Profiter de l'élection (possible) de Trump. Quels investissements ?

Jul 19, 2024

Quelles seraient les stratégies d’investissement qui permettent de profiter d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche?

S’il y a un moment où un investisseur pourrait vouloir prendre des positions visant à profiter de l'élection de Donald Trump, ce moment est probablement très proche. Bien que nous soyons nous-mêmes relativement sceptiques quant à la pertinence de “trader” sur des élections présidentielles, nous nous penchons malgré tout sur le sujet.

Le moment de prendre position sur les élections présidentielles est arrivé (probablement)

Lors du premier débat télévisé, le président actuel Joe Biden est apparu fatigué, confus et radotant. Par contraste, juste après avoir été blessé à l’oreille par un tireur embusqué, le candidat républicain Donald Trump, s’est montré rageur, le poing levé. 

Dans le prolongement de ces deux événements, la probabilité que le président Biden soit réélu a chuté de 15%, pour tomber à moins de 20% selon RealClearPolitics. De la même façon, les sondages indiquent que dans les États américains où les électeurs vacillent - les fameux Swing States - Donald Trump l’emporterait dans la grande majorité des cas.

En bref, dans la course à la Maison Blanche, Trump est aujourd’hui très clairement le favori.

OK, it is what it is. Comment se positionner dans les marchés financiers pour en profiter ? C’est quoi le bon plan ? Quelle(s) stratégies pour profiter d’un retour de Trump à la tête des États-Unis ?

Inspirons-nous de la première présidence de Trump

Oui, nous en sommes conscients : la performance passée d’un actif n’est pas un indicateur fiable de sa performance future. Mais quand même, souvenons-nous de la performance des marchés financiers après que Trump ait accédé à la présidence en 2016. 

Nous avions alors assisté au Trump rally.

Source : Financial Times, S&P Capital IQ

Qu’est- ce qui explique cette hausse du marché boursier ?

Trump avait notamment promis de : 

  • réduire l’imposition des sociétés,
  • minimiser l’intervention de l’État dans l’économie,

sans trop se soucier du financement de ses mesures, et donc en creusant le déficit public.

Sur le premier point, promesse tenue par l’adoption du Tax Cuts and Jobs Act en 2017.

Cela a bénéficié à l’économie américaine (et certains diraient même, à l’économie mondiale), et a donc généré une surperformance de la bourse américaine par rapport à ses concurrentes étrangères.

Et la politique de l’administration Trump a profité à certains secteurs plus que d’autres. Voyons cela de plus près.

Qui a le plus profité de la hausse du marché ?

Le secteur financier fut clairement gagnant, les investisseurs anticipant la dérégulation d’un secteur très supervisé et encadré. Et le pari a payé, car Trump a bien signé le Economic Growth, Regulatory Relief and Consumer Protection Act en 2018, qui a significativement allégé la réglementation s’appliquant aux banques.

Le secteur industriel n’est pas très loin derrière, soulignant sans doute la tendance de Donald Trump à favoriser les entreprises américaines et ses initiatives protectionnistes, pour protéger le marché américain des importations étrangères.

Les deux facteurs, la déréglementation et le protectionnisme, font de nouveau partie de la politique économique envisagée en cas de victoire.

Les Trump Trades du passé, à considérer pour 2024 ?

Le bon coups financiers, ou plutôt les stratégies d’investissement qui ont fonctionné et qu’il aurait fallu adopter en 2016, avec le bénéfice de l’histoire sont donc : 

  • d’avoir privilégié les placements en actions américaines, plutôt que dans d’autres régions du monde ;
  • d’avoir sélectionné les valeurs financières et toute entreprise américaine bénéficiant d’une augmentation des barrières protectionnistes. 

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What is different (qu’est-ce qui a changé) ?

Avant d’anticiper une répétition du scénario 2016 / 2018, penchons-nous aussi sur les différences significatives du contexte économique et de marché. 

Les valorisations boursières ont beaucoup monté

En novembre 2016, les actions de sociétés américaines s’échangeaient (en moyenne) à un multiple en ligne avec sa moyenne historique, c’est-à-dire à environ 17 fois les revenus futurs. 

En huit ans, le marché américain a beaucoup monté. Sous Biden, l’indice phare de la bourse de New York, le S&P 500 a monté de 45%. Il s’échange désormais à 22 fois les revenus futurs. Cela ne veut pas dire que le retournement est proche, ni certain, mais force est de constater que le point de départ est tout simplement plus haut. Les cours de bourse peuvent-ils encore monter ?

Le cycle de taux est inversé

Dans les trimestres qui ont suivi l’élection de Trump, la banque centrale américaine, la Federal Reserve, a augmenté ses taux directeurs à plusieurs reprises. Aujourd’hui, ces taux directeurs sont à un point haut (5,25% à 5,50%), et il est largement anticipé que la Fed va entamer son cycle de baisse des taux dans les mois à venir, sa bataille contre l’inflation ayant été efficace et victorieuse.

