Epargner en s'amusant

Aug 26, 2021

Un jeu d’esprit, d’analyse, et de sang-froid

Soyons clairs, quand on parle d’argent et d’épargne (surtout de la vôtre !), la rigueur et la prudence s’imposent. L’enjeu est trop important pour ne pas y procéder de façon réfléchie et en confiance. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est interdit de prendre plaisir en épargnant, de s’amuser en investissant. Bref, de reconnaître que - par certains aspects - l’épargne peut être ludique et donc de l’appréhender comme un jeu. Épargner peut alors devenir un hobby, plutôt qu'une charge administrative, pénible et chronophage !

Écartons-nous des jeux de hasard

Attention, épargner n’a rien avoir avec les jeux de hasard. La bourse n’est ni un loto, ni un casino, où l’on mise sur les chiffres de sa date de naissance. Car au casino, les probabilités de gains sont en faveur de la maison.* Dit autrement, sur des durées longues, les joueurs au casino sont statistiquement assurés de perdre de l’argent.  

Pour l’épargne c’est tout le contraire. L’objectif de ce “jeu” consiste à générer le plus haut rendement possible pour un niveau de risque donné. Il s’agit bien d’un jeu rationnel. Pour y gagner, il va falloir se creuser les méninges, collecter des indices et déployer son sang froid pour arriver au but.

Décider sur la base d'informations incomplètes

Le côté ludique de l’épargne naît du fait qu’il faut régulièrement prendre des décisions, sans jamais disposer d’informations complètes. C’est un peu comme au poker. On peut calculer la probabilité de gain de la main que l’on tient, mais il est impossible de prédire avec exactitude l’issue de la partie. Puisque celle-ci dépend des cartes des autres joueurs, de votre goût du risque et du leur (qui bluffe ?), des cartes à découvrir aux tours d’enchères suivants… Le jeu consiste donc à prendre la meilleure décision possible - se coucher, suivre ou relancer - sur la base d’informations forcément incomplètes.

Pour l’épargnant c’est pareil. Avant de placer de l’argent, il s’agit d’analyser la probabilité de gain sur la base des informations disponibles. Prenons un exemple. Imaginons le personnage de Bob Fortune, épargnant de son état. Nous sommes en 2017, et Bob s’intéresse au constructeur d’avion Boeing. L’activité du transport aérien est en plein boom, un bon point de départ, car cela stimule la demande des compagnies aériennes. Le secteur est dominé par Boeing et Airbus, sans craintes de nouveaux entrants. Autre bon point. Une lecture des comptes annuels de Boeing ne provoque pas d’alertes rouges. D’ailleurs bon nombre d’analystes bancaires recommandent le titre à l’achat. Au poker, Bob se serait félicité d’avoir une “bonne main”.

Et dans un premier temps, cette analyse s’avère correcte : de 2017 jusqu’à la fin de 2019, le cours de bourse de Boeing fait plus que doubler, pour passer de 155 à 325 dollars par action. Mais lorsque le virus du COVID se propage au premier trimestre 2020, et que le monde se confine, l’aviation se met à l’arrêt. Impossible à prévoir, le virus fait chuter l’action Boeing dont le cours tombe à 141 dollars en avril 2020. Bob avait un brelan de valets, mais a été battu par une quinte flush !

Mais le phénomène inverse existe aussi. Car en 1998, Bob avait également identifié les achats en ligne comme un secteur potentiellement attractif. Une toute petite société avait attiré son attention. Même si celle-ci était alors établie dans des bureaux plutôt modestes, l’ambition sans bornes de son fondateur, un certain Jeff Bezos, l’avait convaincu. Bob a donc investi une partie de son épargne dans des actions d’Amazon, à 15 dollars l’unité. Aujourd’hui, elles valent plus de 3300, soit 220 fois plus !


L’épargne est un “jeu” à part

Trois caractéristiques de l’épargne la rendent particulièrement intéressante et ludique à nos yeux : ce n’est pas un jeu à somme nulle, le nombre de joueurs se compte en dizaines de millions à travers le monde, et ses règles se réinventent tous les jours.

