On en parle souve… bon ok, jamais. Sauf quand les marchés chahutent, comme c’est le cas aujourd’hui. Nous vous expliquons aujourd’hui ce qui se cache derrière l’allocation d’actif, un énième terme barbare qu’il peut s’avérer très utile de maîtriser.
DI-VER-SI-FIER
La diversification est une des règles d’or de l’investissement. Si vous investissez la totalité de vos fonds au même endroit, vous risquez de le sentir passer le jour où cet “endroit” décroche. Alors que si vous pariez une moindre somme à cinq endroits différents par exemple, vous devriez survivre à un petit choc occasionnel.
C’est exactement comme comparer un véhicule qui n’a qu’une roue et un véhicule qui en a huit. En cas de crevaison, le premier s’arrête tandis que l’autre peut encore rouler.
Un exemple de risque de concentration
Car les crevaisons arrivent toujours, au pire endroit et au pire moment ! Prenons un exemple récent. Les obligations Russes libellées en US Dollars étaient jusqu’à récemment parmi les placements les plus recherchés par les investisseurs spécialistes des marchés dits émergents.
Ainsi, la dette d’État russe à échéance 2043 s’échangeait à un prix proche de 140% du pair au début de l’année, et encore à 120% du pair juste avant le déclenchement des hostilités en Ukraine. En quelques jours, la valeur de ces titres, pourtant perçus comme relativement stables, est tombée à moins de 20%. Soit une chute de plus de 80% de leur valeur.
Si vous aviez tout misé sur les obligations Russes, vous êtes aujourd’hui très, très mal.
Les classes d’actifs
Une infinité de catégories d’investissement
Des placements, il en existe un très grand nombre. Les plus connus sont sans doute l’immobilier, les actions et les obligations. Mais on peut y ajouter les métaux précieux, comme l’or ou l’argent, les matières premières, comme le pétrole ou le gaz, ou encore les crypto-devises, comme le bitcoin. Plus ésotérique encore, il est possible d’investir dans l’art, le vin, les montres, les timbres, les boîtes de Lego … bref, vous avez compris.
Actions et/ou obligations
Mais traditionnellement on parle surtout d’actions et d’obligations. Parce que ces deux classes d’actifs existent depuis longtemps, sont relativement facilement accessibles, même pour des épargnants débutants. Par ailleurs, ils offrent l’avantage de s’échanger typiquement sur des marchés régulés, sur lesquels leurs prix s’affichent avec une grande transparence. Par opposition à votre Picasso ou votre Rolex, dont la valeur est plus difficile à estimer en continu.
Les deux types d’investissement se complètent bien. En simplifiant, les actions constituent une option de placement plutôt risquée mais qui peut rapporter gros, alors que les obligations permettent de placer l’épargne de façon plus prudente, pour un rendement plus modeste mais connu d’avance.
Bien sûr, nous venons de schématiser et de généraliser. Il existe des actions plutôt « pépères » comme par exemple Coca Cola, qui délivre des résultats financiers très prévisibles et stables d’une année sur l’autre. Inversement, il s’échange de nombreuses obligations à haut risque, typiquement émises par des sociétés ou même des pays dont la capacité de remboursement de la dette peut être mise en doute.
Mais dans l’ensemble, le débat sur l’allocation d’actifs commence par distinguer la partie des investissements qu’on souhaite placer sur les marchés actions, de celle qu’on souhaite attribuer aux obligations.
Quelle allocation idéale ?
La question à plusieurs milliards d’euros. La réponse, comme souvent, est « ça dépend ». Notamment de la durée anticipée de vos placements.
Si vous investissez pour plusieurs décennies, vous pouvez vous permettre de prendre plus de risques. Certes vous allez voir la valeur de votre portefeuille d’investissement fluctuer d’une année sur l’autre. Mais sur des durées très longues, historiquement, le marché action délivre, en moyenne, un meilleur rendement.
Par conséquent, l’allocation d’actif dépend donc aussi de votre âge. Plus vous êtes jeune et plus vous pouvez vous permettre de prendre de risques et donc d’investir en actions. Plus vous vous rapprochez de votre retraite, plus il est conseillé de basculer vers une proportion plus importante de placements plus sûrs, comme les obligations.
La fameuse allocation 60/40
On parle souvent de l’allocation 60/40, c’est-à-dire 60% d’investissement en actions, et 40% en obligations, mais il ne s’agit que d’une moyenne. Il est cependant pertinent de la connaître, même si le mix 60/40 ne fait pas sens pour vous !
Des flux prévisibles … et gigantesques
Car de nombreux investisseurs institutionnels, qui gèrent des montants colossaux le font selon cette ligne directrice. Et lorsque les marchés actions baissent fortement - comme cela a été le cas depuis le début de l’année - ces investisseurs sont obligés d’ajuster leurs allocations pour revenir à leur distribution cible : 60% en actions et 40% en obligations.
La banque d’affaires américaine JP Morgan estime que les fonds de pension américains doivent basculer 126 milliards de dollars de leurs placements obligataires vers des investissements en actions. L’énorme fonds de pension Japan Government Pension Investment Fund, qui gère les retraites des fonctionnaires au pays du soleil levant, pourrait transférer 40 milliards de dollars à lui tout seul, d’une classe d’actifs à l’autre. Le fonds souverain norvégien, qui investit les bénéfices de l’exploitation pétrolière pourrait ajouter 22 milliards de dollars de plus.
Ces rééquilibrages se font typiquement de façon trimestrielle. Et devraient donc s’exécuter d’ici la fin du mois de mars.
Une donnée à avoir en tête lorsqu’on évalue l’état de l’offre et de la demande pour une classe d’actif donnée.
L’allocation d’actif est une affaire personnelle mais cruciale
L’allocation d’actifs est donc un outil important dans la diversification de vos placements, mais également un facteur technique qui peut amplifier ou même impulser des tendances de marché. Il s’agit de la personnaliser et de la faire évoluer au fil du temps, selon vos objectifs financiers, goût pour le risque et votre âge. Enfin, précisions que dans toute allocation, il faut laisser une place pour l’épargne de précaution, mise de côté sur des supports sans risque et liquides. Cette poche vous permet de faire face aux imprévus de la vie, et de dormir tranquillement la nuit lorsque ça chahute sur les marchés financiers, en attendant que l’orage passe.
M’Abonner
Une sélection de nos meilleurs articles chaque mois, et un briefing hebdomadaire sur les marchés