Une analyse récente, publiée par le société de conseil en investissement Oxford Risk conclue que les investisseurs perdent en moyenne 3% par ans à cause de décisions prises sous l’effet de l’émotion. Ce manque à gagner peut même atteindre 6 à 7% en périodes de stress élevé, comme en ce moment. Mais alors pourquoi fait-on autant de conneries avec notre argent ? Et comment les éviter ?
Portrait robot d'une mauvaise décision
Nous prenons de mauvaises décisions quand nos actions ne reflètent pas notre philosophie de placement. Si vous avez décidé de placer à 8 ou 10 ans, il est souvent périlleux de prendre des décisions tous les mois. Ces mauvaises décisions sont le plus souvent actées en période de crise, quand le risque de perte est plus important. Les investisseurs choisissent alors de liquider des positions à long terme pour mettre du cash à l'abri. Sauf que de telles ventes 1. cristallisent des pertes et 2. empêchent de bénéficier de l'effet de rebond (s'il y en a un).
À l'inverse, une mauvaise décision pourrait aussi être de laisser son épargne dormir — plutôt que de le placer — et ce, alors que vos ambitions pointent toutes vers l'investissement. Mais Dieu sait que l’environnement actuel ne donne pas très envie : le COVID continue de faire des ravages, beaucoup de spécialistes pensent que les cours sont très (trop ?) élevés, alors pourquoi investir maintenant ?
Alors j'achète ? J'achète pas ? Je vends ? Je vends pas ? Nous ne vous donnerons pas la réponse dans cet article, mais nous vous aiderons peut-être à éviter les pièges de votre cerveau.
Les 6 biais psychologiques qui nous font prendre les mauvaises décisions
Plusieurs facteurs psychologiques entrent en jeu, qui, ensemble, exercent une influence néfaste sur notre capacité à prendre les décisions rationnelles.
1. L’aversion à la perte
Si je vous pose la question : vous préférez gagner A. 50€ ou B. 100€ puis en perdre 50€, il y a de grandes chances pour que j'obtienne une majorité de réponses A. Ce qui n'est pas logique puisqu'en réalité je vous propose dans les deux cas 50€. Il ne devrait pas y avoir de différence. Sauf que voilà, le cerveau humain est ainsi fait qu'il déteste la perspective de perdre de l'argent, même dans de faibles quantités ou très rarement. C'est un biais très fort qui nous pousse la plupart du temps à prendre des décisions "raisonnables" mais qui nous fait aussi passer à côté de belles opportunités.
Dans la même logique, puisque nous détestons l'idée de perdre, nous préférons parfois garder des mauvaises positions (par fierté ou par espoir que ça remonte) plutôt que d'assumer et de passer à autre chose.
2. Le biais de familiarité
Nous pensons mieux comprendre ce qui nous entoure : les produits que nous utilisons au quotidien, les marques dont nous entendons parler régulièrement au vingt heures... Nous avons donc tendance, de façon consciente ou pas, à privilégier les placements dans des entreprises que nous connaissons. Ce biais, qu'on appelle le biais de familiarité, coûte parfois très cher. Ce n'est pas parce qu'une société passe à la télé que sa santé est bonne.
Ainsi, un investisseur européen qui aurait choisi de limiter ses placements aux 50 plus grosses entreprises cotées en Europe (via l’Eurostoxx 50) aurait perdu 6% de son capital en 5 ans, passant à côté des 66% de hausse du marché américain sur la même période (en prenant l’indice S&P500 comme référence).
3. L’excès de confiance
Un grand nombre d’épargnants, y compris les plus expérimentés, tombent dans le piège de la surestimation de leur expertise financière. Ils donnent alors trop de poids à leur intuition (souvent exprimée comme leur “expertise”). Or, quand les marchés sont volatils, et notamment quand ils corrigent fortement, leur intuition leur suggère d’agir, typiquement dans le mauvais sens.
Dans la même veine, on peut parler de l'illusion dite "de la main chaude" (en anglais : hot hand fallacy). Si un basketteur marque deux paniers d'affilé, les spectateurs vont anticiper qu'il mettra forcément le troisième "parce qu'il est chaud", ce qui évidemment n'a aucun fondement scientifique. Un investisseur qui fait deux ou trois bons coups dans une courte période de temps va avoir tendance à se dire qu'il est "sur une belle lancée" et fera probablement une bourde.
4. Le biais de récence
En effet, l’être humain a tendance à accorder proportionnellement beaucoup (trop) de poids aux événements récents et à extrapoler cette tendance sur le long terme. Dit autrement, quand les marchés crashent, les investisseurs se comportent comme si la baisse allait perdurer à l’infini. C’est en tout cas la conclusion à laquelle sont arrivés les chercheurs en science comportementale de la société d’analyse financière Morningstar.
5. Le besoin de faire
En lien avec les points précédents, en cas de danger (perçu ou réel) ou d’incertitude, l’humain retourne rapidement à son besoin fondamental de se protéger. Qui se traduit par le désir d’agir, profondément ancré dans notre psychologie. En vendant des bouts ou la totalité de notre portefeuille (celui que nous avions constitué avec beaucoup de réflexion), nous avons le sentiment d’être en contrôle car "au moins je ne reste pas à attendre que ça me tombe dessus". Le fait de vendre ses positions a un effet calmant. Mais ces ventes se font souvent au pire moment, et cristallisent des pertes.
Pire, la liquidation des positions feront que lorsque les marchés repartent à la hausse, nous n’en profiterons pas. C’est ce comportement qui a poussé Jack Bogle, le légendaire fondateur de la société de gestion Vanguard à conseiller à sa clientèle de petits épargnants de “Don’t do something, just stand there” (“N’agissez surtout pas, restez plantés là”).