Plus de gagnants que de perdants

La Française des Jeux avait trouvé une formule percutante à propos du loto dont “100% des gagnants avaient tenté leur chance”. Détournant ainsi avec esprit le fait que statistiquement, vous n’avez qu’une chance sur 20 millions environ de gagner le gros lot, et que seuls 17% des combinaisons sont gagnantes. Ce qui revient à constater que dans 83% des cas, les joueurs perdent leurs mises.

Dans le monde de l’épargne, c’est l’inverse. Sur des durées longues, les marchés actions montent : la valeur totale des investissements augmente dans le temps. Il suffit d’observer la tendance haussière de la bourse américaine depuis le début des années 80 pour s’en convaincre.

L'évolution de l'indice S&P 500

Ainsi, les gains des uns ne viennent pas forcément des pertes des autres, c’est la taille du gâteau qui augmente progressivement. Il y a donc de la place pour une majorité de gagnants !

Des millions de participants, de tous niveaux

Nous sommes des millions à placer notre épargne. Certains en font leur métier, d’autres y consacrent la plupart de leur temps libre. Pour un très grand nombre, c’est un passe-temps occasionnel. Mais toujours est-il qu’il s’agit d’une activité pour laquelle on peut comparer sa performance par rapport à celle des autres ou encore par rapport à la moyenne (qui serait représentée par un indice boursier par exemple). Et, comme aux échecs, on apprend de ses erreurs et on s’améliore en s’inspirant des stratégies déployées par les meilleurs, librement disponibles sur internet. 

Dans le monde sportif, l’épargne se rapproche ainsi plus de la course à pied. On peut pratiquer ce sport avec plaisir, à tout âge et à des niveaux d’intensité différents. Ceux qui font un jogging dans le parc tous les weekends peuvent en tirer autant de plaisir que les marathoniens. Et, chacun à son niveau, peut se fixer des objectifs et s’améliorer dans le temps. Que ce soit pour l’épargnant prudent, pour qui l’objectif principal est de préserver son capital, jusqu’à celui en quête d’adrénaline et qui vise un rendement significatif, mais qui doit alors être prêt à perdre une partie conséquente de sa mise.

Se mesurer à soi-même, plus que contre les autres

Le but de l’épargnant n’est pas tant de battre les autres, mais plutôt d’améliorer ses performances personnelles. De la même façon que la plupart des runners ne cherchent pas à établir un nouveau record du monde au marathon, mais de maintenir ou d’améliorer leurs performances en termes de distance parcourue et de vitesse moyenne.

Et pour bien souligner combien l'épargne est un jeu collaboratif, rien n'interdit de se faire aider afin d'atteindre son but. Par des "joueurs" plus expérimentés ou des outils conçus précisément pour vous aider à vous améliorer dans le domaine, comme l'application Cashbee par exemple.

Un renouvellement incessant

Dernière caractéristique distincte : le jeu de l’épargne se réinvente tous les jours. 

Au Cluedo, le nombre de combinaisons possibles est finalement limité (... “Le meurtrier est le Colonel Moutarde, dans la bibliothèque, avec le poignard”). À force de jouer beaucoup au Risk, les joueurs devinent assez rapidement les objectifs des autres (“Ah, tu veux conquérir l’Europe et l’Afrique”). Il est donc possible de se lasser de ces jeux.

En matière d’épargne, le contexte évolue tous les jours. Pour ne prendre que quelques exemples, le comportement des consommateurs, l’actualité politique, le contexte sanitaire, et les facteurs climatiques changent en permanence. Ces changements multiples et incessants influent sur la valeur des placements, et créent de nouvelles opportunités, mais aussi des dangers potentiels.

Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut ajuster l’allocation de votre épargne fréquemment. La patience et le sang-froid s’avèrent souvent payants sur le long terme. Mais cela implique tout simplement que ce “jeu” évolue dans le temps et que l’on peut y jouer toute sa vie, en sachant que ce qui a bien fonctionné dans le passé ne sera pas nécessairement la stratégie gagnante aujourd’hui.

*En effet, en misant sur le rouge à la roulette, vous doublez votre mise initiale si la bille termine sur un chiffre de cette couleur. Or, comme le chiffre zéro n’est ni rouge, ni noir, vous n’avez que 18 chances sur 37 d’avoir raison, soit un peu moins d’une chance sur deux.

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