Typiquement, les réductions de taux stimulent l’activité économique (il devient moins cher pour les entreprises comme pour les individus d’emprunter), ce qui pourrait avoir un effet bénéfique sur les marchés financiers et les valorisations boursières.

Le déficit budgétaire, déjà gigantesque, peut-il être creusé d’avantage ?

Pour nous, c’est la clé de la réflexion à mener. L’office du budget du Congrès américain estime que le déficit des États-Unis pourrait atteindre 1,9 trilliard de Dollars en 2024, soit le double de 2019. Or en augmentant sa dette, (1) le coût de celle-ci devient de plus en plus important pour le pays et (2) l’emprunteur - ici les USA - doit toujours trouver plus d’investisseurs, prêts à la financer.

Et quand les investisseurs obligataires décident qu’ils ne font plus confiance à l’emprunteur, la situation financière de ce dernier peut se détériorer très rapidement. 

Ce n’est pas un scénario purement théorique : quand la première ministre britannique Liz Truss a annoncé un programme économique jugé financièrement irresponsable, les investisseurs se sont détournés massivement et rapidement des emprunts d’Etats britanniques, causant une montée en flèche des taux d’emprunt du pays et forçant la démission de Mme Truss et de son gouvernement en quelques jours. 

Autrement dit, le marché obligataire pourrait contraindre le prochain président des États-Unis, qu’il soit démocrate ou républicain, à resserrer les reines budgétaires.

Bref, le contextes boursiers, de taux et budgétaires sont aujourd’hui radicalement différents par rapport à 2016. Répliquer les “Trump trades” qui ont marché en 2016 n’est donc pas garant de succès.

Quelques idées d’investissement

Nous n’avons pas de boule de cristal, et nous le répétons, nous ne sommes pas de grands fans de prises de position (c’est-à-dire de parier) sur l’issue d’élections politiques. Ceci dit, il nous semble que les investisseurs peuvent tenir compte de certaines tendances probables, dans le cas où Trump retournerait à la Maison Blanche en novembre.

America first

La préférence nationale et les barrières protectionnistes favoriseraient les entreprises américaines. Si l’on croit à ce scénario, il s’agira donc d’identifier les secteurs qui bénéficieront le plus de la tendance isolationniste (potentiellement) à venir.

La plateforme Seeking Alpha recommande cinq secteurs, avec une valeur spécifique par secteur, comme suit : 

  • L’acier et les métaux, via Carpenter Technology Corporation
  • L’énergie, via Western Midstream Partners
  • La construction, via Argan, Inc
  • La banque, via Wells Fargo & Company
  • La défense, via L3Harris

Dans le prolongement de la même thématique, il est probable que les politiques tarifaires viseraient notamment le concurrent chinois. Les entreprises chinoises dont l’activité dépend fortement d’exportations vers les USA risquent donc de souffrir.

Le retour possible de l’inflation ?

C’est l’idée de Calvin Tse, le patron de la stratégie macroéconomique de BNP Paribas. Selon lui, le programme économique de Trump sera inflationniste. Les barrières tarifaires et le déficit budgétaire stimuleront l’inflation. Un nouveau président de la Fed, nommé par Trump et plus accommodant, pourrait laisser cette inflation monter. Donc, toujours selon Tse, la courbe des taux américaine devrait se pentifier, c’est-à-dire que les taux à long terme devraient monter plus que les taux à court terme.

Un investisseur qui adhère à cette logique pourrait donc s’intéresser aux stratégies de placement qui jouent la pentification (possible) de la courbe des taux aux US.

Miser sur l’incertitude géopolitique ?

Nous savons que Trump fait régulièrement des déclarations brutales et des annonces aussi fortes que surprenantes. Qu’elles soient suivies de réelles mesures ou pas, ces annonces ont tendance à bousculer les marchés. Il n’y a qu’à observer la forte chute des valeurs dans l’industrie des semi-conducteurs et des puces électroniques, depuis ses déclarations au sujet de la défense militaire de Taiwan vis-à-vis de la menace chinoise.

On peut donc s’attendre à une volatilité plus importante sur les marchés financiers si Trump était réélu.

Ce qui augmenterait l’attrait des valeurs refuge comme l’or. Alors attention, il se trouve que l’or s’échange actuellement à un prix record d’environ 2 500 Dollars l’once. Cela notamment sous l’effet d’achats importants de métal jaune par les banques centrales (dont certaines, de façon intéressante, souhaitent détenir une proportion plus importante de leurs réserves en or, au lieu d’US Dollars, afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de la devise américaine).

Il n'est donc pas certain qu’après avoir monté de 20% depuis le début de l’année, le cours de l’or puisse poursuivre son ascension. Mais c’est un placement refuge, qui a historiquement résisté quand ça tangue !

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