Que faire en cas de récession?

Aug 25, 2022

Où que l’on regarde, les nouvelles sont plutôt moroses. Les banques centrales en Europe et aux US augmentent leurs taux directeurs, l’inflation est en hausse, les bourses ont fortement corrigé depuis le début de l’année et la situation géo-politique reste très tendue, notamment en Ukraine, mais aussi à Taiwan. Sans surprise, la confiance des ménages dégringole.

Pris séparément, un de ces facteurs ne suffirait pas pour indiquer une récession économique. Mais ensemble, ils peuvent faire craindre qu’une récession économique est imminente, voire qu’elle est peut-être déjà en cours.

La bonne nouvelle est que les récessions font partie du cycle économique naturel. Mais elles sont anxiogènes et rendent le placement de votre épargne plus complexe. Il n’est donc pas inutile de se poser la question de comment s’y préparer au mieux.

C’est quoi une récession ?

Nous en avons déjà parlé ici. En résumé, il existe plusieurs définitions de ce que constitue une récession, mais il est généralement accepté qu’il y a récession lorsqu’un pays connaît au moins deux trimestres consécutifs de décroissance économique.

Vous vous souvenez sans doute de la courte récession de 2020, suite aux confinements, ou encore de celle, plus longue de 2008 et 2009, lors de la Crise Financière.

Une récession résulte donc d’une réduction significative de l’activité économique. Ses signes distinctifs incluent une baisse de la confiance des consommateurs, de la production industrielle, de l’emploi.

Note importante : ce n’est pas parce que les marchés financiers baissent fortement que nous serions en récession. Leur évolution, à la hausse comme à la baisse, n’entre pas en ligne de compte dans sa définition. En revanche, une récession peut tout à fait causer la chute de la bourse (sans que cela soit nécessairement le cas).

Combien de temps durent les récessions ? 

En moyenne, une récession dure environ 11 mois selon le National Bureau of Economic Research, qui en a analysé une dizaine depuis 1950, avec un écart allant de 8 à 18 mois. Elles peuvent être plus ou moins sévères, comme nous avons pu le constater en 2008, avec la Crise Financière, ou lors de la Grande Dépression de 1929. Mais même dans ces cas extrêmes, les marchés financiers ont toujours fini par rebondir. Tout comme l’économie.

Dans le cas de la Crise Financière, cela a pris 4 ans pour que le Dow Jones, l’indice phare des marchés actions américains, retrouve son niveau d’avant, après avoir touché un plus bas en 2009. En 2020, après une chute brutale de 35% en quelques semaines, causée par la pandémie, ce même indice remonte tellement vite qu’il finit l’année en légère hausse !

Donc durant les récessions il y avait des gains à réaliser, pour ceux qui ont continué d’investir avec régularité !

À quoi faut-il s’attendre durant une récession ?

Généralement, les entreprises réduisent leurs embauches. Certaines pourraient même procéder à des réductions d’effectifs, et ainsi pousser le chômage à la hausse.

Les consommateurs dépensent moins, parce que leur pouvoir d’achat diminue. Mais aussi parce que le contexte général devient plus anxiogène, et que la prudence s’impose. La dette nationale a tendance à s'accroître, afin de financer différents plans de relance et de venir en aide aux plus démunis.

Les actions et d’autres placements financiers peuvent perdre de la valeur, sous l’effet de la loi de l’offre et de la demande, et ainsi se transformer d'un "bull market" en un "bear market". Les ventes d’actifs financiers sont stimulées par des investisseurs ayant besoin de cash, ou qui ont tout simplement perdu confiance. La demande souffre également de cette baisse de confiance (ou encore du sentiment qu’il vaut mieux attendre avant d’acheter, en espérant pouvoir profiter d’un prix plus bas dans le futur).

Ces tendances vont bien sûr évoluer lorsque l’économie se stabilise, puis retrouve la croissance.

Comment se préparer à une récession ?

Ce n’est pas parce que vous savez qu’historiquement toutes les récessions ont été suivies par une croissance économique encore plus forte que cela rend la perspective d’y faire face à nouveau plus facile. Mais il existe quelques techniques simples pour s’y préparer de façon optimale.

1. Constituez votre épargne de précaution

Pour nos lecteurs fidèles, ce sera déjà fait. Car nous vous bassinons avec cette recommandation depuis des années. Quelque soit l’environnement économique, mais peut-être encore plus en période de récession, il est crucial de se constituer cette réserve d’argent pour la dépense imprévue, le fameux coup dur. Typiquement, cette réserve d’urgence doit être égale à 3 à 6 mois de salaire, selon votre situation personnelle.

Si, à cause de la détérioration économique, vous vous retrouvez au chômage, cette épargne vous permettra de tenir, le temps de vous retourner et de retrouver un emploi. Évidemment, cette poche d’argent ne doit être ni bloquée - car vous pouvez en avoir besoin en urgence - ni être à risque. Hors de question de la placer en bitcoin, pour découvrir que le jour où vous en avez besoin, le bitcoin a perdu plus de la moitié de sa valeur !

