Vous n’avez pas pu passer à côté : un nouveau modèle de Coronavirus se répand, et les mesures draconiennes prises par les autorités chinoises pour le contenir laissent penser que c’est du sérieux. Phénomène intéressant : les marchés aussi s’inquiètent. Le virus sera-t-il le déclencheur d'une (potentiellement forte) correction des marchés boursiers, ou s’agit-il d'une tempête dans un verre d’eau ?
Les marchés inébranlables au début de l’année
De nombreux économistes et analystes financiers ont pointé du doigt les valorisations (trop ?) élevés des marchés en général, estimant qu'après des hausses considérables en 2019, les actions et les obligations devaient naturellement repartir vers le bas.
Mais l’histoire a prouvé le contraire. L’assassinat du général Iranien Qasseim Soleimani par les Etats-Unis n’a pas suffit à faire sourciller les places boursières américaines. L’indice S&P 500 n'a pas bougé de plus d'1% par jour depuis plus de 3 mois, et ce malgré un risque d’escalade géopolitique majeur.
Le Coronavirus, facteur d'incertitude
Il est encore trop tôt pour dire si ce virus bousculera durablement l'économie mondiale, mais il constitue déjà un facteur suffisant pour faire bouger les marchés. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte.
Premièrement, les mesures de quarantaine drastiques mises en place pour minimiser la propagation du virus pèseront sans doute sur la consommation et donc sur l’économie locale. Rendez-vous compte : à l'heure où nous écrivons cet article c'est l'équivalent de 56 millions de personnes qui sont en quarantaine (La France en comporte 66 Millions). Ce ralentissement forcé de l'économie se fera d'autant plus ressentir que la période du nouvel an chinois est habituellement très dense. En 2019, il avait généré un chiffre d'affaire avoisinant les 1010 Milliards de Yuan (132 Milliards d'euros) sur la semaine de vacance nationale. L'impact du Coronavirus sur le seul secteur des transports se chiffre déjà en milliards.
Et il se trouve que la Chine est un des moteurs de l’économie mondiale. La fermeture de sites touristiques comme la Muraille de Chine ou Disneyland à Hong Kong et Shanghai, la fermeture de cinémas ou encore de tous les restaurants McDonalds dans de nombreuses grandes villes du pays vont peser sur la consommation et le tourisme chinois. Or il s’agit de l’une des rares économies au monde à connaître une croissance proche de 6% par an, qui constitue un marché important pour la plupart des grands groupes industriels, comme par exemple Apple, Coca Cola ou encore LVMH. Sans mauvais jeu de mot : quand la Chine tousse, le monde s'enrhume.
Par ailleurs la maladie s’est propagée au-delà des frontières Chinoises, avec des cas avérés aux US, en France, au Canada, en Australie at au Japon. Taiwan a d’ailleurs décidé de refuser l’entrée sur son territoire de tous les visiteurs en provenance de la Chine. Il est donc compréhensible que certains investisseurs se mettent à anticiper un ralentissement économique potentiel et concluent que le moment pourrait être venu d’alléger leurs portefeuilles.
Enfin, c’est justement lorsque les marchés ont connu une période de calme que le moindre déraillement peut engendrer des réactions plus nerveuses. Si de nombreux investisseurs on parié sur le fait que ce calme perdure, ils seront sans doute prompts à déboucler leurs positions « à la hausse » en cas de doute, et ce sont ces réactions qui peuvent (encore) précipiter la baisse des cours.
Sommes-nous à la veille d’un krach boursier ?
C’est la question à plusieurs milliards d'euros. Mais il n'y a pas encore de quoi paniquer.
Si l'on se réfère au précédent cas similaire, le SRAS, qui avait aussi démarré en Chine en 2003, on constate que son impact sur les marchés a été relativement bref. Cet impact est d'ailleurs d'autant plus difficile à détailler que le SRAS était contemporain de l'invasion de l'Irak par les États Unis.
Robert Carnell, économiste en chef d'ING Asie Pacifique explique : “ce qui a effrayé les gens à propos du SRAS, c'est le taux de mortalité... Les gens ne prenaient pas les transports publics, ne se rendaient pas au travail, ne fréquentaient pas les magasins, les restaurants, les cinémas, les conférences, etc. L'impact de la maladie a été massif sur l'économie, mais presque entièrement indirect, en raison du comportement préventif de la population”.
La situation est aujourd’hui similaire, mais nous ne souffrons plus de l’effet de surprise. La Chine est préparée à faire face et les efforts de contingence portent déjà leurs fruits : le rythme auquel progresse le virus diminue. À la fin du weekend, quelques 2500 cas d’infection avaient été enregistrés, résultant en 56 décès. Rappelons que le SRAS avait été totalement éradiqué en 6 mois, après avoir atteint un pic de 8 346 infections.
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