L'impact négatif de la dissolution sur les marchés financiers

Jun 10, 2024

Suite aux élections européennes, où les partis d’extrême droite ont reçu plus du double des votes que son parti, Renaissance, le président de la République Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale et d'appeler à de nouvelles élections législatives. Au-delà du branle-bas de combat que cela cause dans le monde politique, cette annonce a eu un effet immédiat et négatif sur les marchés financiers. Ce qui impacte vos portefeuilles de placement et mérite donc qu’on s’y penche.

Les marchés financiers n’aiment pas l’incertitude

C’est une généralité banale, mais qu’il convient de rappeler : les marchés financiers détestent l’incertitude. Un principe que les Anglais aiment résumer par “Shoot first and ask questions later” (ou “Tirer d’abord et poser des questions après). En cas d’instabilité et de manque de visibilité, ce principe veut que l’on vende ses positions risquées en actions ou en obligations de longue durée, pour se reporter sur des actifs sûrs et liquides. En attendant que l’orage passe et que le ciel s’éclaircit.

Cela explique sans doute la baisse de l’euro face au Dollar américain. Notre devise perd 0,4% et tombe à $ 1,075 par euro, reflétant sans doute des flux de change d’investisseurs préférant se mettre à l’abri en Dollars et qui ont donc vendu leurs positions en Euros au bénéfice du billet vert.

L’incertitude sur les politiques économiques à venir

Les résultats des élections européennes furent largement en ligne avec les pronostics et les sondages. Les partis d’extrême droite ont fortement progressé dans la plupart des pays européens, mais ce ne fut pas une véritable surprise pour la plupart des analystes politiques. Donc d’où vient le sentiment d’incertitude ?

Elle vient des doutes que les épargnants ont au sujet des politiques économiques, fiscales et monétaires qui seront adoptées par les parlementaires fraîchement élus. La crainte existe que les élus d’extrême droite pourraient favoriser un relâchement budgétaire. Ce qui creuserait le déficit budgétaire et augmenterait l’endettement, déjà colossal, en Europe. Par ailleurs, ces partis favorisent tous la consommation nationale, ce qui pourrait peser sur les échanges commerciaux entre pays Européens, et avec le reste de monde. Ce qui serait de nature à freiner l’activité économique et à ralentir la croissance.

Or, les investisseurs agissent par anticipation. Si le risque de voir un ralentissement économique dans les trimestres à venir augmente, alors il est prudent de vendre maintenant. Ce qui se traduit par une baisse des cours des actions et une hausse des rendements sur les obligations d’État. Car en vendant des obligations, on en fait baisser le prix. Et quand le prix d’une obligation baisse, son rendement augmente.

Ainsi, l’indice Eurostoxx 600, qui combine les 600 plus importantes capitalisations boursières en Europe, accuse une baisse de 0,6% dès l’ouverture du marché ce lundi, et le rendement du Bund à 10 ans (l’obligation de l’État Allemand) augmente de 0,03% pour atteindre 2,64%.

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Une incertitude amplifiée en France

L’impact négatif sur les marchés financiers a été amplifié en France, dans la prolongation de la décision du Président Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale. Ainsi, l’ensemble des 40 valeurs constitutives du CAC 40, l’indice phare de la bourse de Paris, a ouvert en baisse, l’indice chutant de 1,9%.

Au sein de l’indice, les institutions financières accusent particulièrement le coup, le prix des actions du Crédit Agricole, de BNP Paribas et de la Société Générale baissant de 5% ou plus.

Pour les obligations d’État, même combat. Le rendement de l’OAT à 10 ans augmente de 0,08%, pour atteindre 3,18%. Autrement dit, la France, pour s’endetter auprès d’investisseurs institutionnels, doit désormais payer 0,54% de plus d’intérêts que nos voisins allemands.

Cette prime vis-à-vis de l’Allemagne traduit le fait que les investisseurs font (modérément) moins confiance à la France de pouvoir (ou vouloir) rembourser ses dettes. Car “le marché” s’inquiétait déjà de la capacité de la France à retrouver une certaine rigueur budgétaire. 

Le gouvernement actuel - et notamment le Ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire - a promis de réduire le déficit budgétaire de l’actuel 5,5% du Produit National Brut à 3%. Ce qui semblait être un objectif très ambitieux. À tel point d’ailleurs que l’agence de notation S&P avait décidé d’abaisser la note de la France d’un cran AA à AA-. Si la France entamait une période de cohabitation, cet objectif s’éloignerait sans doute un peu plus. 

Et maintenant ?

Nous le disons souvent, et on préfère se répéter, nous n’avons pas de boule de cristal donc il nous est impossible de prédire l’avenir.

Néanmoins, le principe du “shoot first and ask questions later” conduit à des mouvements de vente quasi-instinctifs, qui ont tendance à être de courte durée, avant que les marchés financiers retrouvent une certaine stabilité, puis, potentiellement, un rebond.

Mais la situation politique française est aujourd’hui particulièrement délicate, inédite et incertaine. Aucun parti de droite ou de gauche ne semble vouloir s’allier avec le parti du Président, pour “faire bloc” contre l’extrême droite. Les partis de gauche pourront-ils trouver un accord, malgré leurs divergences politiques ? Enfin, le soutien populaire des partis d’extrême droite va-t-il tenir (ou même s’amplifier) ? Devant tant d’incertitudes, il est probable que les marchés financiers restent volatils, en attente de plus de clarté.

En cela, les marchés ne font que refléter un souhait sans doute partagé par une grande partie de la population.

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