6. La fixation sur le court terme
Nous vivons à une époque où l'info est accessible en continu, et partout. Depuis votre smartphone vous pouvez suivre à la seconde les évolutions de vos placements. Et ce n'est pas toujours pour le mieux. La sophistication des applis de trading et des plateformes digitales donnent une importance importante aux micro-fluctuations de marché, ce qui nous pousse à raisonner à court terme. Selon une étude récente par le gestionnaire d’actifs BMO, 20% des investisseurs consultent la valeur de leurs placements au moins une fois par jour. Et plus la fréquence à laquelle ils vérifient leurs portefeuilles augmente, plus ils sont susceptibles de prendre des décisions impulsives.
Dit autrement, plus vous êtes fixé sur le court terme, plus il est probable que vous “passiez à l’action” pour modifier la composition de votre portefeuille en temps de crise. Nous signalons au passage que ces intermédiaires gagnent leur vie sur la quantité d’ordres d’achat et de vente qu’ils exécutent pour leurs clients… Ne tombez pas dans le panneau.
Comment résister à la tentation ?
Pouvons-nous vaincre nos émotions et rester rationnel dans la gestion de notre épargne ? Ce n’est pas évident, mais quelques pratiques saines peuvent nous aider.
Rappel de la thèse d’investissement de départ
Premièrement, il est important de régulièrement se souvenir du raisonnement qui nous a conduit à faire tel ou tel investissement. Notamment avant de vendre ! Imaginons que vous ayez acheté des actions LVMH parce que vous estimiez que ce leader dans le domaine du luxe allait continuer à dégager de fortes marges en bénéficiant d’une image de marque exceptionnelle. Posez-vous la question de savoir si votre thèse d’investissement a fondamentalement changé avec l’apparition du virus, avant de vous débarrasser de ces actions.
Rédiger les raisons justifiant la décision (de vendre)
Cette pratique présente trois avantages :
- Elle vous force à poser votre raisonnement sur papier. Si les mots ne viennent pas, alors c’est peut-être un signal que la décision que vous êtes en train de prendre est impulsive, plus que réfléchie ;
- Gardez vos écrits précieusement. Dans le futur, vous pourrez y revenir, vous relire et constater si oui ou non votre raisonnement était valide et ainsi affiner votre expertise ;
- La rédaction va vous prendre quelques minutes au moins. Ce lapse de temps peut suffire pour permettre à l’émotion de retomber et à la raison de reprendre le dessus. Ce qui nous amène au point suivant !
S’imposer un temps de réflexion
C’est la meilleure façon pour ne pas céder aux émotions et aux impulsions instinctives. Le vieil adage “la nuit porte conseil” peut être une bonne règle à adopter, c’est-à-dire s’interdir d’exécuter un ordre de vente ou d’achat le jour même où l’idée vous vient.
Une autre technique tout aussi efficace consiste à regarder les cours de bourse et la valeur de son portefeuille uniquement le samedi. Deux avantages : en ne faisant vos comptes qu’une fois par semaine vous réduisez le risque de la fixation sur le court terme, et tout ajustement de votre portefeuille devra attendre au moins 24 heures, les ordres de bourse n’étant pas exécutés durant le weekend.
Détourner son attention
Si l’ergonomie et les fonctionnalités des applis de trading font tout pour nous faire craquer, nous disposons de quelques moyens pour nous protéger de nos impulsions. Ainsi, puisque notre nature nous force à privilégier l’action à l’inaction, trouvez-vous une autre activité quand la panique boursière vous saisit. Profitez de votre envie de “faire” pour vous lancer dans la paperasse administrative et (enfin) organiser vos comptes. Vous satisferez ce besoin de contrôle que votre esprit recherche, sans toucher à votre portefeuille.
Toutes ces techniques sont utiles, mais — il faut le dire — plus faciles à lister dans un article qu’à adopter dans la vraie vie.
La gestion pilotée
De deux choses l’une. Soit vous êtes confiant(e) dans votre capacité à gérer vos émotions au moment de la prise de décision, car vous vous y connaissez en finance… mieux encore : vous aimez ça. Soit vous faites partie de la très grande majorité, pour qui s’occuper de ses finances et de son épargne est une corvée administrative, dont vous vous passeriez bien. Car non seulement cette tâche vous prend du temps, mais elle est en plus génératrice de stress.
Si vous êtes dans la première catégorie et qu'éplucher les analyses financières des entreprises côtées en bourse est votre petit plaisir, dans ce cas-là, cet article ne contient probablement aucune idée utile pour vous. Si vous êtes dans l'autre camp : sachez que la gestion pilotée a été inventée pour vous.
En gestion pilotée, l’épargnant confie son épargne à des experts. Ces derniers s’occupent de la placer et de la “piloter”, contre une commission. Mais pas n’importe comment ! Ils doivent tenir compte de vos connaissances en finance, de votre appétit pour le risque et de la durée de temps (probable) de votre placement. Ils doivent aussi tenir compte de vos préférences et convictions, et opérer au sein des limites que vous aurez préalablement établies.
C’est pour cela que nous avons créé Cashbee+, un contrat assurance vie sous gestion pilotée auquel nos utilisateurs peuvent souscrire depuis leurs smartphones en quelques minutes. Les experts de notre partenaire Generali gèrent l’épargne qu’ils nous confient, selon des thématiques choisies par l’utilisateur : Climat, Tech, Inclusion ou encore Impact. Sachant que l’ensemble des produits proposés respectent les critères ISR (Investissements Socialement Responsables). Car pour nous, rechercher la rentabilité et donner un sens à son épargne doivent aller ensemble.
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