Le job de trésorier n’a jamais été facile. Gérer les flux financiers d’une entreprise, s’assurer que la société dispose de suffisamment de cash pour payer les salaires et les factures à temps, briefer son directeur financier... Et voilà que l’équation se complique encore : les banques sont de plus en plus nombreuses à facturer les dépôts !
Où sont passés les comptes rémunérés ?
Les sites web des grandes banques de détail n’affichent plus la rémunération des solutions de placement pour les professionnels. Nous en avons contacté un certain nombre pour en savoir plus. Et les conversations se ressemblent :
Cashbee : “Bonjour, pourriez-vous nous indiquer les taux d’intérêt que vous proposez sur des comptes à terme, disons à 1 an ou à 18 mois ? Je n’ai pu trouver ces informations sur le site de votre banque.”
Conseiller : “Bonjour” [Silence gênant] “Euh, oui vous avez raison,.... je ne les trouve pas non plus, laissez-moi fouiller un peu, je vous recontacte”.
Le second échange donne quelque chose comme :
Conseiller : “Re-bonjour, je vous rappelle au sujet des comptes à terme. En fait, nous ne les proposons plus vraiment.” Certains vont plus loin : “Nous vous déconseillons d’en ouvrir chez nous”.
Cashbee : “Ah bon, pourquoi ? Pourriez-vous nous donner, à titre d’information, le taux d’intérêt proposé ?”.
Là, les réponses sont variées, mais soulignent clairement l’absence d’appétit des grandes banques traditionnelles pour les dépôts des entreprises.
Du taux négatif ou marginal, à l’absence d’offre
Le Crédit du Nord l’exprime le plus clairement. Il propose tout simplement un taux négatif de -0,40%. Dit autrement, si vous lui apportez votre trésorerie, il vous la facturera.
LCL et le Crédit Agricole délivrent un service minimum, en proposant un taux de 0,05%, quelle que soit la durée de votre dépôt. Aucune bonification de taux n’est proposée à ceux qui seraient prêts à déposer des fonds pendant plusieurs années.
Enfin, pour certaines, nous attendons toujours d’être rappelés…
Mais alors ?... Doit-on comprendre que les banques ne veulent plus des dépôts “corporate” ? En théorie, l’ouverture d’un compte (courant ou à terme) constitue pourtant la porte d’entrée à une relation commerciale plus large et profitable !
Des excédents de liquidités coûteux pour les banques
Nous y avons fait allusion régulièrement dans d’autres articles : les caisses des banques traditionnelles débordent de dépôts de tout genre. Elles collectent beaucoup plus d’argent qu’elles ne peuvent en déployer sous forme de prêts. Ces dépôts proviennent de clients particuliers, contraints et forcés d’épargner pendant les confinements récents, mais aussi d’entreprises et d’associations (personnes morales), peu enclines à investir ou à lancer de nouveaux projets dans un contexte aussi incertain.
Le dépôt à la BCE coûte cher
Et c’est là que la réglementation bancaire européenne entre en jeu. Les banques sont tenues de déposer leurs dépôts excédentaires à la Banque Centrale Européenne (BCE) tous les soirs. Cela ne posait pas de problème à l’époque où ces dépôts étaient rémunérés. Mais cela fait quelques années que la BCE applique un taux négatif à ces dépôts. Jusqu’à les rémunérer aujourd’hui… à -0,50% !
Le calcul est simple. 10 milliards d’euros de dépôts excédentaires coûtent 50 millions d’euros à une banque par an.
Les dépôts des entreprises moins intéressants que ceux des particuliers
Une affaire de granularité...
Le désamour des banques pour les dépôts est particulièrement fort à l’endroit des personnes morales. En effet, la trésorerie d’entreprise arrive typiquement par “blocs” — quelques dizaines de milliers d’euros pour les petits commerces, jusqu’à plusieurs millions pour les grandes entreprises. Ces sommes sont sans commune mesure avec celles que l’épargnant individuel moyen pourrait placer sur un livret par exemple.
En soi, le fait d’encaisser beaucoup d’argent d’un coup n’est pas forcément un problème. Mais le fait que ces dépôts disparaissent aussi en blocs l’est beaucoup plus. Et de ce point de vue aussi, la trésorerie d’entreprise est beaucoup moins “fidèle” et “collante” que les dépôts des clients personnes physiques.
Les banques préfèrent typiquement collecter des dépôts quand les choses vont moins bien, quand l’économie souffre, ou quand elles ont elles-mêmes plus de mal à lever du financement ailleurs (via les marchés obligataire ou interbancaire par exemple). Or c’est généralement dans ces conditions plus anxiogènes que les trésoriers d’entreprises ont besoin de leurs liquidités et qu’ils retirent leurs dépôts… par paquets de 10 millions.
Un traitement réglementaire moins favorable
La Banque de France connaît bien ces statistiques et ces mécanismes. Là où les dépôts individuels sont visqueux, les dépôts d’entreprises tendent à disparaître comme neige au soleil quand la situation économique se détériore.
L’autorité de tutelle des banques insiste donc pour que les banques disposent à tout instant de dépôts granulaires et collants en provenance de la clientèle de détail, là où elle se méfie des dépôts d’entreprises.
Moins utiles d’un point de vue réglementaire, coûteux d’un point de vue économique, il n’est donc pas étonnant de voir que les banques font tout pour éviter que la trésorerie des entreprises se retrouve dans leurs coffres-forts débordants. Toutes ? Non, car quelques banques résistent encore et toujours aux taux négatifs !
L’alternative existe
À la différence des grandes banques de détail, quelques banques spécialisées sont à la recherche de dépôts. Et sont donc prêtes à les rémunérer plus généreusement, en versant des intérêts sur les comptes à terme qu’elles proposent.
L’explication vient du fait que ces banques, dont notre banque partenaire My Money Bank, ne disposent pas de réseau d’agences. Leurs enseignes sont moins connues, et elles ne disposent pas de moyens naturels pour attirer les dépôts, dont elles ont pourtant besoin pour financer leurs activités de crédit.
Elles proposent donc aux personnes morales (et physiques) des rémunérations, faibles certes, mais qui ont au moins le mérite d’être positives, et supérieures à la moyenne du marché.
Typiquement, les taux proposés augmentent avec l’échéance d’un compte à terme (sa durée), qui s’étend de 6 mois à 5 ans. Certaines de ces banques proposent par ailleurs une certaine flexibilité à leurs clients, en leur permettant de casser les comptes à terme à tout instant mais de bénéficier tout de même d’une partie du taux proposé. Si l’aventure vous tente, jetez un œil à Cashbee Pro !
Pour résumer, il y a de bonnes raisons pour lesquelles les grandes banques repoussent la trésorerie d’entreprise, mais il existe encore des opportunités pour la rémunérer !
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