le trading haute fréquence.
Les marchés ne sont que rarement rationnels
Ensuite, les analyses les plus rationnelles et sophistiquées du monde ne suffiront pas pour déterminer le moment optimal de vente. Car contrairement à une croyance populaire, les prix de marché ne reflètent pas systématiquement la valeur intrinsèque d’un actif. Comme le disait Keynes : “les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous ne resterez solvable.”
Et ce n’est pas tout : en essayant d’identifier les meilleurs moments pour effectuer leurs opérations d’achat et de vente, les investisseurs prennent en réalité de nombreux risques.
Le coût d’opportunité
Le premier risque est celui de passer à côté de belles performances, parce que l'investisseur a vendu trop tôt ou pas racheté assez vite (pour capter un rebond du marché). Une étude bien connue de la société de gestion Fidelity a démontré qu’en restant à l’écart du marché pendant les 5 journées de hausse les plus importantes, entre 1980 et 2018, un investisseur serait passé à côté de... 35% de la performance du marché sur la période ! Si l’on porte cette mesure aux 10 meilleures journées, le manque à gagner dépasserait la moitié de la performance totale. Enfin, si l’investisseur n’était pas investi durant les 50 meilleures sessions en bourse, il aurait obtenu moins du dixième de la performance de marché sur cette période de 38 ans.
Naturellement, nous pouvons inverser l’argument et souligner les pertes non-subies en évitant les 5, 10 ou 50 pires journées, mais cet argument nous semble moins pertinent, parce que l’investisseur "buy-and-hold" (qui achète pour détenir ses positions sur le long terme) sait et accepte d’avance qu’il y aura des variations tout au long du chemin.
Le coût opérationnel
Essayer de rentrer et de sortir du marché aux moments opportuns génère des frais importants. Au moins de deux façons. Premièrement, il va falloir vous équiper de moyens d’accès à l’information puissants. Lire Les Échos ou le Wall Street Journal ne suffira pas. Un terminal Bloomberg (du nom de l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, fondateur de la société éponyme) vous coûtera 2000 dollars par mois. Ensuite, vos ordres de vente et d’achat fréquents vont vous coûter cher. Si ces commissions de trading sont en baisse constante depuis des années, elles ne sont pas nulles, et rongent donc votre rendement net.
Le stress en plus
Garder en permanence un œil sur CNN et l’autre sur le Financial Times est émotionnellement éprouvant. Si les montées d’adrénaline que procurent certains mouvements de marché sont très intenses, on peut rapidement y devenir accro, et se retrouver à penser jour et nuit aux décisions qu’on aurait dû prendre.
L’alternative ? Le Dollar Cost Averaging, ou moyenner vos entrées
Le principe du Dollar Cost Averaging
Si l’on accepte que la stratégie du market timing est attractive sur le papier mais complexe, coûteuse et éprouvante dans la pratique, que faire si l’on souhaite investir efficacement ?
Comme il est impossible de prédire quand les marchés seront au plus haut, le seul moyen pour l’éviter est d’effectuer vos investissements au fil du temps. En procédant de la sorte, il y aura forcément des moments où l’achat se fera juste avant une correction à la baisse (donc à un “mauvais” moment), mais il y en aura d’autres où, au contraire, vous rentrerez sur le marché dans le creux de la vague, un moment “idéal”.
En moyenne, les deux phénomènes se neutraliseront, et comme sur des durées longues les marchés ont toujours monté, vous devriez bénéficier de cette tendance haussière. Cette approche porte un nom : le “dollar-cost-averaging”, qui se traduit par le moyennage de vos points d’entrées.
Bien dormir, tout en sachant que votre argent travaille pour vous
Cette stratégie est préconisée pour les investisseurs qui - tout en visant un rendement décent pour leur épargne - n’ont pas le temps de se consacrer à temps plein à la gestion de leur épargne. Elle convient à ceux qui souhaitent bien dormir la nuit, sans (trop) se soucier de leurs placements au quotidien. Attention, cette méthode d’investissement n’est pas sans risque, mais elle maximise les chances d’un rendement positif dans la durée, tout en minimisant la charge administrative et émotionnelle.
D’ailleurs, c’est pour cela que de nombreux spécialistes et conseillers financiers recommandent d’automatiser vos investissements, afin d’en assurer la régularité dans le temps. En mettant de côté une somme donnée tous les mois à la même date, placée - selon vos instructions - sur un portefeuille diversifié d’actifs, vous appliquez la stratégie à la lettre ! Compliquée ? Pas du tout ! Quelques clics suffisent sur l’application d’épargne Cashbee pour mettre en place ce type de virements automatiques, selon votre capacité d’épargne et votre profil de risque.
M’Abonner
Une sélection de nos meilleurs articles chaque mois, et un briefing hebdomadaire sur les marchés