Joe Biden en tête, les leaders politiques ont annoncé de nouveaux objectifs ambitieux pour protéger la planète à l’occasion du sommet pour le climat. L’activiste Greta Turnberg leur demande de ne pas nous prendre pour des idiots. Qui croire ?
Des annonces fortes au sommet pour le climat
Les États-Unis donnent le rythme
À l’occasion de la journée de la Terre le 22 avril, le président américain Joe Biden a invité 40 de ses collègues à débattre sur le climat. Le débat s’est bien entendu fait par visioconférence, ce qui, au passage, a permis de diviser l’empreinte carbone associé à ce type de conférence par 82 selon une étude très sérieuse du Centre National de la gestion d’Émissions polonais.
Et les chefs d’Etats s'en sont donnés à cœur joie pour revoir à la hausse leurs objectifs de réduction de gaz à effets de serre. Biden frappe fort d’entrée de jeu. Obama avait promis de réduire les volumes d’émission de son pays de 27% par rapport aux niveaux de 2005 lors des accords de Paris ? Biden s’engage à réduire ce volume de 50% ou plus, d’ici 2030 !
Le Japon et le Canada annoncent à leur tour des objectifs de réduction d’émission significativement plus élevés. La Corée du Sud indique que ses banques étatiques ne financent déjà plus l’activité d’extraction de charbon. Et le fait que la Chine participe au sommet constitue en soi un signe fort, étant donné ses relations tendues avec les US. Elle en profite pour déclarer qu’elle commencera à réduire son recours à l’énergie du charbon d’ici 2025.
La transition énergétique stimulée par des plans d’investissement massifs
Mais au-delà d’annonces en forme de restrictions dans les industries polluantes, le sommet est aussi l’occasion de souligner les investissements considérables à venir dans des technologies vertueuses. L’énergie à l’hydrogène, les systèmes de capture de CO2, l’énergie solaire et les piles sont spécifiquement désignés comme des secteurs à très fort potentiel.
Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Les États-Unis vont, à eux seuls, déployer 1,9 trilliard de dollars dans l’infrastructure du pays, en visant précisément l’accélération de la transition énergétique et la réduction de l’empreinte carbone du pays.
Trop peu, trop tard ?
Il faut dire que les dirigeants politiques ne jouissent pas d’un bilan très glorieux en matière d’engagements environnementaux. Aucun des 197 signataires de l’accord de Paris ne s’est complètement conformé à ses engagements. Et l’objectif fixé en 2015 qui était de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C est déjà presque caduc.
Et même dans l’hypothèse où ils tiendraient ces nouveaux objectifs plus ambitieux, cela ne suffirait pas. Sans surprise, l’activiste Greta Thunberg souligne l’insuffisance des annonces. Et dans son style plutôt direct : “Let’s call out their bullshit” !
Les multinationales emboîtent le pas
La saine émulation dans le monde des affaires pour décarboner
Que les nouveaux engagements politiques soient tenus ou pas, il est intéressant d’observer qu’en parallèle des initiatives gouvernementales pour réduire le réchauffement climatique, un nombre croissant de sociétés privées affichent des ambitions sérieuses en la matière.
Ainsi, Apple, Google, Coca-Cola, Unilever et Walmart se sont engagés à réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 2005, d’ici 2030.
Deux jours avant le sommet sur le climat, 52 sociétés, dont Heineken, Telefonica et PepsiCo ont rejoint “The Climate Pledge” lancé par Amazon, via lequel les sociétés signataires promettent d’atteindre une empreinte carbone neutre en 2040. Et la prise de conscience s’étend à tous les domaines : Nestlé promet de produire ses KitKats de façon totalement neutre en carbone dès 2025, et Bouygues Construction va se doter d'un parc de 90% de véhicules verts d'ici 2030.
Que ce soit par crainte de réglementations et de mesures fiscales punitives, ou sous la pression de leurs actionnaires, de leurs clients et de leurs employés, il est clair que les dirigeants d’entreprises ne peuvent plus ignorer le sujet. S’ils ne sont pas déjà eux-mêmes convaincus qu’il est grand temps d’agir.
Les données extra-financières, de plus en plus exigées… et disponibles
Dans le domaine du reporting aussi, la donne a changé. Les actionnaires, les clients, les employés, tous veulent en savoir plus sur le positionnement écologique et sociétal de l’entreprise.
Ainsi, aujourd’hui 90% des sociétés faisant partie du S&P 500 publient des rapports sur leurs efforts en matière d’empreinte carbone. Ce pourcentage n’était que de 20% en 2011.
Le marché récompense les bons élèves
Miser sur les secteurs de la transition énergétique
Un investisseur rationnel, même s’il n’est lui-même pas convaincu des bienfaits de la lutte contre le réchauffement climatique, cherchera à investir dans les sociétés vertes car elles sont susceptibles d’attirer des investissements plus facilement. Ce qui devrait faire grimper son cours à terme.
À l’inverse, il aura peut-être envie d’alléger son exposition aux sociétés opérant dans des secteurs polluants. Ces dernières risquent de voir s’alourdir la réglementation qui contraint leurs activités. Et ce n’est jamais bon pour la marge.
Cynisme absolu ? Peut-être, mais la réallocation de capitaux, d’industries polluantes vers des secteurs respectueux de l’environnement n’est rien d’autre que de la saine gestion de portefeuille.
Ainsi, les annonces de plans de relance éco-responsables ont certainement contribué à l’envolée des cours de bourse de Fisker et de Greenpower Motor, deux spécialistes de la voiture électrique. La semaine dernière, leurs actions se sont adjugées 12,3% et 7,3 % respectivement. Sur la même période, le fabricant de panneaux solaires First Solar a vu le cours de son action grimper de 5,2%.
L’investissement responsable, une tendance irréversible et impactante
Dans ce contexte, l’investissement responsable devient alors un moteur puissant de la transition énergétique. Notamment sous l’effet du cercle vertueux qui implique de plus en plus d’investisseurs.
Premièrement, les épargnants sont de plus en plus nombreux à vouloir investir dans des sociétés favorisant la réduction de leurs empreintes carbone. Et, inversement, de moins placer dans des entreprises étant perçues comme polluantes. Les entreprises, dont le développement dépend des capitaux qui lui sont apportés, l’ont bien compris, et ont donc tout intérêt à s’engager dans la transition énergétique.
Deuxièmement, puisque les entreprises les plus performantes en matière de décarbonisation attirent le plus de capitaux (et les meilleurs employés et le plus grand nombre de clients), il fait sens pour tout investisseur, éco-responsable ou pas, d’augmenter son exposition vers des sociétés qui le sont. C’est le second effet kiss cool. La boule de neige prend forme.
En conclusion, ne nous laissons pas berner par les belles promesses des dirigeants politiques. Nous sommes encore très loin du compte, par rapport aux objectifs fixés en 2015 aux Accords de Paris. La pression reste nécessaire, l’urgence réelle, et comptons sur Greta pour nous le rappeler ! Mais reconnaissons l’effet de levier important que l’allocation de notre épargne peut jouer pour stimuler les comportements éco-responsables et les efforts de décarbonisation des entreprises. Placer son épargne sur des supports socialement responsables contribue autant (voire plus) à la transition énergétique que de manger moins de viande rouge, de faire le tri de ses ordures ou de troquer sa voiture pour son vélo. Et on peut le faire sans nécessairement gagner moins. Si vous ne savez pas comment, jetez un œil à notre site Cashbee !
M’Abonner
Une sélection de nos meilleurs articles chaque mois, et un briefing hebdomadaire sur les marchés