Si le montant visé pour cette épargne de précaution vous semble difficile à atteindre, pas de stress. Fixez-vous un objectif intermédiaire (par exemple 1000 euros) et mettez en place des petits virements quotidiens, hebdomadaires ou mensuels, vers un livret rémunéré. En effet, de nombreuses études montrent qu’il est beaucoup plus facile d’épargner lorsque l’effort pour mettre de côté est automatisé.

Si vous ne savez pas quel livret rémunéré choisir, Cashbee peut vous aider. Il se trouve que nous proposons un des livrets les mieux rémunérés de la place !

2. Surveillez / Réduisez vos dépenses

Si vous n’avez pas encore budgété vos dépenses, ce serait peut-être le moment de le faire. Revoyez l’ensemble de vos dépenses, en scrutant notamment tous les prélèvements automatiques et vos abonnements. Avez-vous réellement besoin de Netflix et de Canal+ ? Est-il possible de réduire votre facture mensuelle de votre smartphone en changeant d’opérateur ? Est-ce que le Venti Latté à 6,50 euros est vraiment indispensable tous les matins ?

De nombreux experts recommandent d’adopter la règle des 50/30/20, où la moitié de vos revenus sont consacrés aux besoins essentiels (loyer, nourriture, électricité, etc.), 30 pour cent aux désirs (abonnement Deezer, sorties entre amis, voyages, …) et 20 pour cent sont mis de côté. Si vous n’avez jamais budgétisé votre vie financière, cette règle peut être un très bon point de départ. Quelque soit la méthode que vous finissez par adopter, la clé est de s’assurer que la totalité de vos dépenses soit inférieure à vos revenus et que vous mettiez de côté une partie de vos revenus. D’abord pour vous constituer la fameuse épargne de précaution, puis pour placer cette épargne de façon judicieuse à plus long terme.

3. Ne paniquez pas

Si vous avez suivi les deux conseils précédents, aucune raison de paniquer, même si les nouvelles vous paraissent désastreuses et que l’ambiance est morose. C’est contre-intuitif, car il est tentant de se faire happer pour les discours alarmistes qui passent en boucle sur les chaînes d’info en continu. Mais souvenez-vous, vous disposez de votre poche d’urgence en cas de besoin, et vous savez que les récessions ont une fin.

Céder à la panique et vendre vos placements, pourtant initialement si soigneusement sélectionnés pour leur espérance de gain sur le long terme, parce que ça tangue sur le court terme, n’est pas rationnel. Et souvent une bonne façon pour vendre des investissements lorsque ceux-ci s’échangent à des valorisations particulièrement déprimées.

Pour vous aider, essayez de ne pas suivre l’actualité financière en continu. Bien sûr, il est important de rester informé des grandes tendances, mais avoir les yeux rivés sur l’évolution des cours de bourse en temps réel risque d’impacter négativement votre capacité à prendre des décisions mûries et rationnelles.

4. Préservez / Instaurez des contributions régulières

Là aussi, il s’agit d’une recommandation que nous faisons depuis longue date, et cela sans tenir compte des conditions de marché générales. Mais le fait de (continuer à) faire des investissements de façon régulière est une méthode de placement (appelée “Dollar Cost Averaging", ou la technique de la moyenne d’achat) probablement encore plus puissante durant les récessions. 

Pour au moins deux raisons. Premièrement, investir durant une phase baissière des marchés permet aux investisseurs de bénéficier de ce qui correspond à des soldes sur les actions. Oui, cela peut être stressant d’acheter quand de nombreux autres vendent, mais sur une durée longue, ces achats vous permettent d’acquérir des actifs à des prix plus bas qu’avant. 

Prenons un exemple concret. Imaginons que vous avez décidé d’investir 50 euros par mois dans un fonds répliquant l’indice américain S&P 500 en mars 2006, deux ans avant le creux de la vague de la Crise Financière. Si vous n’avez pas touché à ce placement et poursuivi vos achats mensuels, vous auriez disposé de plus de 12 000 euros en mars 2018 (dividendes réinvestis). Cela correspond à une performance de 70%, soit un gain de 5000 euros.

Évidemment, votre performance aurait été meilleure si vous aviez vendu au plus haut, pour réinvestir au plus bas. Mais essayer de timer le marché est très compliqué (nous pensons même que c’est impossible) et vous pouvez passer à côté de performances positives, si vous loupez les points d’entrée favorables.

Sur une période de 20 ans, une analyse par la maison de courtage Charles Schwab a démontré qu’un investisseur qui aurait retiré son capital du marché et ainsi raté les 10 meilleurs jours de hausse des marchés aurait réduit la performance de son portefeuille de presque 50 % !

Inversement, sur des durées aussi longues, les gains annuels du marché actions US est égal à environ 8%.

La conclusion

Personne ne peut prédire quand une récession débute et quand elle prendra fin, mais tout le monde peut s’y préparer. Les marchés financiers montent, baissent, puis remontent. Mais historiquement, chaque récession a été suivie par une période de croissance économique. S’y préparer maintenant peut vous permettre de résister dans la tempête, et de bénéficier au mieux de la situation économique quand elle s’améliorera.

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